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Dialogue entre un quiétiste et un chrétien flic

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Message par Citizenkan Lun 6 Mar - 12:18





Dialogue entre un quiétiste et un chrétien flic

(Partie 5/3)


Les corruptions bibliques couvrent toute la gamme allant des erreurs de copie aux additions et suppressions doctrinalement motivées, aux traductions taillées sur commande et, dans certains cas, à la contrefaçon[1]



Selon Isaïe 40 : 8, toute "parole" qui ne "subsistera" pas "toujours" est disqualifiée et considérée comme n’ayant pas été de Dieu.

Comment pouvez-vous dire: " Nous avons la sagesse, car la loi du Seigneur est à notre disposition. " Oui, mais elle est devenue une loi fausse sous le burin menteur des juristes. (Jérémie 8 : 8).

Vous tordez les paroles du Dieu vivant

(Jérémie 23 : 36).



Pour commencer, les différents camps théologiques sont en désaccord sur quels livres devraient être inclus dans la Bible. L’apocryphe d’un camp est l’écriture reconnue pour un autre. Deuxièmement, même parmi les livres qui ont été canonisés, les saints textes de sources variées manquent d’uniformité. Ce manque d’uniformité est tellement omniprésent que The Interpreter’s Dictionary of the Bible cite, « On peut dire sans risque de se tromper qu’il n’y a pas une seule phrase dans le NT où la tradition du MT (manuscrit) qui soit totalement uniforme. »[2]



Le fait est qu’il y a plus de 5700 manuscrits grecs du Nouveau Testament, entiers ou partiels.[3] En outre, « pas deux de ces manuscrits ne sont exactement semblables dans tous leurs détails … Et certaines de ces différences sont significatives. »[4]



Posez en facteur à peu près dix mille manuscrits de la Vulgate latine, ajoutez les nombreuses autres variantes anciennes (i.e. syriaque, copte, arménienne, géorgienne, éthiopienne, nubienne, gothique, slavonique), et qu’est-ce que nous obtenons ? Beaucoup de manuscrits. Beaucoup de manuscrits qui n’arrivent pas à se correspondre en certaines parties et qui se contredisent assez fréquemment. Les érudits estiment le nombre de variantes de ces manuscrits dans les centaines de milliers, certains portant leur estimation à 400 000.[5]



Aucun des manuscrits originaux n’a survécu au christianisme des premiers temps.[6]



Les plus anciens manuscrits complets (MS. No. 1209 du Vatican et le Codex Syriaque Sinaïtique) datent du quatrième siècle, trois cents ans après le ministère de Jésus. Mais les textes originaux ? Perdus. Et les copies des textes originaux ? Perdues aussi. Nos plus anciens manuscrits, en d’autres mots, sont les copies de copies de copies de copies dont personne ne connaît le nombre, des textes originaux. Pas étonnant qu’ils diffèrent l’un de l’autre.



Dans de meilleures mains, les erreurs de copie ne seraient point une surprise. Cependant, force est de constater que ce ne fut pas le cas avec les manuscrits du Nouveau Testament. Durant la période des origines chrétiennes, les scribes n’étaient ni formés ni fiables, ils étaient donc incompétents, et dans certains cas, illettrés.[7]



Ceux qui étaient virtuellement incompétent auraient pu faire des erreurs avec les lettres et les mots qui se ressemblent, tandis que ceux qui avaient une ouïe défectueuse, auraient pu errer en enregistrant l’Écriture lors de sa lecture à haute voix. Fréquemment les scribes devaient s’exténuer au travail et ainsi étaient enclins aux erreurs qui habituellement accompagnent la fatigue. Selon Metzer et Ehrman, « Puisque la plupart d’eux (les scribes), sinon tous, auraient été des amateurs dans l’art de copier, un nombre relativement important de fautes s’est glissé dans leurs textes pendant qu’ils les reproduisaient. »[8]



Pire encore, quelques scribes ont permis au préjugé `doctrinal d’influencer leur transmission de l’Ecriture.[9] Comme Ehrman l’écrit, « Les scribes qui ont copié les textes les ont changés. »[10] Plus spécifiquement, « Le nombre d’altérations délibérées faites dans l’intérêt de la doctrine est difficile à évaluer. »[11] Et même plus spécifiquement, « Dans le langage technique de la critique textuelle – que je retiens pour ses ironies significatives – ces scribes ‘ont corrompu’ leurs textes pour des raisons théologiques. »[12]



Les erreurs ont été introduites sous la forme d’additions, d’omissions, de substitutions et de modifications, le plus communément de mots ou de lignes, mais quelquefois de versets entiers.[13] En fait, « de nombreux changements et additions se sont infiltrés dans le texte, »[14]

avec le résultat que « tous les exemplaires connus du Nouveau Testament sont plus ou moins des textes mélangés, et même de nombreux manuscrits parmi les plus anciens ne sont pas dénués d’erreurs flagrantes. »[15]



Dans Misquoting Jesus, Ehrman présente une preuve persuasive que l’histoire de la femme prise en délit d’adultère (Jean 7 :53 – 8 :12) et les derniers douze versets de Marc n’étaient pas dans les évangiles originaux, mais ont été ajoutés par des scribes ultérieurs.[16]



En outre, ces exemples « représentent juste deux parmi des milliers d’endroits où les manuscrits du Nouveau Testament devinrent changés par les scribes. »[17] En fait, des livres entiers de la Bible ont été forgés. Ceci ne veut pas dire que leur contenu est nécessairement faux, mais ceci ne veut certainement pas dire qu’il est juste.



Alors quels livres ont été forgés ? Ephésiens, Colossiens, 2 Thessalonicens, 1 et 2 Timothée, Tite, 1 et 2 Pierre, et Jude – c’est-à-dire le compte énorme de neuf sur les vingt-sept livres et épîtres du Nouveau Testament – sont plus ou moins douteux.[18]



Même les auteurs de l’Evangile sont inconnus. En fait, ils sont même anonymes[19]



Les érudits bibliques attribuent rarement, pour ne pas dire jamais, la qualité d’auteur évangélique à Matthieu, Marc, Luc ou Jean. Comme Ehrman nous le dit, « La plupart des érudits ont aujourd’hui abandonné ces identifications, et reconnaissent que ces livres ont été écrits par des Chrétiens autrement inconnus mais relativement instruits, parlant (et écrivant) le Grec, durant la seconde moitié du premier siècle. »[20]



Graham Stanton renchérit : « Les évangiles, contrairement à la plupart des œuvres écrites gréco-romaines, sont anonymes. Les titres familiers qui donnent le nom d’un auteur (‘L’Evangile selon …’) ne faisaient pas partie des manuscrits originaux, car ils ont été ajoutés seulement au début du second siècle. »[21]



De multiples sources admettent qu’il n’y a pas d’évidence, à part des témoignages discutables des auteurs du second siècle, pour suggérer que le disciple Jean était l’auteur de l’Evangile de Jean.[22] Peut-être la plus convaincante réfutation est que le disciple Jean est supposé être mort en ou aux environs de 98 EC.[23] Cependant, l’Evangile de Jean a été écrit vers 110 EC.[24]



Alors, quels qu’ils soient : Luc (le compagnon de Paul), Marc (le secrétaire de Pierre), et Jean (l’inconnu, mais certainement pas celui qui a décédé depuis longtemps), nous avons raison de croire qu’aucun des évangiles n’a été rédigé par les disciples de Jésus. À ce sujet, Stanton pose une question qui s’impose : « Est-ce que la décision finale d’accepter Matthieu, Marc, Luc et Jean, était correcte ? Aujourd’hui, on est généralement d’accord que ni Matthieu ni Jean n’a été écrit par un apôtre. Et Marc et Luc ne pouvaient pas être des associés à des apôtres. »[25]



Le Professeur Ehrman est plus direct dans son affirmation : Les érudits de la critique sont presque unanimes aujourd’hui à penser que Matthieu n’a pas écrit le Premier Évangile, ni Jean le quatrième, et que Pierre n’a pas écrit 2 Pierre et bien possible, ni 1 Pierre. Aucun autre livre du Nouveau Testament ne prétend être écrit par l’un des premiers disciples de Jésus. Il y a des livres écrits par l’apôtre de Paul, bien sûr. Treize portent son nom dans le Nouveau Testament, dont au moins sept sont acceptés par presque tous les érudits comme authentiques.[26]



La critique protestante corrobore ce constat édifiant.[27] Sans n’entrer dans les détails, elle cherche en vain à dissiper plusieurs zones d’ombre à travers une enquête qui ne sera probablement jamais résolue.[28]



Bart Ehrman analyse que, je cite : « Il faut tout d’abord remarquer que ces Evangiles […] sont écrits anonymement. Les auteurs ne nous révèlent jamais leur nom. Ces noms, bien sûr, apparaissent dans les titres des Évangiles (L’Évangile selon Matthieu, etc.). Mais ces titres ont été ajoutés ultérieurement, par des éditeurs et des scribes qui souhaitaient informer les lecteurs sur l’auteur qui, selon eux, se cachait derrière ces différentes versions. Il est évident que les titres n’appartiennent pas à la version originale des Évangiles. L’auteur de l’Évangile de Matthieu, quelle que soit son identité, ne l’a pas intitulé Évangile selon Matthieu. La personne qui a choisi ce titre nous indique ainsi qui, à son avis, est l’auteur du texte. On n’a jamais vu un auteur intituler ses ouvrages de la sorte […]



De plus, l’Évangile de Matthieu est rédigé d’un bout à l’autre à la troisième personne ; l’auteur décrit ce qu’ « ils » - Jésus et ses disciples – faisaient, jamais ce que « nous » - Jésus et nous tous – faisions. Même dans l’épisode où Matthieu est appelé pour devenir disciple, il est question de « lui », non pas de « moi ». Il suffit de lire le récit (Matthieu 9,9), rien dans le texte ne peut laisser croire que l’auteur parle de lui-même.



C’est encore plus clair chez Jean. A la fin de l’Évangile, l’auteur dit ce qui suit au sujet du « disciple bien-aimé » : « C’est ce disciple qui témoigne de ces choses et qui les a écrites, et nous savons que son témoignage est conforme à la vérité » (Jean 21,24). Il faut être attentif aux termes employés par l’auteur : il fait la distinction entre sa source d’information « le disciple qui témoigne » et lui-même : « nous savons que son témoignage est conforme à la vérité ». Il et nous : cet auteur n’est pas lui-même le disciple. Il prétend que c’est le disciple qui lui a fourni les renseignements qu’il révèle.



Pour ce qui est des autres Évangiles, Marc n’est pas connu comme étant un disciple (c’est plutôt un compagnon de Pierre), pas plus que Luc (un compagnon de Paul, qui n’était pas un disciple non plus). Et même s’ils avaient été des disciples, cela ne garantirait rien en l’objectivité ou la véracité de leurs affirmations. Aucun Évangile n’a été écrit par un témoin direct, et aucun auteur ne prétend l’avoir été. »[29]



À suivre…

                     

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/


[1] Ehrman, Bart D. Misquoting Jesus and Lost Christianities.



[2] Buttrick, George Arthur (Ed.). 1962 (1996 Print). The Interpreter’s Dictionary of the Bible. Volume 4. Nashville: Abingdon Press. pp. 594–595 (Under Text, NT).

[3] Ehrman, Bart D. Misquoting Jesus. p. 88.

[4] Ibid., Lost Christianities. p. 78.

[5] Ibid., Misquoting Jesus. p. 89.

[6] Ibid., Lost Christianities. p. 49.

Metzger, Bruce M. A Textual Commentary on the Greek New Testament. Introduction, p. 1.





[7] Ehrman, Bart D. Lost Christianities and Misquoting Jesus.

[8] Metzger, Bruce M. and Ehrman, Bart D. The Text of the New Testament: Its Transmission, Corruption, and Restoration. p. 275.

[9] Ehrman, Bart D. Lost Christianities. pp. 49, 217, 219–220.

[10] Ibid., p. 219.

[11] Metzger, Bruce M. and Ehrman, Bart D. The Text of the New Testament: Its Transmission, Corruption, and Restoration. p. 265. See also Ehrman, Orthodox Corruption of Scripture.

[12] Ehrman, Bart D. 1993. The Orthodox Corruption of Scripture. Oxford University Press. p. xii.

[13] Ehrman, Bart D. Lost Christianities. p. 220.

Metzger, Bruce M. A Textual Commentary on the Greek New Testament. Introduction, p. 3.

[14] Ibid., p. 10.

[15] Metzger, Bruce M. and Ehrman, Bart D. The Text of the New Testament: Its Transmission, Corruption, and Restoration. p. 343.

[16] Ibid., p. 68.

[17] Ehrman, Bart D. Lost Christianities. pp. 9–11, 30, 235–6.

[18] Ibid., p. 235.

[19] Ehrman, Bart D. Lost Christianities. p. 3, 235. Also, see Ehrman, Bart D. The New Testament: A Historical Introduction to the Early Christian Writings. p. 49.

[20] Ehrman, Bart D. Lost Christianities. p. 235.

[21] Stanton, Graham N. p. 19.

[22] Kee, Howard Clark (Notes and References by). 1993. The Cambridge Annotated Study Bible, New Revised Standard Version. Cambridge University Press. Introduction to gospel of “John.”

Butler, Trent C. (General Editor). Holman Bible Dictionary. Nashville: Holman Bible Publishers. Under “John, the Gospel of.”

[23] Easton, M. G., M.A., D.D. Easton’s Bible Dictionary. Nashville: Thomas Nelson Publishers. Under “John the Apostle.” Goodspeed, Edgar J. 1946. How to Read the Bible. The John C. Winston Company. p. 227.

[24] Goodspeed, Edgar J. 1946. How to Read the Bible. The John C. Winston Company. p. 227.

[25] Stanton, Graham N. pp. 134–135.

[26] Ehrman, Bart D. Lost Christianities. p. 236.

[27] Sous la direction de Daniel Marguerat, Introduction au Nouveau Testament : Son histoire, son écriture, sa théologie, éditions Labor et Fides, 2008, 4ème édition revue et augmentée, p.372-373

[28] Idem. p.373-375

[29] Bart Ehrman, La construction de Jésus : aux sources de la religion chrétienne, éditions H&O, 2009, p.142-143

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Message par Citizenkan Mar 7 Mar - 15:12





Dialogue entre un quiétiste et un chrétien flic

(Partie 5/4)


Le commun des chrétiens ignorent ces conflits de clercs

Dans son livre Die Religion des modernen Menschen (La Religion des Hommes Modernes), le Docteur Robert Kehl (1914-2001) souligne : « La plupart des partisans de la Bible ont le credo naοf que la Bible a toujours existé sous la forme qu’ils la lisent aujourd'hui. Ils croient qu’à ses origines, elle avait toutes les sections qui renferment les exemplaires dont ils ont à disposition aujourd’hui. Ils ne savent pas – et la plupart d'entre eux ne veulent pas savoir – que pendant environ 200 ans les premiers Chrétiens ne possédaient aucune 'Écriture sainte' en dehors de l'Ancien Testament dont le canon n'avait certainement pas été établi à cette époque ; les versions écrites du Nouveau Testament ont émergé à travers un long processus, en pendant très longtemps, il ne venait à l’esprit de personne de leur conférer le statut d'Écriture Sainte ; avec le temps, la lecture de ces écrits aux congrégations s’ancra dans l’usage, mais ils n’avaient pas encore la même aura que l'Ancien Testament. C’est à la suite de déchirements douloureux au sein de la chrétienté que l’idée de standardiser les textes scripturaires prit forme et s’imposa bientôt dans les rangs. Ce n’est qu’à l’orée du troisième siècle que la notion d’Ecriture Sainte prit naissance. »

Joachim Kahl, diplômé en théologie de l'Université Phillips à Marburg a noté que « l'ignorance de la plupart des Chrétiens est due largement à la maigre information fournie par les théologiens et les historiens ecclésiastiques, qui connaissent deux façons de cacher les faits scandaleux de leurs livres. Ils y déforment la réalité à l'opposé absolu ou la cachent. »

Hans Conzelmann, Professeur des Études du Nouveau Testament à Tottingen a admis que « la communauté chrétienne continue à exister parce que les conclusions de l'étude critique de la Bible sont en grande partie tenues à l'écart d'eux. »

L'altération qu'ont subi les manuscrits de la bible prend parfois des sens parodiques, c'est l'exemple de la page 1512 du codex Vaticanus, ou un scribe correcteur écris un message sur le coté se plaignant du scribe qui a altéré le texte d'Hébreux 1.3

« Idiot, fripon, ne pouvais-tu pas laisser l’ancienne écriture sans l’altérer »

Le docteur Robert Kehl de Zurich écrit : « Fréquemment le même passage a été 'corrigé' par un correcteur dans un sens et 'recorrigé' immédiatement dans le sens opposé par un autre copiste qui se fiait au point de vue dogmatique de l’école qu’il défendait. »

Pour Bart Erhman, Il serait sans doute faux d’affirmer – comme le font parfois certains – que les changements dans nos textes n'ont pas de réelles influences sur ce qu’ils voulaient dire ou sur les conclusions théologiques qu'on peut en déduire. Nous avons vu en fait que c'est juste le contraire qui se passe. Dans certaines instances, le sens dépend entièrement de la manière dont on résout un problème textuel : Jésus était il un homme nerveux ? Etait-il complètement effondré face à la mort ? A-t-il dit aux disciples qu'ils pouvaient boire le poison sans que cela ne leur fasse mal ? Avait-il laissé partir la femme adultère avec seulement un doux avertissement ? La doctrine de La Trinité a elle été citée explicitement dans le Nouveau Testament ? Jésus y est-il nommé le Dieu unique ? Le nouveau testament indique-t-il que même le fils de Dieu ne connait pas quand viendra la fin ? Les questions continuent et continuent...[1]

Raymond E. Brown, exégète catholique mondialement reconnu affirme dans son livre « Que sait-on du Nouveau Testament » aux éditions Bayard, p.86 : « Environ trois mille manuscrits du NT grec, copiés entre le IIe et le XVIIe siècle, ont été conservés (en tout ou partie), auxquels il faut ajouter plus de deux mille lectionnaires manuscrits contenant des sections (péricopes) du NT arrangés pour la lecture liturgique depuis le VIIe siècle. Ces témoins du texte NT ne s’accordent pas entre eux sur un grand nombre de points, mais assez peu de ces différences sont significatives. Aucun autographe ou manuscrit original d’un livre du NT n’a été conservé ; les différences se sont produites durant la copie de l’original. Toutes ne sont pas le fait d’erreurs des copistes ; certaines proviennent de changements délibérés. Les copistes en effet se sentaient parfois tenus d’améliorer le grec du texte reçu, de moderniser l’orthographe, d’ajouter des phrases explicatives, d’harmoniser les évangiles, et même d’omettre tel point qui leur paraissait douteux. On pourrait penser que les plus anciennes copies conservées (en tout ou partie) du NT grec sont le meilleur guide pour remonter aux originaux ; mais il n’en va pas nécessairement ainsi. »

Westcott et Hort sont les deux critiques du 19ème siècle qui ont corrigé les « erreurs » du texte Reçu[2] selon leurs propres déclarations et celles de leurs partisans en se basant sur les grands onciaux grecs (Codex Sinaiticus, Vaticanus, etc.). Ils ont affirmé que la Bible qui fit surgir la Réforme Protestante fut « un texte corrompu contenant environ 6000 erreurs ».
Il a donc fallut attendre le 19ème siècle pour retrouver la véritable Parole de Dieu, ce qui veut dire que toutes les Bibles qui étaient basées sur le Texte Reçu étaient fausses. Contrairement à l’affirmation de Westcott et Hort, les partisans du texte Reçu ont un avis tout autre concernant la découverte de nos critiques anglais.

Concernant le Codex A ou Sinaiticus John William Burgon écrit dans son livre « Unholy hands on the Bible » (Des mains souillées sur la Bible), éditions Lafayette. Indiana : « Le Codex A (Sinaiticus) comporte seulement pour les Évangiles, 1640 variantes (par rapport aux Evangiles canoniques, en usage depuis près de deux milles ans, chez les chrétiens). Le manuscrit pullule d’erreurs de copies, avec des omissions de mots et même de lignes entières ! Uniquement dans les Évangiles, par rapport au texte Reçu, le Codex A, enlève 3455 mots, en rajoute 1265, en substitue 1114 avec d’autres, change l’emplacement des mots dans les phrases à 2299 reprises et en altère 1265. Au total, cela porte les variantes à 8972 unités. Dix correcteurs ont du travailler dessus pour mettre en ordre une partie des erreurs les plus grotesques ! […] Enfin le Codex A inclut l’Epître de Barnabé et le Pasteur d’Arma, qui sont des écrits pleins d’hérésie ! »

Barry Burton écrit quant à lui : « Le Sinaiticus est un manuscrit découvert par un certain M. Tischendorf en 1844, dans un tas d'ordures du monastère Sainte-Catherine, près du mont Sinaï. Il contient presque tout le Nouveau Testament en plus d'y ajouter le Berger d'Hermas et l'Épître de Barnabas. Un examen du manuscrit a prouvé que ce dernier était très peu fiable. John William Burgon a passé des années à étudier chaque manuscrit disponible du Nouveau Testament. À propos de Sinaïticus, il écrit: « À plusieurs occasions, on a retiré sans précaution 10, 20, 30, 40 mots. Des lettres, des mots et même des phrases complètes ont souvent été écrites deux fois, ou encore commencées pour être aussitôt annulées ; cette erreur grotesque par laquelle une clause est omise parce qu'elle se termine par les mêmes mots que la clause précédente, ne survient pas moins que 115 fois dans le Nouveau Testament. » Non seulement il a fallut attendre le 19ème siècle pour retrouver la Parole de Dieu, mais en plus de cela on la retrouve dans les poubelles…

John William Burgon avait même écrit à ce sujet : « Il m’est impossible de croire que la promesse de Dieu a tellement manquée, qu’à la fin de 1800 ans, il fallut que le texte de l’Evangile soit cueilli d’un panier à ordures du Couvent de St. Catherine par un critique allemand ! » Barry Burton ajoute : « En plus de tout cela, on a omis 237 mots, 452 paragraphes et 748 phrases entières des Évangiles seulement. Le Vaticanus était à la disposition des traducteurs de la bible "King James" (américaine) qui ne l'ont pas utilisé, puisqu'ils le savaient non fiable. »

Concernant le Codex B ou Vaticanus John William Burgon écrit dans son livre « Unholy hands on the Bible » (éditions Lafayette. Indiana) ceci : « Le Codex B (Vaticanus) quant à lui, comporte 589 variantes uniquement dans les Évangiles. Comparé avec le texte Reçu, le Codex B, omet 2877 mots, en remplace 935, en ajoute 526, change de place 2089 mots et en modifie 1132, soit un total de 7578 variantes. Le Codex B est très proche du Codex A, ce qui concerne les passages emprunts d’hérésie contre la personne de Jésus-Christ. En plus de tout cela, que penser des savants anglais Westcott et Hort qui ont déclaré que le Codex Vaticanus était la quintessence du « Texte Pur », privé d’influence et égal à l’original ? »

Mais voici aussi le constat établi par le révérend D. A. White, qui écrit (en page 41 de son livre "Defending the King James Bible") : « Le texte de Westcott et Hort modifie le Texte Reçu en plus de 5 600 endroits… Mon compte personnel remonte au 2 août 1984 et, au moyen du NOUVEAU TESTAMENT GREC de Scrivener, j'ai relevé 5 604 modifications apportées au Texte reçu par Westcott et Hort dans leur Nouveau Testament grec. De ces 5 604 modifications, j'ai noté :
1 952 omissions (35 %), 467 ajouts (8 %), 3 185 modifications (57 %).

À ces 5 604 endroits où on notait des modifications, on avait ajouté 4 366 mots, ce qui porte à 9 970 le nombre de mots grecs. C'est donc dire que dans un texte grec de 647 pages (p. ex., le texte de Scrivener), cela représente en moyenne des modifications à 15,4 mots par page du Texte Reçu. »

Matthieu 5.17. Ne pensez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes. Je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir.

18 En vérité je vous le dis, jusqu’à ce que le ciel et la terre passent, pas un seul iota, pas un seul trait de lettre de la loi ne passera, jusqu’à ce que tout soit arrivé.

19 Celui donc qui violera l’un de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire de même, sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux, mais celui qui les mettra en pratique et les enseignera, celui-là sera appelé grand dans le royaume des cieux.

20 Car je vous le dis, si votre justice n’est pas supérieure à celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux.



                     

Par : Karim Zentici

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[1] Misquoting Jesus par Bart D. Ehrman page 207-208

[2] * Le Texte Majoritaire (ou texte Reçu) est basé sur les anciens manuscrits et fut suivi jusqu’au 19ème siècle par toutes les églises du monde avant son abandon (même si aujourd’hui certaines bibles sont encore basées sur ce texte).
* Le texte Minoritaire est basé sur les fameux codex qui sont antérieurs au texte Reçu. Le texte Minoritaire est actuellement suivi et sert de traduction aux bibles modernes. Les Textes Minoritaires omettent environ 200 versets des textes sacrés. C'est l'équivalent de la première et seconde épîtres de Pierre.
D’après la critique textuelle moderne :
* Les Textes Minoritaires étaient le fruit du travail de scribes égyptiens ;
* Les Textes Minoritaires regorgent de modifications ; souvent, un simple manuscrit a été modifié par de nombreux scribes sur une période de plusieurs années : c'est une chose que les prêtres Aaroniques et les Massorètes n'auraient jamais tolérée pour la transcription des Écritures saintes.
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Message par Citizenkan Ven 24 Mar - 15:08



Dialogue entre un quiétiste et un chrétien flic

(Partie 6/1)



Le judaïsme, le christianisme et l'islamisme ont été enfantées par cette branche de la famille sémitique constituée par les juifs et les Arabes.

- Gustave Le Bon.[1]





L’Arabie heureuse, le (second) berceau de l’Humanité



…à la place d'un désert les nouveaux arrivants ont trouvé un paradis terrestre constitué de grandes prairies. L'occupation de ce nouvel Éden aurait duré plusieurs millénaires avant que l'homme ne poursuive sa conquête du monde.[2]



Le Prophète prédit que l’Heure de la fin du monde ne sonnera pas avant que la Péninsule arabique ne retrouve ses fleuves et sa végétation abondante.[3]

On a peine à se représenter l'Arabie autrement que comme une masse désertique de pierres et de sables, comme un brasier qui se consume lentement sous un soleil dévorant. Contrairement à beaucoup d'autres contrées du monde, c'est un pays où le rôle primordial de la terre a été confisqué au profit de la lumière et du ciel. Il semble avoir été façonné dans une substance immatérielle et ses horizons ressemblent moins à des paysages qu'à ces images incandescentes qui naissent au cœur du feu.
Pourtant, il n'en fut pas toujours ainsi. Car les historiens nous assurent qu'en des temps immémoriaux, quand l'Europe gisait ensevelie sous le linceul blanc de l'époque glacière, l'Arabie était une contrée verdoyante et fertile, irriguée par plusieurs fleuves, un pays souriant où les pâturages alternaient avec les forêts.
Quelle fut la vie de cette Arabie fraîche et boisée, où les sources bruissaient au fond des clairières ? Nous n'en savons rien, car aucun témoignage n'en est parvenu jusqu'à nous. Sans doute sa faune était-elle semblable à celle de l'Afrique et des Indes, entre lesquelles elle servait de trait d'union. On devait y rencontrer des mammouths et des aurochs, des buffles et des gazelles, des aigles et des léopards. Mais tout cela n'est plus.[4]

La « Mère des citées »

L’origine de la création et de la Loi provient de la Mecque,[5] la « Mère des citées » ; la « Mère de la création ». Le message Mohammadien y a pris ses racines pour étendre sa lumière ensuite sur toute la surface de la terre. Bekka est le point de repère des musulmans qui s’orientent vers elle au cours de leurs prières et pour le pèlerinage. Ils y trouvent des avantages aussi bien spirituels que matériels. À la première époque, l’Islam était plus prépondérant dans la région du Hijâz, mais le Levant prendra le relais. Plusieurs recueils de hadîth démontrent que le « règne prophétique » s’épanouit dans le Shâm et les alentours de Jérusalem qui est la terre du rassemblement, et la terre vers laquelle reviendront la création et la Loi. C’est le lieu du grand rassemblement des hommes.[6]



La terre du milieu pour les gens du milieu



Un ultime rendez-vous avec l’Histoire aura lieu dans l’éternelle Palestine, où sera écrite la dernière page des grands événements du monde. Ce sera l’Armageddon, et la lutte finale entre le bien et le mal, l’apothéose entre les armées du Mahdi et du Messie contre celles de l’Antéchrist. Cette époque connaitra un grand exode des Arabes de la Péninsule des origines vers le Shâm, la terre du milieu.

Um Shuraïk fille d’Abû el ‘Askar interpella l’Ami d’Allah (r) qui racontait en détail l’épisode eschatologique de l’Antéchrist : « Messager d’Allah, où seront les Arabes à cette époque ?

ils seront peu nombreux, assura-t-il, la plupart se trouveront à Jérusalem. Leur chef, un vertueux, se présentera pour présider la prière du matin, au moment où ‘Issa fils de Mariyam (u) descendra du ciel. L’Imam va se rétracter pour laisser la place au Prophète de Dieu. Mais, ce dernier posera sa main sur son épaule en guise de refus qu’il justifiera en ces termes : « C’est à toi de passer devant, la prière fut sollicitée pour toi. » Il renoncera à présider le rituel. Après l’office, le Messie s’écriera : « Ouvrez la porte ! » Derrière celle-ci, se tiendra le faux Messie entouré de soixante dix mille juifs bien armés ; chacun d’eux sera muni d’une épée ornée de teck (grand bois de l’Inde ndt.). Au moment où l’Antéchrist va regarder le Messie de la vérité, il va fondre comme le sel dans l’eau. Il voudra prendre la fuite, mais ‘Issa lui lancera au visage : « Je dois encore te porter un coup auquel tu ne peux échapper. » Il le rattrapera à la porte orientale de Loud où il lui assènera le coup fatal. »

Mais, avant ce dénouement, beaucoup d’évènements parsèmeront les pages du grand livre de la prophétie, avec cette Péninsule arabique en gestation, couvée par les éléments hostiles pour la lancer dans le grand bain quand son heure viendra. À travers l’Histoire, plus d’une armée se cassa les dents sur la torride muraille aride du soleil de plomb qui lance sur ses poursuivants les armes de la soif et de l’isolement, quand ce n’est pas le sable, le vent, la nuit glaciale, les scorpions et les serpents qui ont raison d’eux. Peu avant la naissance du Christ, Gaius Aelius Gallus l’apprit à ses dépens.[7]

Ce bout de désert devait rester en marge de la civilisation en attendant d’entrer en scène dans la grande fresque de l’Histoire des hommes.[8]

Les pouvoirs naissent dans l’austérité du désert

Selon l’anthropologue Ibn Khaldûn, les pouvoirs naissent dans l’austérité du désert, s’emparent des villes à la seconde génération, atteignent leur apogée à la troisième, mais perdent alors leur esprit de corps (‘asabîya), ce qui conduit à la décadence dans les générations suivantes, amollies par le luxe, abandonnées par les forces vives de la tribu, prêtes à être renversées par un nouveau pouvoir fort venu du désert. Si l’on songe au califat, la condition réaliste pour le candidat calife est d’être le maître d’une bonne tribu, bien décidée à guerroyer et à prendre le pouvoir. La religion n’apparaît que comme un renfort à cet esprit de corps, et sans lui elle est impuissante. La succession au califat est de même une affaire de force tribale.[9]

Le schéma est simple : des hordes rivales composées de guerriers chevronnés à peine civilisés se muent en Nation organisée qui, fort de son esprit de corps, détruit tout sur son passage, grâce notamment à ses armées légères, ambitieuses et conquérantes.[10] En face, des empires vieillissants, vautrés dans la luxure et le vice, imbus de ses fastes, mais portant en son sein les signes précurseurs de la décadence, avec la désagrégation de l’esprit de corps en tête d’escadron. L’oisiveté, la trahison, et la lâcheté sont les symptômes de la relative sécurité des murs ; on repose sur ses lauriers, las et saturés de l’ivresse ; on perd toute ambition et peu à peu la garde baisse.

Les intellectuels en manque de sensation, en arrivent à discourir, à spéculer sur la nature de Dieu, à la manière des grecques qui le payèrent lourdement avec le sac d’Athènes et sa fameuse bibliothèque prise pour cible par les barbares sans délicatesse, et à travers lesquels le fléau du ciel s’abat sur un peuple pécheur.[11] L’Héritage grecque, ce cadeau mielleusement enrobé des germes de l’autodestruction sera transmis aux Arabes qui en goutteront les fruits amers avec le pillage de Bagdad aux mains des sanguinaires mongols et leur soif de tuerie impitoyable ! L’eau de l’Euphrate changea de couleur à deux reprises : inondé du sang de ses victimes, il passa du rouge vif au bleu écarlate de l’encre des livres de la Bibliothèque hellénisée de la « cité de la paix » et des « Lumières » ![12]

L’approche philosophique du djihad


L’homme est par nature un animal guerrier. Celui-ci est conditionné à se munir de tous les moyens à même d’assurer sa préservation. En parallèle, il éloigne de lui tout ce qui porte atteinte à sa survie, et qui met à mal ses besoins fondamentaux, dits « primaires ». Une fois ces besoins assouvis, il augmente son niveau d’exigence dans sa quête vers un confort minimum (nourriture, habitat, habillement, etc.) qui remplit ses besoins secondaires.



La présence de deux clans ou tributs organisés autour d’un point d’eau, d’un troupeau, de territoires agricoles est une source de conflit indubitable. Ainsi, pour remédier à ses besoins de survie, Dieu l’a doté de deux sentiments antagonistes indispensables à son maintient : l’amour et la haine. L’amour de son clan, ses amis, et la haine de la tribu voisine, ses ennemis.



C’est pourquoi, le maintient des sociétés et de toute organisation humaine est soumis à deux principes, deux nécessités ; la confiance mutuelle ou la loyauté, et le partage des biens ou la générosité. Ces deux notions étant liées, on retrouve vanter leurs vertus et prôner dans toutes les civilisations, en parallèle aux vertus de la guerre et du courage face à l’ennemi nuisible dont les intérêts sont nécessairement antagonistes dans la mesure où ils convoitent mutuellement la même chose.



Or, l’homme est par nature également cupide, pour les raisons identiques de survie, qu’il manifeste à tord ou à raison, à intensité variable. En outre, dans le domaine où il les utilise à moins bon escient, c’est pour réaliser ses besoins tertiaires, plus ou moins superficiels ou tout au moins ceux qu’il est capable de partager en faisant des concessions avec ses voisins. Ces notions élémentaires réfutent irrémédiablement les philosophies utopistes basées sur le principe que l’homme tend à la perfection, en sortant de son côté animal pour atteindre l’apogée, vers sa nature angélique et se substituer à Dieu ou devenir Dieu, dans un paradis terrestre et éternel, sans guerre ni haine, baignant dans un climat de paix universelle.[13]



De plus, plus géographiquement un clan s’éloigne d’un autre, plus leurs objectifs seront différents et contradictoires en dehors de leurs intérêts communs et universels. Cela s’explique pour des raisons très simples de distance, de climat, d’adaptation différente, du contexte social, topographique, démographique, etc. même si la proximité peut engendrer la haine, la distance est un paramètre d’autant plus important que l’inconnu fait peur, et que l’autre nous répugne du fait de sa différence. Qui ignore haït ! Que dire si les intérêts communs deviennent non seulement contradictoires, mais accessibles (condition sine qua none pour que l’affrontement puisse avoir lieu) !



Sheïkh el Islam ibn Taïmiya explique : « Les groupes humains doivent leur survie à leur besoin commun de s'accaparer les biens et de parer au mal. Les alliances et les pactes sont issus de cette entente mutuelle. Il est communément admis par les habitants de la terre, – constat qui est très palpable autour de soi – que la loyauté envers ses engagements était une qualité impérieuse pour régir les rapports entre les uns et les autres, bien qu’ils ne soient pas toujours respectés. Les hommes s'accordent aussi sur les principes universels de justice et d’honnêteté qu'il est primordial d'établir entre eux. L’entente mutuelle et les accords consentis dans le sens de ce qui leur est utile (s'approprier les bonnes choses et repousser les mauvaises choses), représente un facteur indispensable dans leur quête mutuelle et solidaires des besoins.



Ils sont soumis à la nécessité de s'entraider les uns les autres à acquérir les biens à même d’assurer leur survie, et à s'éloigner des dangers nuisibles et des périls. Matériellement, nécessité oblige, cet accord est souvent tacite, et les modalités verbales deviennent superflues. Une association solidaire s’impose instinctivement. Le lien de sang par exemple, la proximité, au sein d’une même famille ou d'une même ville va naturellement canaliser les efforts vers un objectif commun qui garantit l’épanouissement individuel.



Cette association s'établit parfois de leur propre initiative qui se matérialise à travers les pactes qui bénéficient à tous les intéressés. D'autres fois, celle-ci se réalise par une action extérieure du Seigneur qui regroupe ces deux principes dans le Verset : (Et craignez Allah par qui vous nouez des pactes, et ne rompez pas le lien de sang).[14]

Dans cette même sourate, le Très-Haut évoque les démarches et les liens qui aboutissent à des pactes et à des ententes : (Il est celui qui a créé l'être humain à partir de l'eau, et qui lui a accordé une parenté par le sang et par alliance)[15] ; (Ceux qui sont fidèles à l'engagement qu’ils ont noué avec Leur Seigneur et qui ne trahissent pas leur alliance • Ceux qui ne rompent pas les liens qu’il a ordonné d’entretenir)[16] ; (mais Il n’égare que les pervers • ceux qui violent le pacte qu’ils ont noué avec Allah, et qui rompent les liens qu’Il leur a enjoint d’entretenir).[17]



Ainsi, chaque regroupement humain qui doit son existence à une proximité matérielle, physiologique ou conventionnelle réclame une entraide dans la réalisation des besoins de ses membres et pour assurer sa défense ; cette alliance va déterminer les alliés qui rapportent des bienfaits au groupe et les ennemis qui représentent un danger potentiel ou réel. La nécessité oblige chaque individu à se désigner des alliés et des ennemis.



C'est pourquoi, toutes les civilisations vantent les vertus du courage et de la générosité ; la générosité par laquelle elles assouvissent leurs dépenses pécuniaires, matérielles, etc. et le courage qui est un précieux ami lors d’une entreprise militaire ayant pour but de repousser un ennemi dangereux. Toute société est vouée à l’extinction si elle ne fournit pas ses deux paramètres de survie qui sont maintenus grâce à l’esprit de justice jouant un rôle de régulateur dans les associations et les échanges.



Il devient clair que toute entreprise humaine revêt indubitablement un acte solidaire, qui, pour le meilleur et pour le pire, exige des alliances, et une certaine force ; la volonté étant à l'origine de ces pactes, d'où le Verset : ( Et craignez Allah par qui vous nouez des pactes),[18] c-à-d, qu'ils formulent des pactes, et des alliances.



Chaque mouvement provient nécessairement de la volonté et de la capacité. Les communautés éprouvent l’intérêt, pour leur préservation, d’harmoniser leurs ambitions à ces deux niveaux. Il y a d’abord une solidarité qui se crée dans les faits par le biais de la volonté, et du volontariat. Cette solidarité bien huilée va générer une force (une capacité) qui va se tourner vers l’extérieur en vue de mettre en déroute les intentions hostiles d’un ennemi menaçant et, par-là même de s’emparer des butins qui résultent de ces affrontements.

Dans cet ordre d’idées, nous avons les relations sexuelles que légalise un contrat de mariage à la suite d’une volonté commune quand le consentement des deux parties est obtenu de plein gré ou par le biais de l'esclavage qui est une forme de soumission imposée par la force. Les membres du groupe sont aussi associés dans les biens et la défense en vertu des alliances mutuelles qui les unissent ou sous l'autorité d'un homme de pouvoir à qui ils doivent obéissance.



Par conséquent, cette relation est obtenue :

Primo : par l'intermédiaire de pactes.

Secundo : par une obéissance implicite qu'elle soit légitime ou non.



L’obéissance légitime est celle que le Tout-Puissant nous impose ; celle-ci est échue aux prophètes, aux responsables de l'autorité musulmane, aux parents, etc. En outre, nous avons les relations qui engagent des intérêts réciproques, le but étant de satisfaire tout le monde sans ne léser personne.

Quant à celle qui n'a aucune légitimité, elle correspond, à titre d'exemple, à l'assouvissement aux despotes et aux individus encensés à tort. Toute communauté non soumise à aucune autorité dans toutes ses affaires doit nécessairement être unis par des alliances et des pactes qui sortent de la compétence de l'autorité.



Ainsi, il y a un contrat social qui parfois est imposé par Dieu (la Législation révélée du Seigneur, les actions que l'on doit à Dieu, les devoirs mutuels). D’autres fois, il est mis en vigueur par les engagements auxquels les gens s'astreignent. »[19]



À suivre…

                     

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/




[1] Les plus anciennes traditions des Arabes ne remontent pas au-delà d'Abraham, mais la linguistique nous prouve qu'à une époque beaucoup plus reculée, toutes ces vastes régions comprises entre le Caucase et le sud de l'Arabie étaient habitées sinon par une même race, au moins par des peuples parlant la même langue. L'étude des langues dites sémitiques démontre en effet que l'hébreu, le phénicien, le syriaque, l'assyrien, le chaldéen et l'arabe ont une étroite parenté et par conséquent une commune origine.

Gustave Le Bon.

[2] Voir : http://www.lepoint.fr/actu-science/histoire-de-l-homme-nous-sommes-tous-des-arabes-27-01-2012-1424481_59.php#xtor=CS2-239

[3] Au cœur du désert le plus sec d'Arabie, McClure a démontré l'existence de deux périodes humides au cours des 30 derniers millénaires. Les lacs, de forme allongée, avaient parfois plusieurs kilomètres de longueur. D'après l'épaisseur des différentes couches, McClure estime que ces lacs ont pu avoir de l'eau en permanence durant un certain temps : de plusieurs années à plusieurs centaines d'années. Les Ostracodes sont abondants mais certains lits contiennent des foraminifères d'eaux saumâtres témoignant de périodes d'assèchement relatif. On n'a retrouvé ni restes de poissons ni restes d'oiseaux, mais les os de Vertébrés sont assez abondants, avec une faune comprenant non seulement des oryx et des gazelles, mais aussi des bovidés comme Bos primigenius et Bubalus (Alcelaphus busephalus) et, même, le genre Hippopotamus, qui exige une eau permanente. McClure estime qu'à cette époque, en raison de pluies de mousson estivales assez marquées, les dunes, stabilisées, étaient couvertes d'une végétation arbustive ou herbacée du type actuel, mais beaucoup plus dense et luxuriante qu'aujourd'hui.  
Voir : http://www.persee.fr/docAsPDF/paleo_0153-9345_1992_num_18_1_4560.pdf
[4] Jacques Benoist-Méchin, Ibn Séoud ou la naissance d’un royaume.

Les chasseurs du Rub Al-Khali chassaient l'oryx, la gazelle, le guépard, le chacal, l'hyène, le renard et l'autruche. Les lacs, nombreux, couvraient chacun plusieurs km2 et certains, comme celui de Jubba, étaient très vastes. s. A la base des séries, les diatomées sont indicatrices d'eaux stagnantes (Synedra ulna, Amphora ovalis, Cymbella cistula), mais au-dessus elles témoignent de la présence d'eaux douces (Stephano-discus, Cycloîella) telles qu'on en trouve aux latitudes moyennes, avec des profondeurs de l'ordre de la dizaine de mètres.
Whitney remarque que les terrasses holocènes d'Arabie occidentale sont essentiellement formées de limons qui se seraient déposés à l'Holocène inférieur et moyen, durant une phase humide qui aurait permis l'établissement d'une couverture végétale assez dense, et auraient été ensuite remaniés par le ruissellement.
Voir : http://www.persee.fr/docAsPDF/paleo_0153-9345_1992_num_18_1_4560.pdf
[5] C’est l’endroit à partir duquel Allah étendit la terre au début de la création comme nous l’informe plusieurs hadith et annales dont l’authenticité est plus qu’hypothétique. Voir : Fadhâil Makka du D. Mohammed Ghabbân (1/456-471).

[6] Voir : El jawâb as-sahîh li man baddala dîn el Massîh d’ibn Taïmiya.

[7] https://fr.wikipedia.org/wiki/Caius_Aelius_Gallus

[8] Voir : http://mizab.over-blog.com/article-the-kingdom-of-heaven-partie1-66674889.html

[9] http://books.openedition.org/puam/1043

[10] En voici un exemple historique en Syrie qui se reproduira avec les conquêtes musulmanes : https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Carrhes

[11] https://fr.wikipedia.org/wiki/480_av._J.-C.

[12] Voir : http://mizab.over-blog.com/2016/01/la-philosophie-grecque-un-ingredient-du-declin-partie-1.html

[13] C’est ce vers quoi tend certainement l’Ordre international, quoi que dans le fond honorable, si on fait abstraction de ses ambitions hégémoniques.

[14]  Les femmes ; 1

[15]  El Fourqan ; 54

[16]  Le tonnerre ; 20-21

[17]  La vache ; 26-27

[18]  Les femmes ; 1

[19] qâ’ida fî el mahabba (traité de l’amour en Dieu).
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Message par Citizenkan Sam 25 Mar - 13:58




Dialogue entre un quiétiste et un chrétien flic

(Partie 6/2)



La transcendance du djihad



Pour sa survie, l’Homme est animé d’amour et de haine. De l’amour pour son clan et ses proches aux dépens des gens moins proches, dont les ambitions contradictoires l’oblige à les prendre en ennemis, à les haïr. Or, le summum du sentiment positif est transcendantal et spirituel, car le cœur a des fonctions temporelles certes, mais sa fonction première est céleste. Autrement dit, Dieu a insufflé l’âme humaine dans l’instrument du cœur pour qu’en retour il Lui soit reconnaissant à travers son adoration unique : (Nous avons révélé à tous les messagers que Nous avons envoyé avant toi qu’il n’y a d’autre dieu en dehors de Moi, alors adorez-Moi)[1] ; [Nous avons envoyé à chaque communauté un messager [disant] : adorez Allah et éloignez-vous du tâghût].[2]



« L’adoration dans son essence, nous dit ibn Taïmiya, se compose à la fois de la plus grande ferveur et de la plus grande humilité. L’adorateur est donc fervent et soumis, contrairement au fervent non soumis, qui aime uniquement pour des raisons d’intérêt, le faisant accéder à d’autres bienfaits. Contrairement aussi aux soumis non fervents dans les sentiments, à l’exemple des sujets d’un tyran. Ces deux types de comportement ne réunissent pas les conditions les propulsant au degré de l’adoration absolue. Chaque être encensé envers qui l’on dédit la ferveur en dehors de Dieu, se voit attribuer une part d’adoration. »



C’est le message ancestral de tous les Prophètes et Messagers dont la Mission est de professer aux hommes l’unicité du culte ; dévouer à Dieu l’adoration exclusive et sincère qu’Il mérite comme le stipule le Verset : (Adorez Allah, vous n’avez point de dieu en dehors de Lui).[1]



Ibn Taïmiya théorise la chose



L’être humain décèle en lui trois forces nécessaires à sa survie : la raison, la colère, et les passions. La première, qui le distingue des autres espèces et qu’il partage avec les anges, est la plus noble. L’homme est pourvu de la raison et des envies, tandis que l’animal jouit des envies sans la raison, et l’ange détient une raison, mais sans envie. Quand la raison domine, on a plus de mérite que les gardiens du ciel et quand on succombe à ses désirs, on tend vers la nature animale. La colère grâce à laquelle on pare les dangers, prend la seconde place d’importance, devant les désirs qui servent à accaparer les choses utiles.



Il existe donc deux types d’instinct qui vont moduler le comportement et qui sont antagonistes : l’instinct d’attirance qui va engendrer l’amour, la volonté, etc. et l’instinct de rejet, d’éloignement qui provoque la haine, l’aversion, la répugnance, etc.



L’attirance et la répulsion sont communes à l’animal et à l’homme, mais seul ce dernier est doté de la raison, de la foi, de la spiritualité et du libre-arbitre. La mécréance entre dans cet ensemble et est donc spécifique à l’être doué de la parole. On ne parle pas de mécréance pour les créatures non douées de raison ni des pulsions.



La mécréance est une corruption de la raison, de la même façon que le meurtre est une corruption de la colère, et que l’adultère est une corruption de l’amour et des plaisirs. Nous avons affaire ici aux trois principaux péchés capitaux, si l’on sait que la mécréance remet en cause la raison qui explique la présence de l’homme sur terre, et qui n’est autre que l’adoration du Dieu unique ; le meurtre détériore le maintien du corps et de l’individu présent, et l’adultère perturbe le maintien de l’espèce et de l’individu futur, d’où l’ordre décroissant de gravité : la mécréance, le meurtre, et l’adultère.



Pour expliquer cet ordre sous un autre angle, nous pouvons dire que la mécréance corrompt l’âme et le cœur ; le meurtre corrompt son enveloppe, le corps, et l’adultère s’attaque à ce qui maintient son existence et sa pérennité ; il est donc plus grave de s’attaquer à l’existence effective qu’à l’existence potentielle. Au demeurant, l’homosexualité est pire que l’adultère.



Ibn Taïmiya considère que les Arabes, les Romains, et les Perses sont les nations qui incarnent le mieux les valeurs humaines, en regard des trois forces que nous venons de citer. Les autres ethnies (les Turcs, les peuples du Soudan, etc.) s’inscrivent au second plan. Ces trois nations méritaient donc de s’accaparer le Croissant fertile, la « terre du milieu » dans toute sa largeur et sa longueur. Si les Arabes ont un ascendant pour la raison, l’éloquence, et la parole, les Romains penchent plus vers les plaisirs notamment du ventre et de la chaire, tandis que la colère, le pouvoir, un fort « patriotisme » ou la défense des siens sont les valeurs qui prévalent chez les Perses.



Ces ascendants, qui touchent indistinctement les gens des villes et des campagnes, permettent de classer ces trois nations entre elles : d’abord, les Arabes, puis les Perses (la colère étant plus précieuse que l’amour) qui viennent devant les Romains.



Le savoir, la foi, et l’intelligence représentent la raison à son paroxysme, tandis que le courage incarne la colère dans toute sa plénitude ; la sagesse, qui a pour alter égo la générosité est le degré le plus élevé du courage ; et la chasteté reflète le summum de l’amour et des désirs.



Un homme modéré associe à la fois la générosité et la chasteté, le courage et la sagesse. La générosité est synonyme de douceur, de tendresse, tandis que le courage relève de la dureté et de la rudesse. La victoire est le fruit de la colère, et l’amour récolte la richesse ; la victoire et la richesse, ces deux piliers de la civilisation, sont souvent juxtaposés dans les textes scripturaires et dans la Littérature d’origine diverse.



Pour parachever ce tableau d’ensemble, il manque un élément et non des moindres : la justice qui vient harmoniser, ajuster les trois vertus pratiques : la générosité, le courage, et la chasteté. Celle-ci, la justice, joue le rôle de modérateur afin d’éviter les excès en tout genre.



Les trois forces inhérentes servent également de marqueur qui trace les frontières entre les adeptes des trois grandes religions : les musulmans, les juifs, et les chrétiens.

Les premiers se caractérisent par la raison, le savoir et la modération ; la Parole d’Allah a généré la lumière de la connaissance à la nation du milieu.



Les juifs sont peu portés vers les plaisirs ; cette particularité s’est manifestée dans la Loi qui interdit certains aliments et vêtements, et qui enjoint à la dureté et à la force. L’Ancien Testament met plus souvent l’accent sur leur cœur dur que sur les péchés de la chaire et du ventre. À l’inverse, le Nouveau Testament bannit la vendetta aux chrétiens peu enclins à la colère, mais qui ont un goût prononcé pour les jouissances éphémères. Cela explique l’abrogation de certains éléments interdits ; et leur attrait pour les mets et les loisirs de toute sorte fait cruellement défaut aux hébreux. Les adeptes de Jésus sont beaucoup plus sensibles et magnanimes que les fils d’Israël ; la pitié et la tendresse inondent leur cœur perméable aux péchés charnels (dans le sens épicurien du terme). Ils sont beaucoup plus réceptifs aux commandements bibliques qui vantent les vertus de la victoire que celles de la richesse.



Dans les rangs musulmans, nombre de soufis et de légistes ont des affinités avec les mœurs chrétiennes (‘isâwiya) qui ne sont pas toujours frappées du sceau de la légitimité. Coureurs de jupons invétérés, pédophiles en puissance, ils se laissent emportés par les chants liturgiques. Or, les légistes sont plus animés par l’ascendant juif (mûsawiya) qui fait d’eux de redoutables et opiniâtres polémistes. La piété étant loin d’être leur qualité première, ils se laissent dominer par l’orgueil qui transforme leurs joutes verbales en de véritables dialogues de sourd.



L’amour est la principale force d’attraction, et la haine est la source de la force de répulsion (la colère et la haine vont de paire). L’amour et la haine sont donc à l’origine de tous les sentiments. Le don provient de l’amour qui est mu par un élan de générosité, la protection et la défense des personnes et des biens émanent de la colère. Celle-ci est probablement une forme particulière de haine qui se traduit sous la forme de l’agressivité déclenchée par l’envie d’assouvir un sentiment de vengeance, de soulagement. Cette colère particulière s’oppose, aux yeux de certains théologiens du kalâm, à la répulsion, mais en règle générale, la colère répulsive est le contraire de la force d’attraction qui enclenche l’amour. C’est grâce à la force d’attraction que le fidèle se soumet à ses obligations religieuses, et c’est la force de répulsion qui l’éloigne des interdits. L’amour pousse à répandre le bien et à l’encourager, et la haine incite à prohiber le mal et à mettre en garde contre ses méfaits. L’instinct de colère a un effet dissuasif et assure la justice et la sécurité au sein des sociétés, notamment au niveau des trésors publics et des tribunaux. L’excellence et la charité sont le fruit de l’instinct d’attraction.



Repousser le mal procure une sensation de bien-être que chérit la nature humaine et que corrobore la religion. La crainte d’Allah, par exemple, tient une grande place dans les textes qui promettent à ses tenants la meilleure récompense ici-bas et dans l’au-delà. Et, par nature, les hommes, particulièrement ceux qui détiennent les richesses, encensent ceux parmi eux qui les sauvent d’un danger ou d’un ennemi, en sachant que la réciproque est moins vraie. La richesse ne peut, en tout état de cause, s’épanouir sans la force, qui, elle, jouit d’une plus grande autonomie. Ce constat reste, malgré tout, aléatoire, et il serait plus juste de dire que si la richesse est plus aimée, la force est plus respectée.



Ainsi, repousser le mal procure un bien-être grâce à la colère, qui, comme nous l’avons vu, est prépondérante à l’amour. Les patrimoines culturels prisent avec entrain leurs glorieux héros et louent avec emphase leurs fastes, eux qui bravent les dangers, et qui cristallisent la haine de l’ennemi, à la grande admiration du peuple. Les nantis, moins exposés au péril, jouissent d’une moins grande popularité.



Or, cette thèse ne résiste pas à la critique, car, la force d’attraction est sollicitée pour obtenir les choses convoitées, et leur privation crée une frustration. Par ailleurs, il n’est pas évident que la répulsion soit plus forte, étant donné qu’en principe, l’attraction s’inscrit en amont ; c’est quand on aspire à des bienfaits qu’on cherche à repousser leurs méfaits. De ce point de vue, la répulsion, qui n’est qu’une réaction à une situation, se met au service de l’attraction qui est une fin en soi.



La répulsion n’a donc pas toujours lieu d’être, contrairement à l’amour, le moteur de l’existence et des aspirations. La haine n’est que l’instrument à même de mettre le sentiment positif dans les meilleures conditions. D’où le hadîth : « Lorsqu’Allah fit la création, Il écrivit dans un livre qui se trouve auprès de Lui au-dessus du Trône : « Ma Miséricorde devance Ma Colère. » »[3] Le mal n’est pas imputé aux Noms et Attributs du Tout-Puissant, mais uniquement à Ses actions.



Par ailleurs, la piété est précieuse dans le sens où elle s’érige comme un rempart devant toutes les incursions qui mettent à mal la nature saine de l’homme dont l’instinct le dirige vers le Seigneur des cieux et de la terre, sans dépenser le moindre effort. C’est pourquoi, la mission des prophètes ne s’encombraient pas d’expliquer à leurs peuples que Dieu existe, puisque tout le monde le sait, mais l’accent était mis sur l’obligation de Lui vouer le culte exclusif qu’Il ne partage avec aucune créature. Le monothéisme met à contribution les deux forces innées : l’amour de l’unicité et la haine de l’association. Cette dualité qui est en parfaite adéquation avec la nature humaine matérialise l’essence de la religion.



Les sociétés s’organisent autour d’une politique qui réprime l’injustice (ex. : l’usure) et qui prônent les échanges productifs et la  solidarité citoyenne (ex. : l’aumône légale).



Deux catégories d’individus se sont égarées à l’égard de l’amour qui est à l’origine de tout acte religieux. D’un côté, nous avons les mûsawites (les théologiens du kalam et les légistes) qui, pour des raisons scolastiques, renient l’Attribut de l’Amour imputé au Très-Haut, et qui, fort de leurs élucubrations intellectuelles, négligent les actes : faites ce que je vous dis, et non pas ce que je fais !

En parallèle, pointent les îsâwites (les soufis et les ascètes) qui partagent leur amour entre la divinité absolue et de vulgaires créatures (le culte des saints) ; leur amour est aussi parasité par des pulsions perverses (les chants liturgiques, les femmes, les imberbes, etc.). D’autre part, ils arborent de l’aversion envers le sentiment légitime de haine en Dieu, et affiche un laxisme outrancier qu’ils traduisent par un manque d’entrain flagrant à répandre la morale.



Les mûsawites et les îsâwites sont les deux faces d’une même pièce avec d’un côté les égarés qui privilégie l’amour à la haine ; ceux-ci sont mus par une bonne volonté et un sentiment positif débordant qu’ils ne savent pas maitriser en raison de leur manque de culture prophétique. Ils sombrent donc dans l’excès par la fenêtre de l’amour en s’imprégnant du paganisme, et d’ascétisme hérétique (les plus extrémistes se retirent de la société pour s’enfermer dans une vie monacale). Ils vacillent entre l’amour légitime et l’amour hérétique. Ils aiment à la fois le vrai et le faux.  Les seconds, qui sacrifient l’amour au profit de la haine, sont frappés par la colère divine. Imprégné de l’héritage prophétique, ils ne mettent pas leur érudition au service du culte, et n’éprouvent aucun élan pour la dévotion. Ils n’aiment ni le vrai ni le faux.



Les uns ont le mérite d’aimer et de reconnaitre la vérité, et les autres de détester et de contester le faux !



Entre les deux, la voie du milieu…[4]



À suivre…

                     

Par : Karim Zentici

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[1] Les Prophètes ; 25

[2] Les abeilles ; 36

[3] Rapporté par el Bukhârî (n° 3194), et Muslim (n° 2571).

[4] Majmû’ el fatâwâ (15/428-441).
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Message par Citizenkan Dim 26 Mar - 14:46





Dialogue entre un quiétiste et un chrétien flic

(Partie 6/3)



La religion médiane entre l’excellence et la justice



Ibn Taïmiya souligne qu’il existe trois sortes de Loi céleste : une loi basée sur l’excellence, une loi basée sur la justice, et une loi qui réunit à la fois l’excellence et la justice dans le sens où elle ordonne la justice et recommande l’excellence (à un niveau moindre). En ce sens, le Coran offre la Loi la plus complète possible, car il réunit la justice et l’excellence.



Nous ne contestons pas que Moïse (u) ait pu ordonner la justice et recommander l’excellence à l’instar du Messie. Quant à prétendre que Jésus ordonnait l’excellence et qu’il interdisait à l’opprimé de se faire justice ou que Mûsâ ne prônait pas la charité, c’est se méprendre au sujet des différentes missions prophétiques. Nous pouvons avancer en revanche que la Thora est essentiellement basée sur la justice, à l’inverse de l’Évangile qui axe son message sur l’excellence.



Le Coran pour sa part a la particularité de proposer une harmonie parfaite entre ces deux notions (ou encore de les utiliser à leur paroxysme ndt.). Quant à l’Injîl, il ne propose pas une Législation autonome, il n’y est pas question des notions de l’Unicité, de la création du monde, ou encore des aventures des prophètes avec leurs différents peuples. Il se contente pour ces notions-là de renvoyer la plupart du temps à la Thora.



Néanmoins, le Messie a proscrit certaines interdictions de l’Ancien Testament et prône notamment la vertu, la clémence vis-à-vis de l’injuste, l’endurance face aux nuisances, l’abstinence dans ce bas monde ; il s’est servi de paraboles pour expliquer ces notions. Le Nouveau Testament se distingue en gros de la Thora à travers les vertus qu’il encourage, l’ascétisme qu’il recommande, et certaines proscriptions des interdictions dont étaient frappés les adeptes du Livre avant lui.



Cependant, le Coran n’a rien à lui envier de ce côté-là ; il est même plus enrichissant. Il n’y a pas un savoir utile ni une œuvre pieuse que la Thora, l’Évangile ou la prophétie en général propose sans qu’il n’en fasse autant, voire mieux. Celui-ci se distingue toutefois par des enseignements qui sont inexistants dans les livres anciens. La Thora penche plus vers la rigueur et la dureté tandis que l’évangile penche plutôt vers la douceur et la tolérance. Le Coran pour sa part se trouve au juste milieu en réunissant ces deux qualités à la fois comme le formule le Verset : (Ainsi, Nous avons fait de vous une communauté médiane afin que vous soyez des témoins à l’encontre les hommes).[1] Le Seigneur décrit la communauté du Prophète (r) de la façon suivante : (Mohammed le Messager d’Allah et ceux qui le suivent sont durs envers les mécréants et charitables entre eux).[2] Il a dit également : (Allah viendra alors avec un peuple qu’Il aime et qui L’aiment ; humbles envers les croyants et fiers envers les infidèles).[3]



Ainsi, le Prophète de l’Islam (r) qui est le meilleur et le plus parfait d’entre tous était à la fois le Prophète de la Miséricorde et le Prophète de la guerre.[4] En cela, il est plus parfait que celui qui inclinerait plus soit vers la dureté soit vers la douceur. Pour expliquer cette prépondérance et cette répartition des sentiments dont se distingue chaque communauté, une certaine hypothèse assume que les juifs vivaient sous la domination et la persécution de Pharaon. Face à cet état d’esclavage et d’humiliation, il leur fut légiféré la colère afin de se défendre et pour les rendre plus courageux, mais ces derniers n’ont pas répondu à l’ordre de Moïse lorsqu’il leur ordonna d’entrer en terre de Canaan[5] sous prétexte qu’elle était habitée par des géants.[6] (…)



Cependant, après qu’Allah leur ai offert le triomphe, le pouvoir fut emparé par des rois à la fleur de l’âge qui firent régner la tyrannie à la manière de Pharaon. La mission de ‘Îsâ offrait de nouvelles dispositions ; celle-ci fut basée essentiellement sur l’indulgence, la vertu, et la douceur pour remédier à l’esprit dur et tyrannique dont les juifs s’étaient investis. Dès lors, les adeptes de la nouvelle religion étaient tellement doux qu’ils sombrèrent dans le laxisme ; ils ont ainsi renoncé à répandre la morale (ordonner le bien et interdire le mal) et à la « Guerre Sainte » ; ils ne voulaient même plus appliquer la justice entre eux et les peines corporelles. Les plus pieux d’entre eux se retiraient dans des monastères. Or, si les chrétiens sont laxistes quant il s’agit d’appliquer les lois de Dieu, ils sont obscurantistes quant il s’agit de suivre leurs autorités religieuses, de dominer, et de s’accaparer les richesses des hommes comme en témoignent les épisodes noirs qui traversent leur histoire…



Si les premiers chrétiens furent persécutés, quand ils eurent le pouvoir – à l’image de leur premier Empereur qui imposa par le glaive la religion qui lui fut dictée au Concile de Nicée, et qui fit massacrer ses opposants parmi les « gentils » en commençant par les juifs – leurs rois n’y allaient pas de main morte avec leurs sujets bien qu’ils n’appliquaient pas les Lois d’Allah. Ils faisaient impunément couler le sang des innocents que ce soit sous l’égide de leurs savants et de leurs dévots ou bien au gré de leurs propres caprices. En cela, ils n’étaient pas différents des juifs.



En revanche, Mohammed (r) propose une Législation parfaite et modérée qui ne sombre ni d’un côté ni de l’autre. Ses adeptes sont durs envers les ennemis d’Allah et doux envers Ses élus. Ils sont cléments et indulgents lorsqu’il s’agit de leurs intérêts personnels, mais ils sont intransigeants quand les droits du Seigneur sont en jeu. Cette religion est plus prompt à la vertu et aux bonnes mœurs que l’Évangile, mais elle est aussi plus prompt à la guerre sur le sentier d’Allah et à la justice que la Thora ; elle incarne le summum de la perfection. C’est ainsi que certains ont pu dire que Moïse incarnait la majesté, Jésus incarnait la beauté, et Mohammed la perfection…



Les philosophes reconnaissent eux-mêmes que le monde n’a jamais connu un « génie » (Nâmûs : traduction très approximative) comme Mohammed. Ils lui reconnaissent même une prépondérance par rapport à Mûsâ (u) et à ‘Îsâ (u). Pourtant, ils ne manquent pas de dénigrer les grands hommes des autres civilisations, mais ils n’ont pas osé le faire avec le sceau des prophètes, en dehors de quelques marginaux qui enfreignent l’éthique philosophique enjoignant de fonder les jugements sur la science et l’objectivité.



Avant l’avènement de la Thora, par une Loi universelle, Allah frappait d’un châtiment tous les peuples qui reniaient ses envoyés. Il fit périr le peuple de Noé sous les eaux, le peuple de Hûd par un vent glacial, celui de Sâlih par un cri strident, le peuple de Shu’aïb par une canicule, celui de Loth par une tempête de pierres (selon l’une des opinions ndt.), et celui de Pharaon par la noyade. Après la révélation de la Thora, il fut prescrit la « Guerre Sainte » pour les détenteurs du Livre ; si certains d’entre eux ont vaillamment répondu à cet appel, d’autres y ont renoncé. Ainsi, il y avait désormais deux moyens de répandre la lumière prophétique ; le savoir et la force…[7]



En cela, il n’y a rien de nouveau dans la mission de Mohammed, si ce n’est qu’il a apporté la plus parfaite et la plus répandue des religions qui restera universelle jusqu’à la fin des temps, et cela sans ne jamais subir ni réforme ni abrogation.



C’est à leurs fruits qu’on les reconnait, et comme le souligne ibn Taïmiya, les Arabes ont construit une civilisation d’une ampleur jamais égalée et, qui plus est, en un temps record ; il dit mot-à-mot qu’ils firent en une période très courte ce qui réclame beaucoup plus de temps chez les autres peuples. Ce constat n’a rien de chauvin, puisqu’il fut repris par des occidentaux des temps modernes dont on ne peut soupçonner l’objectivité, comme en témoignent nombre de citations qui parsèment cette série d’articles…



Le triomphe de la barbarie sur la civilisation   



Stoppée en Occident par la victoire de Charles Martel, bloquée devant Byzance par la résistance de Léon III et de Justinien II, l’expansion arabe avait atteint en 743, des limites qu’elle ne dépasserait plus. Grâce à la force des Francs et à la ténacité des Grecs, l’Europe devait rester en dehors de son emprise. Mais la domination musulmane ne s’en étendait pas moins de Narbonne à Kashgar ; et le Calife, « cette image de la divinité sur terre » se trouvait à la tête d’un empire plus vaste que ceux de Darius ou d’Alexandre le Grand.



Jamais entreprise aussi considérable n’avait été réalisée en un aussi petit laps de temps, et les chroniqueurs de l’époque n’eurent pas tort de la comparer à une tempête. Plus de douze mille kilomètres séparaient les positions extrêmes occupées par les Arabes en Orient et en Occident. Pourtant il ne s’était écoulé que cent vingt-deux ans depuis le serment d’Akaba, c’est-à-dire depuis le jour où, rassemblant autour de lui une quarantaine de guerriers, Mahomet avait constitué le noyau initial des armées islamiques.[8]



Dans une partie précédente, nous ramenions les témoignages de Gustave Le bon et d’Adolphe Hitler qui regrettaient presque qu’un certain Martel, Charles de son prénom, prennent le dessus sur les armées musulmanes porteuses des lumières de l’époque. On peut trouver ces témoignages douteux, mais que dire du Pr Claude Farrère de l’Académie française qui déplore cette triste réalité ? « L’an 732 de notre ère, une catastrophe, la plus néfaste peut-être de tout le Moyen-âge s’abattit sur l’humanité ; et le monde occidental en fut plongé, pour sept ou huit siècles, sinon davantage, au tréfonds d’une barbarie que la renaissance commença seulement de dissiper, et que la réforme faillit épaissir à nouveau. Cette catastrophe dont je veux détester jusqu’au souvenir, ce fut l’abominable victoire que remportèrent, non loin de Poitiers, les sauvages harkas des guerriers francs conduits par le carolingien Charles Martel, sur les escadrons arabes et berbères que le calife ‘Abd Ar-rahmane ne sut pas concentrer assez nombreux, et qui succombèrent devant les guerriers francs. En cette journée funeste, la civilisation recula de huit cents années. Il suffit, en effet, de s’être promené dans les jardins d’Andalousie ou parmi les ruines éblouissantes encore de ces capitales de magie et de rêve que furent Séville, Grenade, Cordoue, voire Tolède, pour entrevoir, dans un miraculeux vertige, ce qu’il serait advenu de notre France, arrachée par l’Islam industrieux, philosophe, pacifique et tolérant – car l’Islâm est tout cela – aux horreurs sans nom qui dévastèrent par la suite l’antique Gaulle.



Celle-ci fut asservie d’abord aux féroces bandits austrasiens, puis morcelée, déchirée, noyée de sang et de larmes, vidée d’hommes par les croisades, gonflée de cadavres par tant et tant de guerres étrangères et civiles, alors que, du Guadalquivir à l’Indus, le monde musulman s’épanouissait triomphalement dans la paix sous l’égide quatre fois heureuse des dynasties ommeyade, abbaside, seldjoukide, ottomane. A ces français, je demanderai ensuite ce qu’ils pensent de « notre » victoire de 732 sur les musulmans ? Et s’ils ne jugent pas avec moi que cette défaite d’un peuple civilisé par un peuple barbare fut, pour l’humanité entière « un grand malheur ? ».



Le savant espagnol Blanco Ibanez parait bien placé pour nous peindre cet insolite tableau andalous « Dans l’ombre de la Cathédrale » : « L’Espagne, esclave de rois théologiens et d’évêques belliqueux, recevait à bras ouverts ses envahisseurs. En deux années, les Arabes s’emparèrent de ce que l’on mit sept siècles à leur reprendre. Ce n’était pas une invasion qui s’imposait par les armes, c’était une société nouvelle qui poussait de tous côtés ses vigoureuses racines. Le principe de la liberté de conscience, pierre angulaire sur laquelle repose la vraie grandeur des nations leur était cher. Dans les villes où ils étaient les maîtres, ils acceptaient l’église du chrétien et la synagogue du juif. »[9]



« Saint Ferdinand, écrit de son côté Viardot, se rendit à la mosquée et ce magnifique ouvrage du premier ‘Abd Ar-rahmane fut consacré au culte chrétien… Mais les autres monuments que nul caractère sacré ne protège contre une avidité barbare, contre une haine fanatique, disparurent dans les pillages et les dévastations de la conquête. Il ne resta rien, ni des riches abords de la mosquée, ni du merveilleux palais d’Al-Zahra… Des colonnes solitaires sont là pour attester que des nations civilisées occupaient jadis le vide inculte du désert. »[10]



Pour sa part, un auteur contemporain écrit : « Les chrétiens qui n’avaient pas renié leur foi sont globalement appelés « Mozarabes » ; ils ne sont pas persécutés et vivent en bonne entente avec les Arabes et les chrétiens convertis à l’Islam (…) Les conquérants arabes n’ont mis aucune entrave à la religion chrétienne ; l’Espagne conquise a conservé les diocèses de l’Espagne chrétienne et il y a trois archevêques (Tolède, Lusitanie, Bétique). Les villes d’al-Andaloûs comptent de nombreuses communautés juives entièrement libres civilement et religieusement, comme les chrétiens, dont les quartiers sont appelés par les Arabes « la ville juive » (madinat al-yahoûd). Les juifs, banquiers, prêteurs, gabeleurs, ont joué un rôle important de financiers, mais aussi de conseillers et d’ambassadeurs, au service des musulmans ou des chrétiens. »[11]



« Quant aux non musulmans, écrit l’historien Sâmih ‘Atef Ezzayn, ils sont laissés à leurs convictions et adoration ; ils suivent dans leurs affaires de mariage et de divorce les lois de leur religion. L’État nomme un juge pour décider de leurs différends devant les tribunaux gouvernementaux. Quant aux nourritures et vêtements, ils sont laissés à leur propre convenance, conformément aux prescriptions de leur religion, mais tout en respectant l’ordre général. Les transactions et les sanctions s’appliquent sur le même pied d’égalité aux musulmans et non musulmans, sans nul égard à la religion, à la race ou au sexe. »[12]



« Le 3 janvier 1492, écrit un historien français, le dernier prince de la dynastie nasride, se rendra aux rois catholiques, et l’histoire de l’Espagne sera définitivement chrétienne. Il ne restera plus dans la péninsule, une fois ces innombrables guerres oubliées, que le souvenir éblouissant de la culture arabo-andalouse : la mosquée de Cordoue, l’Alhambra de Grenade, les œuvres des écrivains, des savants, des philosophes, des théologiens et des traducteurs andalous qui ont communiqué leur savoir aux francs barbares et ignorants que nous étions alors. »[13]

Un autre auteur ajoute dans cette optique : « L’influence qu’exerça l’Islâm dans l’édification de la culture occidentale du Moyen-âge fut donc décisive. Le monde chrétien, quant à lui, sut aborder des formes de vie intellectuelles et artistiques, très différentes des siennes, disposé parfois à dialoguer mais toujours à apprendre puisque cette communication du savoir se faisait dans une seule direction, de l’Orient vers l’Occident. Les deux mondes, ensuite, se renfermèrent sur eux-mêmes. L’Orient, après tant de splendeur, se cristallisa dans la contemplation de sa grandeur passée ; l’Europe fut prise par le mythe de l’adoration de l’homme et par l’exaltation d’elle-même comme gardienne de la civilisation et de la vérité. »[14]



« D’où provient cette force d’attraction qui pousse les Grecs, les Syriens, les Égyptiens, dépositaires à la fois des civilisations antiques et de la civilisation chrétienne, à se rapprocher aussi rapidement que possible de la civilisation musulmane ? se demande le Pr Haider Bammate.



« Il n’est qu’une réponse à cette question, écrit Henri Pirenne, et elle est d’ordre moral. Tandis que les Germains n’ont rien à opposer au Christianisme de l’empire, les Arabes sont exaltés par une foi nouvelle. C’est cela, et cela seul, qui les rend inassimilables. Car, pour le reste, ils n’ont pas plus de préventions que les Germains pour la civilisation de ceux qu’ils ont conquis. Au contraire, ils se l’assimilent avec une étonnante rapidité. En science, ils se mettent à l’école des Grecs, en art à celle des Perses… ils ne demandent pas mieux, après la conquête, que de prendre comme un butin la science et l’art des infidèles ; ils les cultiveront en l’honneur d’Allah. Ils leur prendront même leurs institutions dans la mesure où elles seront utiles. »[15]



Voir : http://www.lelibrepenseur.org/lislam-et-loccident/



À suivre…

                     

Par : Karim Zentici

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[1] La vache ; 143

[2] La grande conquête ; 29

[3] Le Repas Céleste ; 54

[4] Victor Hugo disait au sujet de Mohammed (r) :      

J’ai complété d’Issa la lumière imparfaite.

Je suis la force, enfants ; Jésus fut la douceur.

Le soleil a toujours l’aube pour précurseur.

[5] Dieu s’adresse dans la Bible à Israël en ces termes : « … Ne faites pas ce qui se fait au pays d’Égypte où vous avez habité ; ne faites pas ce qui se fait au pays de Canaan, où je vais vous faire entrer ; ne suivez pas leurs lois ; mettez en pratique mes coutumes et veillez à suivre mes lois. C’est moi, le SEIGNEUR votre dieu. Gardez mes lois et mes coutumes : c’est en les mettant en pratique que l’homme à la vie. C’est moi, le SEIGNEUR. » (Le Lévitique 18.3-5). Ainsi la condition pour aspirer à rester le « peuple élu » et pour vivre sur la terre des Philistins, c’est de suivre scrupuleusement les lois de Dieu wa Allah a’lam !

[6] Voir : Le Repas Céleste ; 21-24 Dans Majmû’ el Fatâwa (v. 27), Sheïkh el Islam ibn Taïmiya nous rapporte qu’on retrouva à son époque des ossements géants de squelettes humains. La découverte récente en Arabie Saoudite et en Iraq de squelettes géants lèvera certainement à l’avenir le voile sur ce « mystère ».  Les Amorites (‘Amâlîq) descendants de ‘Âd, mais aussi les Émîtes et les Anaqites avant eux, étaient des peuples Philistins de géants vivant sur les terres de Canaan qui longeaient le littoral méditerranéen entre l’Égypte et la Palestine (voir : les nombres ; 13.31-33 et  Deutéronome ; 1.28, 2.11).

[7] Extrait d’el jawâb e-sahîh li man baddala dîn el Masîh d’ibn Taïmiya (5/résumé des pages 58 à 113 avec certaines modifications).

[8] Jacques Benoist-Méchin, Ibn Séoud ou la naissance d’un royaume.

[9] Cité par Roger Garaudy dans son livre « Promesses de l’Islâm », éditions Le Seuil, Paris 1981.

[10] Cité par Ahmed Rédha Bey dans son livre « La faillite morale de la politique occidentale en Orient », éditions Bouslama, Tunis 1997.

[11] Cf. « Le génie de l’Islamisme », par Roger Caratini, éditions Michel Lafon, Paris, 1992.

[12] In. Samih ‘Atef Al-Zayn “L’Islâm et l’idéologie de l’homme”, éditions Dâr Al-Kitâb Al-lubnâni, Beyrouth, Liban.

[13] In. « Le génie de l’islamisme », op cité.

[14] Cf. « L’Europe musulmane », par Gabrielle Crespi, éditions Zodiaque, Paris, 1979.

[15] Cf. Henri Pirenne “Mahomet et Charlemagne », Paris 1937, cité par Haïdar Bammate dans son livre « Visages de l’Islâm », éditions Enal, Alger, 1991.
(10). Cf. «Haïdat Bammate « Visages de l’Islâm », éditions Enal, Alger 1992.
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Message par Citizenkan Lun 27 Mar - 16:26



Dialogue entre un quiétiste et un chrétien flic

(Partie 6/4)



Voici quelques fructueuses citations empruntées à la fameuse Civilisation des Arabes de Gustave Le Bon



C'est, en réalité, dans ce passé lointain que se sont élaborés les motifs de nos actions présentes.

– institutions qui sont des conséquences et bien rarement des causes –



À mesure qu'on pénètre dans l'étude de cette civilisation, on voit les faits nouveaux surgir et les horizons s'étendre. On constate bientôt que le Moyen Âge ne connut l'antiquité classique que par les Arabes ; que pendant cinq cents ans, les universités de l'Occident vécurent exclusivement de leurs livres, et qu'au triple point de vue matériel, intellectuel et moral, ce sont eux qui ont civilisé l'Europe. Quand on étudie leurs travaux scientifiques et leurs découvertes, on voit qu'aucun peuple n'en produisit d'aussi grands dans un temps aussi court. Lorsqu'on examine leurs arts, on reconnaît qu'ils possédèrent une originalité qui n'a pas été dépassée.



L'action des Arabes, déjà si grande en Occident, fut plus considérable encore en Orient. Aucune race n'y a jamais exercé une influence semblable. Les peuples qui ont jadis régné sur le monde : Assyriens, Perses, Égyptiens, Grecs et Romains ont disparu sous la poussière des siècles, et n'ont laissé que d'informes débris ; leurs religions, leurs langues et leurs arts ne sont plus que des souvenirs. Les Arabes ont disparu à leur tour ; mais les éléments les plus essentiels de leur civilisation, la religion, la langue et les arts, sont vivants encore, et du Maroc jusqu'à l'Inde, plus de cent millions d'hommes obéissent aux institutions du prophète.



Des conquérants divers ont renversé les Arabes, aucun n'a songé à remplacer la civilisation qu'ils avaient créée. Tous ont adopté leur religion, leurs arts, et la plupart, leur langue. Implantée quelque part, la loi du prophète y semble fixée pour toujours. Elle a fait reculer dans l’Inde des religions pourtant bien vieilles. Elle a rendu entièrement arabe cette antique Égypte des Pharaons, sur laquelle les Perses, les Grecs, les Romains avaient eu si peu d'influence. Les peuples de l'Inde, de la Perse, de l'Égypte, de l'Afrique ont eu d'autres maîtres que les disciples de Mahomet : depuis qu'ils ont reçu la loi de ces derniers, ils n'en ont pas reconnu d'autre.



La civilisation des Arabes fut créée par un peuple à demi barbare. Sorti des déserts de l'Arabie, il renversa la puissance séculaire des Perses, des Grecs et des Romains, fonda un immense empire qui s'étendit de l'Inde jusqu'à l'Espagne, et produisit ces œuvres merveilleuses dont les débris frappent d'admiration et d'étonnement.



Il y a donc bien des questions à résoudre dans l'histoire des Arabes, et plus d'une leçon à retenir. Ce peuple est un de ceux qui personnifient le mieux ces races de l'Orient, si différentes de celles de l'Occident. L'Europe les connaît bien peu encore ; elle doit apprendre à les connaître, car l'heure approche où ses destinées dépendront beaucoup des leurs.



« Les Arabes, dit Herder, ont conservé les mœurs patriarcales de leurs ancêtres ; ils sont, par un singulier contraste, sanguinaires et obséquieux, superstitieux et exaltés, avides de croyances et de fictions ; ils semblent doués d'une éternelle jeunesse, et sont capables des plus grandes choses lorsqu'une idée nouvelle les domine. Libre, généreux et fier, l'Arabe est en même temps irascible et plein d'audace ; on peut voir en lui le type des vertus et des vices de sa nation ; la nécessité de pourvoir lui-même à ses besoins le rend actif ; il est patient à cause des souffrances de toute nature qu'il est obligé de supporter ; il aime l'indépendance comme le seul bien dont il lui est donné de jouir, mais il est querelleur par haine de toute domination. Dur envers lui-même, il devient cruel et se montre trop souvent avide de vengeance.



« L'analogie de situation et de sentiment inspirait à tous les mêmes points d'honneur, le glaive, l'hospitalité, l'éloquence faisaient leur gloire ; l'épée était l'unique garantie de leurs droits ; l'hospitalité embrassait pour eux le code de l'humanité et l'éloquence, au défaut d'écriture, servait à terminer les différends qui ne se vidaient pas par les armes. »



L'instinct du pillage et le caractère batailleur des Arabes nomades en font toujours de redoutables voisins pour les peuples civilisés, et ces derniers les considèrent volontiers comme de véritables brigands ; mais le point de vue des Arabes est autre. Ils sont tout aussi fiers du pillage d'une caravane que les Européens peuvent l'être du bombardement d'une ville, de la conquête d'une province, ou d'exploits analogues.



Ce fut d'ailleurs grâce à ces instincts enracinés de guerre et de pillage, que les Arabes nomades devinrent d'excellents guerriers sous les successeurs de Mahomet et firent rapidement la conquête du monde. Dans les conditions nouvelles où ils se trouvèrent soumis, leurs instincts primitifs restèrent invariables, car le caractère d'un peuple ne change guère, mais ils se manifestèrent sous des formes nouvelles : l'amour du pillage devint l'amour des conquêtes ; leurs habitudes de générosité donnèrent naissance à ces mœurs chevaleresques que tous les peuples de l'Europe ont imitées ensuite. Leurs habitudes de rivalités intestines leur furent d'abord utiles à un certain degré, en provoquant chez eux un vif esprit d'émulation ; mais, trop enracinées pour pouvoir être contenues longtemps dans de justes limites, elles les perdirent.



Ce furent les Arabes nomades qui formèrent une grande partie des armées des successeurs de Mahomet, et, comme conquérants, rendirent les plus grands services à ces derniers ; mais ce ne fut pas certainement chez eux que se recrutèrent les savants et les artistes qui donnèrent un si brillant éclat à la civilisation des disciples du prophète.



Les nomades ont toujours dédaigné absolument les conquêtes de la civilisation, et préfèrent de beaucoup leur existence au désert. C'est là un de ses sentiments héréditaires analogues à ceux qu'on rencontre aussi chez les Indiens de l'Amérique, et contre lesquels aucun argument ne saurait prévaloir. Ils ont toujours refusé, en Syrie notamment, les terres qu'on leur offrit pour s'y fixer. Ces nomades, dont la fière et noble allure frappe tous les voyageurs, savent se suffire, sans les ressources artificielles de la civilisation, et ils n'auraient pas cédé le pas au plus altier baron féodal du moyen âge. La vie du désert n'est pas au surplus sans charme, et je confesserais volontiers que si j'avais à choisir entre cette vie indépendante et l'existence d'un manœuvre occupé douze heures par jour dans une usine à un abrutissant métier, l'hésitation ne serait pas longue.



Tout en étant restés aux formes les plus primitives de l'évolution des sociétés humaines, formes que les conditions d'existence au désert les empêchent de franchir, les Arabes nomades sont fort supérieurs aux autres peuples pasteurs que nous rencontrons encore sur divers points du globe. J'ai causé bien des fois avec eux, et a m'a semblé que leur conception de l'existence valait certainement celle de beaucoup d'Européens fort civilisés. Nous verrons plus tard par leurs poésies que si ces nomades sont réellement des demi-sauvages par leurs coutumes, ils ne le sont pas par leurs pensées. Il est rare qu'un nomade ne soit pas doublé d'un poète.



Il est doublé d'un poète, et, comme beaucoup de poètes, il est doublé aussi d'un enfant. Aux caractéristiques psychologiques que nous avons données du nomade il faut, en effet, ajouter celle-ci, la plus importante de toutes peut-être : qu'il possède, malgré son calme apparent, un caractère très mobile le rapprochant singulièrement de la femme et de l'enfant. Comme eux, il n'a guère pour guide que l'instinct du moment. Comme eux encore, il juge d'après les apparences, se laisse éblouir facilement par le bruit, l'éclat, la pompe extérieure ; et l'éblouir constitue le meilleur moyen de le convaincre.



Il en est ainsi de toutes les races ou de toutes les nations primitives, et a en est ainsi des femmes et des enfants parce qu'ils représentent également des formes inférieures de l'évolution humaine. Le nomade n'est en réalité qu'un demi-sauvage. Demi-sauvage intelligent assurément, mais qui depuis des milliers d'années n'a pas fait un pas vers la civilisation et, par conséquent, n'a subi aucune des transformations accumulées par l'hérédité chez l'homme civilisé. Si, comme nous le croyons, les caractères psychologiques suffisent à établir des différences profondes entre les hommes, on peut dire que l'Arabe sédentaire et l'Arabe nomade forment deux races véritablement séparées par un abîme.



Les produits de la civilisation arabe de l'Espagne prouvent que cette race brilla par sa haute intelligence, et son histoire prouve qu'elle brilla aussi par son caractère chevaleresque et sa bravoure ; mais les luttes intestines qui furent la vraie cause de sa fin prouvent également que certaines caractéristiques fondamentales du caractère arabe s'étaient maintenues chez elle.

Parmi les divers facteurs qui contribuent à déterminer l'évolution d'un peuple, les aptitudes intellectuelles et morales de sa race seront toujours les plus puissants. Cet ensemble de sentiments inconscients qu'on nomme le caractère et qui sont les véritables motifs de la conduite, l'homme les possède quand il vient à la lumière. Formés par la succession des ancêtres qui l'ont précédé, ils pèsent sur lui d'un poids auquel rien ne saurait le soustraire. Du sein de leur poussière tout un peuple de morts lui dicte impérieusement sa conduite.



C'est dans les temps passés qu'ont été élaborés les motifs de nos actions et dans le temps présent que se préparent ceux des générations qui nous succéderont. Esclave du passé, le présent est maître de l'avenir. L'étude de l'un sera toujours indispensable pour la connaissance de l'autre.

Les relations séculaires avec les nations les plus civilisées finissent toujours par conduire à la civilisation les peuples qui en sont susceptibles ; et les Arabes ont suffisamment prouvé que tel était leur cas. Pour avoir réussi enfin à créer en moins d'un siècle un vaste empire et une civilisation nouvelle, il fallait des aptitudes qui sont toujours le fruit de lentes accumulations héréditaires, et par conséquent d'une longue culture antérieure. Ce n'est pas avec des Peaux-Rouges ou des Australiens que les successeurs de Mahomet eussent créé ces cités brillantes qui pendant huit siècles furent les seuls foyers des sciences, des lettres et des arts, en Asie et en Europe. Bien d'autres peuples que les Arabes ont renversé de grands empires, mais ils n'ont pas fondé de civilisation, et faute de culture antérieure suffisante, ils n'ont profité que bien tard de la civilisation des peuples qu'ils avaient vaincus. Il a fallu de longs siècles d'efforts aux barbares qui s’emparèrent de l'empire romain pour se créer une civilisation avec les débris de la civilisation latine et sortir de la nuit du moyen âge.



… sauf sur ses frontières du nord, l'Arabie avait échappé à toutes les invasions. Tous les grands conquérants Égyptiens, grecs, romains, perses, etc., qui avaient ravagé le monde n'avaient rien pu contre elle. L'immense péninsule restait toujours fermée.



Mais au moment où parut Mahomet, elle était menacée d'invasions redoutables. L'an 525 de J.-C., l'Yémen, qui n'avait jusqu'alors obéi qu'à des souverains arabes, avait été envahi par les Abyssins, qui essayèrent d'y propager la religion chrétienne et réussirent à convertir plusieurs tribus. En 597, c'est-à-dire fort peu de temps avant Mahomet, ils furent chassés par les Perses, qui y établirent des vice-rois. Ces derniers régnèrent sur l'Yémen, l'Hadramaut et l'Oman jusqu'à l'arrivée du prophète.



Cette domination toute passagère ne comprit jamais du reste la vaste région du Nedjed ni l'Hedjaz, et nous pouvons dire que de tous les pays civilisés du monde, l'Arabie est peut-être le seul dont la plus grande partie n'ait jamais connu de domination étrangère.



L'islamisme compte aujourd'hui plus de cent millions de disciples dans le monde. Il est professé en Arabie, en Égypte, en Syrie, en Palestine, en Asie Mineure, dans une grande partie de l'Inde, de la Russie et de la Chine, et enfin dans presque toute l'Afrique jusqu'au-dessous de l'équateur.



Ces peuples divers, qui ont le Coran pour loi, sont rattachés entre eux par la communauté du langage et par les relations qui s'établissent entre les pèlerins venus tous les ans à la Mecque de tous les points du monde mahométan. Tous les sectateurs de Mahomet doivent, en effet, pouvoir lire plus ou moins le Coran en arabe : aussi, peut-on dire que cette langue est peut-être la plus répandue à la surface du globe. Bien que les peuples mahométans appartiennent à des races fort diverses, il existe ainsi entre eux des liens tellement profonds qu'il serait facile de les réunir à un moment donné sous la même bannière.



Les conquêtes des Arabes présentent un caractère particulier qui les distingue de toutes celles accomplies par les conquérants qui leur ont succédé. D'autres peuples, tels que les Barbares, qui envahirent le monde romain, les Turcs, etc., ont pu fonder de grands empires, mais ils n'ont jamais fondé de civilisation, et leur plus haut effort a été de profiter péniblement de celle que possédaient leurs vaincus. Les Arabes, au contraire, ont crée très rapidement une civilisation nouvelle fort différente de celles qui l'avaient précédée, et ont amené une foule de peuples à adopter, avec cette civilisation nouvelle, leur religion et leur langue. Au contact des Arabes, des nations aussi antiques que celles de l'Égypte et de l'Inde ont adopté leurs croyances, leurs coutumes, leurs mœurs, leur architecture même. Bien des peuples, depuis cette époque, ont dominé les régions occupées par les Arabes, mais l'influence des disciples du prophète est restée immuable. Dans toutes les contrées de l'Afrique et de l'Asie où ils ont pénétré, depuis le Maroc jusqu'à l'Inde, cette influence semble s'être implantée pour toujours. Des conquérants nouveaux sont venus remplacer les Arabes : aucun n'a pu détruire leur religion et leur langue. Un seul peuple, les Espagnols, a réussi à se débarrasser de la civilisation arabe, mais nous verrons qu'il ne l'a fait qu'au prix de la plus irrémédiable décadence.



Le neuvième siècle de l'hégire fut témoin de la chute complète de la puissance et de la civilisation des Arabes en Espagne, ou ils régnaient depuis près de huit cents ans. En 1492, Ferdinand s'empara de Grenade, leur dernière capitale, et commença les expulsions et les massacres en masse que continuèrent ses successeurs. Trois millions d'Arabes furent bientôt tués ou chassés, et leur brillante civilisation, qui rayonnait depuis huit siècles sur l'Europe, s'éteignit pour toujours.



La religion, et la langue étant semblables, les Arabes des diverses contrées eurent un fonds commun identique ; mais on ne peut pas plus confondre entre elles les civilisations des divers pays soumis à la loi de Mahomet, qu'on ne pourrait confondre la civilisation du moyen âge avec celle de la renaissance ou des temps modernes chez les peuples chrétiens.



L'esquisse qui précède nous montre que dès le début de leurs conquêtes, les Arabes, bien différents en cela des peuples conquérants qui devaient leur succéder, respectèrent toutes les œuvres créées avant eux et ne songèrent qu'à utiliser la civilisation déjà existante et à la faire progresser. Très ignorants tout d'abord, ils surpassent bientôt leurs maîtres. La tactique militaire, l'emploi des machines de siège des Grecs leur étaient inconnus, mais ils apprennent vite ce qu'ils ignoraient et se montrent bientôt plus habiles que leurs adversaires. Les arts et les sciences étaient chez eux dans l'enfance ; mais les nombreuses écoles qu'ils fondent leur permettent d'égaler, puis de dépasser les peuples qui les avaient précédés. Leurs connaissances en architecture étaient nulles : ils emploient les Byzantins et les Persans comme architectes, mais en modifiant graduellement les monuments au gré de leurs sentiments artistiques, au point de se dégager de plus en plus de toute influence étrangère et d'arriver à s'y soustraire entièrement, comme nous le verrons bientôt.



À une époque où le reste de l'Europe était plongé dans une noire barbarie, les deux grandes cités où régnait l'islamisme étaient des foyers de civilisation éclairant le monde de leur lumineux éclat.



La période brillante de la civilisation des Arabes ne commença aussitôt que leur conquête fut achevée. L'activité qu'ils avaient d'abord dépensée dans leurs combats, ils la tournèrent vers les lettres, les sciences, l'industrie ; et leurs progrès dans les arts pacifiques furent aussi rapides qu'ils l'avaient été dans les arts guerriers.



L'aperçu qui précède montre que bien peu de temps après leurs conquêtes, les Arabes étaient arrivés à un haut point de culture ; mais une administration savante, des arts aussi compliqués que l'exploitation des mines, l'architecture, etc., ne s'improvisent pas, et des sciences comme l'astronomie s'improvisent moins encore. Notre résumé suffirait à lui seul pour montrer que les Arabes ne firent que continuer une civilisation existant avant eux. Dans les sciences, les arts, les connaissances administratives, etc., ils continuèrent simplement en effet la civilisation gréco-latine, mais la firent considérablement progresser, tandis que les Byzantins, qui transmirent aux Arabes ce précieux dépôt, n'avaient su en tirer aucun parti, et étaient tombés dans la plus triste décadence.



Pour bien apprécier cette civilisation, il faut sortir des généralités auxquelles nous nous sommes limités dans cette partie de notre ouvrage et examiner en détail les œuvres scientifiques, littéraires, artistiques et industrielles qu'elle a enfantées. C'est là ce que nous ferons dans d'autres chapitres lorsque nous aurons terminé l'exposé sommaire de l'histoire des Arabes dans les diverses contrées occupées par eux. À mesure que nous avancerons dans notre ouvrage nous verrons se dégager nettement deux faits essentiels que nous n'avons fait qu'indiquer jusqu'ici. Le premier est que les Arabes surent créer une civilisation nouvelle avec des éléments empruntés aux Perses, aux Grecs et aux Romains. Le second est que cette civilisation fut si solide qu'elle subjugua jusqu'aux barbares qui tentèrent de la détruire. Les peuples les plus divers de l'Orient contribuèrent à renverser les Arabes, mais tous sans exception, jusqu'aux Turcs eux-mêmes, contribuèrent aussi à propager leur influence. Des races vieilles comme le monde, telles que celles de l'Égypte et de l'Inde, acceptèrent la civilisation, la religion et la langue que leur apportèrent les Arabes ou leurs continuateurs.



                     

Par : Karim Zentici

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