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Missions-suicides Vs attentats-suicides

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Message par Citizenkan Mer 18 Nov - 18:36



Missions-suicides Vs attentats-suicides

(Partie 1)


Voir : Attentat-suicide ; Crime ou martyre du Sheïkh Abd el Mâlik Ramadhânî


Les légistes parlent de missions-suicides pour les actions opérationnelles visant à fondre seul sur l’ennemi en surnombre, avec très peu de chance d’en réchapper vivant ; le volontaire pèse les risques de son action et a conscience de son sacrifice. Plusieurs textes corroborent cette pratique.


Parmi les preuves textuelles du Coran, nous avons notamment :


• [Allah a acheté les âmes des croyants et leurs richesses en échange du Paradis, s’ils tuent et se font tuer sur Son sentier].[1]


En exégèse à ce Verset, Abû ‘Abd Allah el Qurtubî souligne : « Le sacrifice intervient quand l’intérêt de la nation est en jeu : faire triompher la religion d’Allah, avilir la mécréance. Allah vante les vertus des croyants engagés dans cette noble initiative à travers Ses dires : [Allah a acheté les âmes des croyants].[2] Bien des Versets font les éloges du sacrifice. C’est à la lumière de cette explication que nous devons appréhender la question sous l’angle de la morale religieuse (ordonner le bien et interdire le mal). Autrement dit, sacrifier sa vie dans l’intérêt de la religion offre les plus hauts degrés du martyre. »[3]


• [D’autres hommes offrent leur vie en quête de l’Agrément d’Allah, et Allah est Compatissant envers Ses serviteurs].[4]


• (Mobilisez pour les hostilités toutes les forces dont vous disposez, et tous les chevaux en réserve afin d’effrayer l’ennemi d’Allah et le vôtre).[5] L’argument est de dire que les opérations-martyres ont pour vocation d’instaurer la terreur dans le cœur de l’ennemi, tout comme le réclame ce Verset.


Parmi les preuves textuelles de la sunna, nous avons notamment :


• D’après Muslim, selon Suhaïb, le Messager d’Allah (r) a dit : « Un roi qui vivait dans les temps anciens avait dans sa cour un sorcier, qui, devenu vieux, lui fit la requête : « j’ai pris de l’âge, alors trouve-moi un apprenti afin que je lui transmette mon expérience ! »


Le roi lui fit envoyer un jeune apprenti à qui il transmit son savoir. Sur le chemin qui le menait à son maitre, ce dernier croisait un moine chez qui il restait un moment. À chaque fois, il arrivait en retard chez le sorcier qui le frappait pour le punir. Las, il s’en plaignit à l’ascète qui lui suggéra une astuce :

« Si tu crains le sorcier à l’aller, dis-lui que ta famille t’a retardée, et si tu crains ta famille au retour, dis-lui que le sorcier t’a retardé. »

Il adopta cette astuce jusqu’au jour où une bête immense se tint en travers du chemin et bloquait la route aux passants. Il pensa qu’enfin vint le jour où il découvrira qui du sorcier ou du moine était le meilleur. Il prit une pierre et pria : « Ô Allah, si Tu préfères le moine au sorcier, alors tue cette bête afin qu’elle laisse le passage aux gens ! » Il lança son projectile qui tua la bête, et les gens purent enfin reprendre leur chemin.

Il se rendit ensuite chez le moine pour lui raconter l’évènement.


« Mon fils, lui répondit-il, Tu m’as dépassé et mes yeux peuvent voir ce que tu es devenu, mais sache que tu seras éprouvé ! Et, quand ce jour viendra, tu ne devras pas leur dire un mot sur moi. »


L’enfant guérissait l’aveugle et le lépreux ; il remettait sur pied les maladies de toute sorte. Ses prouesses parvinrent aux oreilles d’un aveugle parmi l’entourage du roi et qui décida de se rendre chez lui. Il emporta avec lui de nombreux présents qu’il déposa devant lui avant de prendre la parole : « Tout ceci est à toi si tu réussis à me rendre la vue !

Moi, je ne guéris personne, mais c’est Allah qui guérit ! Si tu donnes foi en Lui, alors je L’invoquerais afin qu’Il te guérisse ! »

Il donna foi en Allah qui lui rendit la vue. De retour chez le roi, il reprit sa place habituelle, ce qui ne l’empêcha pas d’aviver sa curiosité : « Qui t’a rendu la vue ?

Mon Seigneur !
Tu as un autre seigneur que moi ?
Oui, c’est Mon Seigneur et le Tiens ! »


Fou de colère, il lui fit avouer sous la torture où se trouvait l’enfant. Il ordonna qu’on le fasse comparaitre, et une fois devant lui, il lui lança : « Mon fils, ton pouvoir est devenu si puissant que tu guéris l’aveugle et le lépreux, etc.

Moi, je ne guéris personne, mais c’est Allah qui guérit ! »

Fou de colère, il lui fit avouer sous la torture où se trouvait le moine. Il ordonna qu’on le fasse comparaitre, et une fois devant lui, il lui lança : « Renonce à ta religion ! » Comme il répondit par la négation, une scie fut apportée sur ordre du roi, et placée sur son crâne. Quand l’ordre fut donné, il fut découpé en deux.

Ensuite, ce fut le tour à l’ancien aveugle à qui on ordonna : « Renonce à ta religion ! » Il répondit également par un non, une scie fut apportée sur ordre du roi, et placée sur son crâne. Quand l’ordre fut donné, il fut découpé en deux.

Puis, vint le tour du garçon qui fut également sommé : « Renonce à ta religion !

Jamais, fustigea-t-il !

Le roi le remit aux mains de ses hommes et ordonna : « Amenez-le à telle montagne et faites-le monter au sommet. Une fois en haut, sommez-lui de renoncer à sa religion, et s’il refuse, alors jetez-le dans le vide ! »

Le groupe exécuta les ordres, et le fit grimper sur la cime d’où le garçon s’écria : « Ô Allah ! Sauve-moi de leurs mains à Ta façon ! »

La montagne se mit alors à trembler et fit tomber tous ses gardiens. Il marcha sur ses talons et se présenta à nouveau devant le roi qui s’étonna : « Où sont tes gardiens ?

Allah m’a sauvé de leurs mains ! »

Il fut mis entre les mains d’une nouvelle escorte : « Amenez-le à la mer, enjoignit le roi, et empruntez une barque pour vous rendre au large. Quand vous y serez, dites-lui de renoncer à sa religion, et s’il refuse, alors jetez-le à la mer. »

Les gardes firent à la lettre les instructions du roi. Au large, l’enfant s’écria : « Ô Allah ! Sauve-moi de leurs mains à Ta façon ! »

La barque se mit à chavirer et tous les gardiens se noyèrent. Il retourna chez le roi qui s’étonna : « Où sont tes gardiens ?

Allah m’a sauvé de leurs mains ! Puis, il enchaina : tu ne peux me tuer sauf si tu suis mes instructions.
Et quelles sont-elles ?
Fais réunir tes sujets sur une grande place, et crucifie-moi sur un tronc. Ensuite, prends une flèche de mon carquois et arme ton arc. Après cela, prononce : au Nom d’Allah, le Seigneur de l’enfant. Puis, prend-moi pour cible, et tu pourras me tuer, si tu suis biens mes instructions. »

Le roi suivit les instructions à la lettre, et devant une foule rassemblée sur une grande place, il prit une flèche du carquois de l’enfant qu’il avait crucifié sur un tronc, et arma son arc, avant de prononcer : au Nom d’Allah, le Seigneur de l’enfant. La flèche partit et atteignit l’enfant en pleine tempe. Le condamné posa la main sur sa tempe, à l’endroit où il avait été touché, et rendit l’âme.

La foule fut subjuguée devant la scène et s’écria d’une seule voix : « Nous donnons foi au Seigneur de l’enfant ! Nous donnons foi au Seigneur de l’enfant ! Nous donnons foi au Seigneur de l’enfant ! »


L’un des sujets accourut vers le roi pour lui faire part du danger : « Il s’est passé exactement ce que tu craignais ! Comme tu peux le voir, tous ces hommes et ses femmes ont en même temps donné foi à Dieu ! »


Le souverain fit creuser, à l’entrée des routes, des fosses dans lesquelles s’élevaient d’immenses bûchers. « Jetez-y – ou brûlez-y – quiconque ne veut pas renoncer à sa religion, cria le roi ! » Tout le monde y passait, jusqu’au moment où vint le tour d’une femme qui portait une enfant dans ses bras, ce qui la fit hésiter à se sacrifier. Son enfant prit alors la parole pour lui dire : « Mère, redouble de patience, car tu es sur la vérité » »[6]


Ibn Taïmiya tire les conclusions de cette histoire : « Elle nous apprend notamment que l’enfant orchestra sa propre mort en vue de faire triompher la religion. Les Imâms des quatre écoles canoniques en déduisent que pour l’intérêt supérieur de la nation, il est permis en temps de guerre de fondre sur les troupes ennemies, avec la quasi-certitude de ne pas en réchapper vivant. Nous avons développé la question en détail ailleurs. Elle pivote autour du guerrier qui s’engage dans une action dont il prévoit une issue fatale, mais à l’avantage des forces musulmanes. Le suicide est certes pire que le meurtre en temps normal, mais nous sommes dans un cas de force majeure ; et à fortiori, toute action qui entraine la mort d’une tierce personne, dans l’intérêt supérieur des musulmans ; et dans la mesure où il n’y a pas d’autres moyens de repousser l’ennemi dont l’ambition est de mettre à mal la religion et les richesses. »[7]


Parmi les annales des anciens, nous avons notamment :


• D’après ibn Abî Shaïba et el Baïhaqî, avec une chaine narrative authentique, selon Midrak ibn ‘Awf el Ahmasî, un jour que je me trouvais chez ‘Omar, il reçut un émissaire de e-Nu’mân ibn Muqarrin, et prit des nouvelles de ses sujets. On lui donna les noms des victimes à la bataille de Nahâwand : « Un tel est mort, un tel est mort, etc., et le reste on ne connait pas leurs noms.

Allah connait leurs noms, répliqua ‘Omar !
Il y avait aussi cet homme qui a sacrifié sa vie, en parlant de ‘Awf ibn Abî Haïya Abû el Shabîl el Ahmasî.
Par Allah, Prince des croyants, c’est mon oncle, lança ‘Awf el Ahmasî ! Certains prétendent qu’il a provoqué sa perte de ses propres mains.
Ils mentent ! Il compte plutôt parmi ceux qui troquent la vie d’ici-bas contre celle de l’au-delà.
Lorsqu’il fut touché d’une flèche, raconta Ismâ’îl – qui n’est autre qu’ibn Abî Khâlid –il était en état de jeûne ; il refusa l’eau qu’on lui tendait et supporta la douleur jusqu’à la mort. »[8]


• Selon Aslam ibn ‘Imrân e-Tujîbî, lors du siège de Constantinople, une partie importante de la garnison romaine sortit des murs pour nous affronter. Nous envoyâmes un détachement aussi, voire plus nombreux qu’eux. ‘Uqba ibn ‘Âmir était à la tête des Égyptiens, et Fudhâla ibn ‘Ubaïd était à la tête des nôtres, les auxiliaires médinois. Un guerrier sortit des rangs et s’enfonça à toute allure dans l’armée d’en face. Surpris, nos combattants s’écrièrent : « Gloire à Allah, il provoque sa perte de ses propres mains ! »

Hé vous ! Écoutez-moi tous, héla Abû Ayyûb qui venait de se lever ! C’est l’interprétation que vous vous faites de ce Verset, et pourtant, il fut révélé à notre attention, nous les ansârs. C’était à l’époque où Allah fit triompher la religion et ses adeptes qui devenaient de plus en plus nombreux. Nous nous sommes alors dit entre nous et à l’insu du Messager d’Allah (r) : « Nos sommes ruinés, et Allah a fait triompher la religion et ses adeptes sont de plus en plus nombreux, alors récupérons les richesses que nous avons perdues. » Allah révéla alors à Son Prophète (r) en vue de nous réfuter : [Dépensez pour la cause d’Allah et ne provoquez pas votre perte de vos propres mains].[9] La « perte » en question était de prendre soin et de faire fructifier nos richesses aux dépens du djihâd !

Depuis ce jour, Abû Ayyûb ne lâcha plus le djihâd sur le sentier d’Allah ; il mourut sur le champ de bataille et fut enterré en terre romaine.[10]


San’ânî commente : « Pour certains savants, cette annale vient appuyer la tendance selon laquelle un seul homme peut se jeter sur les rangs ennemis, avec la quasi-certitude de ne pas en réchapper… »[11]


• Dans ce registre, nous avons l’histoire d’el Barâ ibn Mâlik (t) qui prit part à la bataille d’el Yamâma quand Musaïlama l’imposteur se retrancha avec ses hommes dans une forteresse solidement verrouillée. Elle paraissait imprenable jusqu’à ce qu’el Barâ eut l’ingénieuse idée de se faire propulser à l’intérieur afin d’ouvrir ses portes.


D’après el Baïhaqî, selon Mohammed ibn Sirîn, l’expédition fut confrontée à un mur derrière les portes duquel un groupe de païens s’était barricadé. El Barâ ibn Mâlik (t) monta sur un bouclier et demanda à ses frères d’armes de le hisser avec leur lance pour le jeter par-dessus le mur. Quand ils le rejoignirent, Il en avait déjà éliminé dix dans le camp adverse.[12]


D’après Khalîfa ibn Khiyyât, selon Anas ibn Mâlik, el Barâ se jeta sur eux et les repoussa jusqu’au ce qu’il parvint à ouvrir les portes, non sans périls. Il résista et fut atteint à quatre-vingts reprises à coup de flèches et d’épées. Il fut ramené au camp où il fut soigné. Khâlid veilla à son chevet un mois durant, le temps qu’il se rétablisse.[13]


Traduit par : Karim Zentici

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[1] Le repentir ; 111

[2] Le repentir ; 111

[3] El jâmi’ li ahkâm el Qur-ân (2/363).

[4] La vache ; 207

[5] Le butin ; 60

[6] Rapporté par Muslim (3005).

[7] Majmû’ el fatâwâ (28/540).

[8] Rapporté par ibn Abî Shaïba (33789) et el Baïhaqî (9/46).

[9] La vache ; 195

[10] Rapporté par Abû Dâwûd (2512), Tirmidhî (2972), et authentifié par el Albânî dans silsila e-sahîha (nº 13).

[11] Subûl e-salâm (4/51).

[12] Rapporté par el Baïhaqî (9/44).

[13] Voir le târikh de Khalîfa ibn Khiyyât (p. 109) ; pour lire plus de textes sur le sujet, voir : mashâri’ el ashwâq ilâ masâri’ el ‘ushshâq (2/522) d’ibn Nahhâs.
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Message par Citizenkan Jeu 19 Nov - 21:09



Missions-suicides Vs attentats-suicides

(Partie 2)


Voir : Attentat-suicide ; Crime ou martyre du Sheïkh Abd el Mâlik Ramadhânî


Le regard des savants sur ces arguments


[1- Les textes coraniques]


Les textes coraniques cités précédemment font référence à un cadre bien précis, et qui consiste à terroriser l’ennemi, et à lui causer des pertes. C’est ce que nous dit en substance le v. 60 de la s. le butin : (afin d’effrayer l’ennemi d’Allah et le vôtre).[1]


Ainsi, si une telle initiative (fondre sur le camp adverse) ne produit pas les effets escomptés, et qu’au contraire, elle donne le bâton à l’ennemi pour se faire battre davantage, et affaiblir nos défenses, elle n’a plus lieu d’être. Les légistes l’autorisent sous certaines conditions, non dans l’absolu. Ibn Nahhâs, qui est l’un de ceux s’étant le plus étendu sur la chose y consacre un chapitre dont le titre est révélateur : Les vertus de fondre sur l’ennemi pour un homme seul ou un petit groupe face à une armée en surnombre, en vue de gagner le martyre et de causer le maximum de pertes.


Mohammed ibn el Hasan e-Shaïbânî, le disciple d’Abû Hanîfa – qu’Allah leur fasse miséricorde – conforte cette tendance : « Quand on fond sur l’ennemi, on contribue au triomphe de la religion dans l’esprit de s’offrir le martyre et les délices d’une vie éternelle. Il est aberrant de penser qu’on provoque sa perte de ses propres mains… » Plus loin, il enchaine : « Néanmoins, quand une telle initiative ne cause, à coup sûr, aucune perte, elle perd toute sa pertinence, car en rien, elle ne contribue au triomphe de la religion. Cela revient à se donner inutilement la mort, ce que condamne littéralement le Coran : [Ne vous tuez pas].[2] »[3]


Nous avons vu également plus haut, en exégèse au v. 111 de la s. le repentir, un passage d’el Qurtubî dans lequel il défend le caractère pertinent d’un tel sacrifice quand le but est de, je cite : « faire triompher la religion d’Allah, avilir la mécréance… »[4]


Pour appuyer ses dires, Qurtubî relate la tendance d’ibn Khuwaïz Mindâd, un auteur malékite, dont voici le passage en question : « Il existe deux cas de figure opposant un homme seul à un grand nombre (cent soldats, une armée, une bande de voleurs, des rebelles, ou des kharijtes) ; s’il pense s’en sortir vivant en causant des pertes adverses, c’est une bonne chose, et s’il pense ne pas en réchapper, mais en laissant derrière lui des dégâts graves et le maximum de pertes à l’avantage des musulmans, c’est également permis. »

E-Dusûqî y va de son opinion : « En clair, un seul homme a le droit d’affronter un grand nombre sous deux conditions :

Il doit avoir pour seule motivation d’élever haute la Parole d’Allah.
Il doit laisser un impact dévastateur du côté de l’ennemi. »[5]


Ibn Hajar : « Un homme seul a-t-il le droit d’affronter un grand nombre ? La majorité des spécialistes répondent par oui, à condition qu’il soit poussé par une noble intention : si son courage est indomptable, s’il pense terrifier l’ennemi ou donner l’exemple aux troupes. En revanche, si la témérité est le seul objet de son action, il est condamnable, surtout dans la mesure où sa mort risque de démoraliser les siens. »[6]


Ibn Muflih : « En fonçant sur l’ennemi avec la conviction de ne pas en réchapper n’est pas un suicide. » Quand on lui demanda s’il est permis d’affronter cent hommes à la fois, il répondit : « Oui, à condition d’avoir des cavaliers à ses côtés. Notre maitre mentionne qu’il est recommandé de fondre sur l’ennemi si l’intérêt supérieur des musulmans le réclame, sinon c’est défendu, car cela revient à provoquer sa propre mort. »[7]


Dans el insâf, nous trouvons : « Sheïkh Taqî e-Dîn mentionne qu’il est légitimé de fondre sur l’ennemi si l’intérêt supérieur des musulmans le réclame, sinon c’est défendu, car cela revient à provoquer sa propre mort. »[8]


Nous avons vu également que San’ânî – qu’Allah lui fasse miséricorde – impute cette tendance à certains savants, mais juste après, il émet une restriction de taille. Qu’on en juge : « L’auteur a dit [San’ânî] : avoir la quasi-certitude de ne pas en réchapper n’est soutenu par aucune preuve, d’autant plus qu’il est impossible de connaitre les intentions du volontaire en question, sauf si l’on entend par là que la plupart du temps un duel aussi déséquilibré le mène droit à la mort. L’auteur a dit [Ibn Hajar] concernant la question : Un homme seul a-t-il le droit d’affronter un grand nombre ? La majorité des spécialistes répondent par oui, à condition qu’il soit poussé par une noble intention : si son courage est indomptable, s’il pense terrifier l’ennemi ou donner l’exemple aux troupes. En revanche, si la témérité est le seul objet de son action, il est condamnable, surtout dans la mesure où sa mort risque de démoraliser les siens. »[9]


[2- Les textes prophétiques]


En commentaire au hadîth du moine et de l’enfant, Abû el ‘Abbâs el Qurtubî [ne pas confondre avec l’exégète] explique : « Il savait que son destin était scellé, mais il est possible aussi qu’Allah lui inspirât d’étaler Sa Bonté, Son Pouvoir, et la justesse de la religion qu’ils avaient tout deux épousée ; l’idée était de faire adhérer à l’Islam tous les témoins de la scène, et tout se passa comme prévu. Dans cet ordre d’idée, le khalife ‘Uthmân (t) se résigna au sort que le Prophète (r) lui avait prédit et se livra aux mains de ses assassins. »[10] Ibn Taïmiya a des paroles qui vont dans ce sens.[11]


Sheïkh Mohammed ibn Sâlih el ‘Uthaïmîn – qu’Allah lui fasse miséricorde – réfutant l’utilisation erronée que l’on fait de ce hadîth : « Quand on est candidat à un attentat-suicide visant un groupe de mécréants, on se donne volontairement la mort, qu’Allah nous en préserve ! La sentence du suicide est pourtant très sévère si l’on sait que le fautif est passible d’un séjour éternel dans l’enfer de la Géhenne, comme nous l’enseigne un hadîth prophétique. C’est un suicide, car l’Islam n’y gagne rien ! Il n’y a aucun intérêt pour les musulmans à se donner la mort et à emporter dans son geste des dizaines ou des centaines de personnes. Contrairement à l’histoire de l’enfant et du sorcier, personne ne se convertit à la suite de ces attentats ; ils ne font que stimuler la haine de l’ennemi qui va resserrer la répression contre les musulmans, exactement comme en Palestine. Pour chaque victime d’attentat, les Juifs se vengent sur au moins dix Palestiniens. Ainsi, personne ne profite de ces attentats ; ni les musulmans ni les victimes.

C’est pourquoi, selon moi, ces attentats illégitimes sont une forme de suicide passible de l’Enfer, qu’Allah nous en préserve ! Ils n’ont rien à voir avec le martyre, bien qu’on puisse offrir des circonstances atténuantes à leurs auteurs. Ces derniers croient, en effet, à la légitimité de leurs actions, et échappent ainsi aux péchés. C’est en tout cas, tout le mal que nous leur souhaitons, mais en aucun cas, ils ne gagnent le martyre ; malgré leur erreur, ils ont droit à une récompense pour leur effort d’interprétation. »[12]


[3- Les annales des anciens]


À la lumière des explications précédentes, il devient facile d’orienter les annales des anciens sur le sujet. Elles vont, en effet, dans le sens des textes qui tiennent compte de l’intérêt supérieur des musulmans. Nos nobles ancêtres n’étaient pas suffisamment téméraires pour offrir gratuitement leur sang à leurs ennemis.


El Barâ (t), pour ne citer que lui, ouvrit la forteresse de l’intérieur et offrit la victoire aux siens sur un plateau. Nous sommes loin des attentats visant un train ou un centre de police, et qui donnent lieu à une répression violente et arbitraire « anti-islamistes », sans n’offrir aucune contrepartie favorable. Elles donnent le prétexte inespéré aux Occidentaux d’envahir nos pays et d’y imposer leurs lois, sous nos yeux impuissants.


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[1] Le butin ; 60

[2] Les femmes ; 29

[3] E-siar el kabîr (1/163).

[4] El jâmi’ li ahkâm el Qur-ân (2/363).

[5] El hâshiya ‘alâ e-sharh el kabîr (2/208).

[6] Fath el Bârî (8/180).

[7] El furû’ (10/243).

[8] Dans el insâf d’el Mardâwî (10/53).

[9] Subûl e-salâm (4/51).

[10] El mufhim limâ ashkala min talkhîs sahîh Muslim (7/426).

[11] Qâ’ida fî el inghimâs fî el ‘aduww (p. 77).

[12] Sharh riyâdh e-sâlihîn (1/165).
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Message par Citizenkan Ven 20 Nov - 13:59



Missions-suicides Vs attentats-suicides

(Partie 3)


Voir : Attentat-suicide ; Crime ou martyre du Sheïkh Abd el Mâlik Ramadhânî


Les attentats qui ont vu tombé les deux tours du World Trade Center au cœur d’une nation dite superpuissance et moderne sont loin de constituer un pas en avant vers la victoire. Des attentats, qui ont également compté des musulmans dans le nombre des victimes. Des attentats, qui ont renforcé la main mise des pays industriels sur le Bassin méditerranéen, le Proche et Moyen-Orient. Des attentats qui ont contribué à mettre un vilain frein à la prédication ; nous assistons à une chute vertigineuse de livres et rencontres cultuels ; les religieux sont désormais mal vus et rencontrent d’énormes difficultés dans les études et sur le marché de l’emploi.


Les pressions politiques et économiques étouffent les populations islamiques ; elles les obligent à faire des concessions sur les lois de la sharî’a encore en vigueur ; elles imposent la fermeture de la plupart des fondations de charité ; elles encouragent la stigmatisation des musulmans, et les discours islamophobes pour dissuader toute conversion. L’Islam est perçu comme une religion impitoyable et cruelle, et les pro-attentats-suicides ne font rien pour changer cette image. Ils en sont même les premiers vecteurs, étant donné qu’ils empruntent aux non-musulmans des idéaux révolutionnaires et perdent leur crédibilité aux yeux des plus objectifs d’entre eux quand ils les mettent en pratique au nom de l’Islam.


Ils sont en quelque sorte responsables des campagnes de blasphèmes et de caricatures orientées contre la personne de notre Prophète (r). Le Coran leur a pourtant donné un mode d’emploi efficace pour les éviter : [N’insultez pas les païens et leurs idoles, car leur ignorance les pousserait à blasphémer contre Allah en toute ignominie].[1] Ils devraient prendre exemple sur ce mode d’emploi pour éviter à fortiori les agressions étrangères.


Les attentats dans le monde créent un véritable malaise dans les pays musulmans ; la plupart d’entre eux cèdent aux revendications démocratiques « universelles », et s’enferment dans une complaisance éhontée pour échapper à la vindicte des grandes Puissances. Ils jouent la carte de la tolérance politique et tendent, sans conviction, la main au dialogue. Ils en viennent presque à faire de la charité à leurs opposants pour gagner les faveurs de la Communauté internationale. Ce phénomène est plus marqué après une attaque terroriste qui touche n’importe quel coin de la planète. Les activistes eux-mêmes subissent les revers de leur irresponsabilité ; ils rejoignent la clandestinité et vivent dans la peur et l’humiliation. Leur leader vécut terré dans des grottes jusqu’à la mort, et restait toujours mobile pour échapper à ses limiers ! Les conditions dégradantes de son assassinat firent exulter de joie les prédateurs néo-croisés.


Il n’eut malheureusement pas le temps de se repentir et de revenir sincèrement par la grâce d’Allah au traditionalisme. Nous aurions aimé qu’il nous annonce avant sa mort une aussi réjouissante nouvelle, mais il s’entêta dans la mauvaise voie et récolta les fruits de sa rébellion contre les commandements prophétiques. Il était directement concerné par la menace brandie par le Prophète (r) : « Allah frappe d’humiliation et d’avilissement quiconque contrevient à mes commandements ! »[2] Innâ li Allah wa innâ ilaïhi râji’ûn (Nous sommes à Allah, et c’est vers Lui que se fera notre retour ndt.) !


Le 11 septembre provoqua une liesse populaire. Tout le monde félicitait l’évènement ! Nous étions peu à l’époque à penser que nous avions à faire à une fitna, non à un djihad dans le vrai sens du terme. Nous n’allions pas tarder à subir des représailles terribles qui allaient mettre à mal spirituellement et matériellement la communauté. Il était trop tôt pour exprimer ouvertement notre désaccord, et nous nous contentions de condamner timidement la chose ; il régnait un tel engouement qu’il valait mieux garder le silence. Il était plus sage de laisser passer l’euphorie ambiante, car, comme le veut le dicton, quand on ne tire pas leçon des mauvais évènements, on souffre pour rien !


Si nous avions exposé en détail les lois du djihâd, plus d’un aurait jeté sur nous l’anathème, et nous aurait abreuvés des Versets sur l’amour et la haine en Dieu. Les raccourcis auraient fait légion : on vous aurait taxé d’hypocrite qui prend la défense des méchants contre ses frères ! Je me demande pourtant à quoi servit cette opération à nos frères si ce n’est que la destruction non pas de deux tours, mais de deux pays entiers : l’Afghanistan et l’Iraq…


Quelles représailles, qu’Allah dissipe le malheur qui s’est abattu sur eux et qu’Il terrasse tous nos ennemis ! Malgré la désolation, l’infamie, et la misère qui fit rage sur place, certains osaient encore parler de « conflit » ou de « bataille » !


Qu’est-ce que les musulmans ont gagné dans les tours infernales où, faut-il le rappeler, un grand nombre de leurs coreligionnaires ont perdu la vie (le chiffre s’élève à des dizaines et des dizaines) ! Lequel d’entre nous a vraiment de la compassion pour ses frères (je ne parle même pas des innocents non-musulmans qui ce matin-là, se trouvaient au « mauvais endroit ») ? À quoi bon exulter ?


On pourrait toujours avancer que des pertes économiques énormes leur ont été infligées ce jour-là, mais cela en valait-il vraiment la chandelle ? La vie d’un musulman n’a pas de prix ! Le Prophète (r) qui est rempli de compassion et de miséricorde envers ses partisans nous informe que la vie d’un musulman vaut plus cher que tout l’or du monde : « Auprès d’Allah, le meurtre d’un musulman est pire que la perte de toute la terre et ses richesses. »[3]


Nous trouvons l’équivalent de ce commandement dans le passage émouvant du Coran : [Quand on tue un homme non coupable d’un meurtre ni de désordre sur terre, c’est comme si on avait tué l’humanité entière, et quand on sauve la vie d’un homme, c’est comme si on avait sauvé l’humanité entière].[4] Je me demande s’il n’est pas plus éloquent que l’autre Verset : [Quand on tue délibérément un croyant, on encourt l’enfer éternel de la Géhenne, le courroux et la malédiction d’Allah qui réserve pour ce crime un châtiment terrible].[5]


Il faut savoir également que la victime aura son mot à dire juste sous le Trône du Tout-Puissant. Ibn ‘Abbâs fut interrogé sur le cas d’un meurtrier repenti, croyant, pieux, et revenu sur le droit chemin. « Comment peut-il se repentir, répondit-il, alors que j’ai entendu de la bouche de votre Prophète (r) [relatant les plaintes de la victime] : « Seigneur, demande-lui pourquoi il m’a tué ? » [Le Prophète reprenant la parole (r)] : « Allah le rapproche alors du Trône. » Puis, il récita : [Quand on tue délibérément un croyant, on encourt l’enfer éternel de la Géhenne, le courroux et la malédiction d’Allah qui réserve pour ce crime un châtiment terrible].[6] »[7]


Selon Abû Huraïra (t), le Messager d’Allah (r) a dit : « Si tous les habitants du ciel et de la terre se rendaient complice du meurtre d’un seul croyant, Allah les jetterait tous en Enfer. »[8]


Selon Abû Dardâ, le Messager d’Allah (r) a dit : « Le Jour de la résurrection, la victime d’un meurtre se tiendra agenouillée au milieu du passage dans l’attente de son meurtrier ; quand il viendra, elle s’écriera : « Seigneur, voici celui qui m’a tué !

Pourquoi l’as-tu tué, demandera alors le Seigneur au meurtrier ?
J’ai agi sous les ordres d’un tel ! »

Le meurtrier et son commanditaire seront associés dans le châtiment. »[9]


Tous ces textes, aussi bouleversant soient-ils, ne sont rien comparés aux déboires immenses que la da’wâ a connu depuis la fin de l’été 2001, comme nous l’avons succinctement évoqué plus haut. Nos amis sont-ils toujours aussi sensibles au sort des musulmans, ou bien, est-ce la colère qui prédomine leurs sentiments et qui aveugle leur discernement ? Ils la font passer avant l’intérêt supérieur de la nation, et lui préfèrent les réactions hâtives et irréfléchies. Ils sont incapables de se projeter dans l’avenir et de peser les avantages et les inconvénients de leur action.


Ils sont tellement animés par les passions, qu’ils en oublient leur devoir vis-à-vis de la religion, et manquent cruellement de sincérité envers Dieu ! Quel est l’intérêt de promettre des avantages à crédit, mais d’en payer les inconvénients cash ?


Ils veulent nous donner des leçons de da’wâ et osent comparer le 11 septembre à l’histoire de l’enfant et du sorcier. C’est comme comparer le jour et la nuit : « grâce » à l’enfant, les gens ont embrassé la religion en masse et « grâce » à nos terroristes, ils l’ont fuie en masse ! Les islamophobes sont parvenus à peindre les musulmans comme des malfaisants sanguinaires et anarchiques.


Après l’euphorie, beaucoup parmi les plus sensés ont ouvert les yeux, et sont sortis de leur brouillard. Ils ne pouvaient que donner raison aux savants qui, depuis le premier jour, mettaient en garde contre les réactions spontanées. Ils se sont remis en question et ont revu leur jugement sur les porteurs du savoir qu’ils voyaient d’un mauvais œil, car ils n’allaient pas dans leur sens. Les savants avaient raison, et c’est à eux qu’il nous était demandé de revenir pour régler le problème : [Demandez aux gens du Rappel si réellement vous ne savez pas].[10]


Les véritables hommes de science sont animés d’un grand zèle envers les valeurs de l’Islam. Constamment préoccupés pour ses adeptes, ils ont émis des fatwas condamnant les attentats du 11 septembre ; ils se sont basés sur les grands principes de la législation musulmane, mais aussi sur d’autres arguments.


Sachons, dors et déjà, que certains incultes en matière de djihâd, se font exploser au milieu d’un bar en emportant cinq clients avec eux. Le problème, c’est qu’en représailles, l’oppresseur tuera dix des leurs pour chaque victime. Faites le calcul et voyez en quoi nous sommes les gagnants. Et quand je dis, un pour dix, je suis gentil, car en général, la vengeance s’abat sur une ville entière avec le lot d’exactions qui accompagne les valises de l’envahisseur (viol, arrestations arbitraires, etc.). Et, pour la cerise sur le gâteau, il remet les clefs de la ville à son ennemi juré, soit tout le contraire des nobles objectifs que le djihâd s’est assignés : [Combattez-les pour éviter toute subversion, et pour que la religion toute entière soir à Allah].[11] La subversion (fitna) en question fait allusion à la mécréance, comme le note l’exégèse des anciens.


Ainsi, les missions-suicides dont parlent les légistes n’ont aucun lien avec les attentats-suicides en vogue ; faire une telle comparaison revient à comparer entre une victoire triomphante et une cuisante défaite, si nous regardons uniquement la chose sous l’angle des résultats, wa Allah el musta’ân !


Traduit par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

http://www.mizab.org/

[1] Le bétail ; 108

[2] Rapporté par Ahmed (2/50), et ibn Abî Shaïba (5/322), avec une chaine narrative jugée « bonne ».

[3] Rapporté par Tirmidhî (1395), et Nasâî (3987), et ibn Mâjah (2619) ; il a été authentifié par el Albânî – qu’Allah le reçoive dans Sa Miséricorde –.

[4] Le repas céleste ; 32

[5] Les femmes ; 93

[6] Les femmes ; 93

[7] Hadîth authentique rapporté par Nasâî (4010).

[8] Hadîth authentique rapporté par Tirmidhî (1398).

[9] Hadîth jugé bon ; il est rapporté par ibn Abî Shaïba (5/434) et Tabarânî dans majma’ e-zawâid (7/300) ; Tabarânî (10/10407) et d’autres spécialistes rapportent un énoncé de ce genre qu’ils font remonter à ibn Mas’ûd.

[10] Les abeilles ; 43

[11] Le butin ; 39
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