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Nectar taïmiyen

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Message par Citizenkan Ven 31 Juil - 16:23



Nectar taïmiyen


Louange à Allah le Seigneur de l’Univers ! Que les Prières et le Salut d’Allah soient sur notre Prophète Mohammed, ainsi que sur ses proches et tous ses Compagnons !


[Cette communauté, qui est la vôtre, est une seule communauté, et Moi, je suis Votre Seigneur, alors craignez-Moi • Mais, des divisions vinrent déchirer les rangs ; chacun s’attachant à son livre et se satisfaisant de son parti].[1]

Chacun prêche pour sa paroisse

Kullun yadda’î waslan bi Laïla…



[Ils oublièrent alors une partie du rappel, et Nous attisâmes entre eux la haine et l’animosité jusqu’au Jour de la résurrection].[2]

Voici un extrait d’e-tis’îniya (3/902-906) dans lequel ibn Taïmiya consacre une réfutation à Abû el Ma’âlî el Juwaïnî.[3]


Quand il parle des partisans de la vérité, comme c’est récurrent dans son discours, il fait allusion à ses propres coreligionnaires. N’importe qui peut revendiquer la même chose pour défendre son camp. Les partisans de la vérité sur lesquels il n’y a aucune contestation possible sont désignés [dans le Coran] sous le nom de « croyants »[4] ; ces derniers ont la particularité d’être immunisés de se tromper tous en même temps. Ses propos laissent à penser que tous ceux qui contredisent sa tendance sont des égarés. Cette approche est caractéristique aux innovateurs à l’image des kharijites, des mu’tazilites et des râfidhites, et elle est contraire à l’usage des traditionalistes pour qui seul l’ensemble des croyants sont dans l’absolu les partisans de la vérité, car il est impossible qu’ils se trompent d’une seule voix.[5] Allah (I) révèle : [La raison, c’est que les mécréants ont suivi le faux et les croyants ont suivi la vérité venant de Leur Seigneur][6] ; celle-ci incarne le summum de la vérité. Seules les paroles d’Allah et celles de Son Messager ne sont pas sujettes à l’erreur ; elles sont vérité en elles-mêmes et, en même temps, elles sont porteuses de vérité comme l’indique le Verset : [Allah dit la vérité][7] ; [Sa Parole est vérité].[8]


Le Prophète (r) témoigne pour sa part : « Écris toutes mes paroles, car par Celui qui détient mon âme entre Ses Mains, tout ce qui sort de ma bouche n’est que vérité ! »[9]


Ainsi, les partisans de la vérité sont les partisans du Coran et de la sunna, et ces derniers dans l’absolu incarnent les croyants.[10] La vérité n’est rattachée à personne en dehors du Messager (r) ; elle est toujours de son côté sans jamais ne se séparer de lui, car il est immunisé de persister dans l’erreur (ma’sûm).[11]


La vérité n’est pas non plus l’apanage d’un groupe en dehors des croyants ; celle-ci leur est inhérente dans la mesure où ils ne peuvent s’accorder dans l’erreur. Sinon, en règle générale, la vérité peut pencher du côté d’un individu ou d’un groupe sur un point en particulier. Il est même possible que les deux parties qui s’opposent soient aussi dans l’erreur l’une que l’autre. Elles sont également susceptibles d’avoir toutes les deux raison, mais uniquement sous un angle.* Aucun groupe n’a le droit de s’arroger la vérité, peu importe qui se trouve à sa tête, car seul le meilleur des hommes (r) jouit de ce privilège. Autrement, cela supposerait que les partisans d’un groupe aient toujours raison, et que tous les autres croyants qui les contrediraient sur une question donnée seraient forcément des égarés. Leur meneur serait donc ma’sûm, ce qui, à l’évidence, va à l’encontre des connaissances élémentaires de la religion. S’ils étaient réellement ahl el haqq, alors tout consensus issu de leur groupe serait une preuve scripturaire infaillible.


Par ailleurs, Abû el Ma’âlî mentionne ses références qu’il prend pour ahl el haqq, puis non seulement il ne suit pas leurs positions, mais il leur prend le contre-pied. Il le fit notamment avec les Attributs textuels ; un domaine dans lequel ils sont pourtant plus proches de la vérité que lui. Comment se permet-il de contredire ceux qu’ils comptent dans les rangs d’ahl el haqq dans des domaines litigieux qui touchent aux fondements de la religion ? Il fait énormément penser au dénommé ibn el ‘Ûd, un imâm râfidhite du Shâm, à l’époque. J’ai eu sous les yeux plusieurs de ses fatwas dans lesquelles, plus d’une fois, il qualifie les adeptes de l’Imâm caché (ma’sûm el muntazhar) de porte-paroles de la vérité. Il prend leur consensus pour argent comptant, étant donné qu’il émane de l’infaillible que personne ne connait ni n’a jamais vu ; on n’a rien sur lui ni aucune trace. Dans une fatwa, ibn el ‘Ûd prône une solution pour trancher entre les litiges internes. Il suffit de revenir à l’avis dont on ne connait pas l’auteur, car il compte forcément dans les rangs de l’Imâm el ma’sûm. Or, à maintes reprises, ce même savant shiite remet en question les avis des membres de la secte qui, paradoxalement, seraient les détenteurs attitrés de la vérité, et leur consensus serait infaillible !


Nombreux sont les sectateurs égarés qui s’autoproclament les détenteurs de la vérité, les élus et les partisans d’Allah. [Ils sont d’autant plus prétentieux qu’]ils ne daignent partager ces qualités avec personne. En réalité, il est possible qu’ils soient plus près des ennemis d’Allah que de Ses élus, et qu’ils soient largement plus près de l’égarement que du bon discernement.


Ces derniers sont grandement concernés par le Verset dans lequel Allah révèle à l’encontre des Juifs et des chrétiens : [Ils disent : personne en dehors des Juifs et des chrétiens n’entrera au Paradis, exprimant ainsi leur propre désir. Répond-leur : apportez-en la preuve si vous êtes vraiment sincère • C’est plutôt celui qui soumet son visage à Allah, tout en faisant le bien qui aura sa récompense et qui n’éprouvera ni crainte ni affliction • Les Juifs disent : les chrétiens ne tiennent sur rien, et les chrétiens disent : les Juifs ne tiennent sur rien, et pourtant tous lisent le Livre. Ainsi, les ignorants ont prétendu la même chose. Le Jour de la Résurrection, Allah tranchera entre leurs divergences][12] ; (Les Juifs et les chrétiens disent : nous sommes les fils de Dieu et ses favoris. Dis-leur alors pourquoi vous châtie-t-Il en raison de vos péchés ? Vous n’êtes que de simples mortels qui comptent parmi ses créatures ; Il pardonne à qui Il veut comme Il châtie qui Il veut ; c’est à Lui qu’appartient le royaume des cieux et de la terre et tout ce qui se trouve entre eux ; et c’est vers Lui que se fera le retour).[13]


Ma ashbaha e-laïla bi el bâriha !

Wa li kulli qawm hâd, wa kulli qawm wârith…


* La divergence nait souvent suite à un malentendu


Il est possible de mal se représenter le débat, en sachant que la vérité n’est pas forcément avec l’une des parties de la polémique, ou en d’autres termes qu’elle ne soit ni avec l’une ni avec ni l’autre, mais avec une troisième partie qui, elle, est extérieure au débat. Cependant, les deux parties en présence sont excusées pour leur erreur ou leur incompréhension, à condition de garder une intention saine. Le problème, c’est lorsque des ignorants s’en mêlent.[14] Ces derniers n’ont pas suivi le courant des choses ; ils n’ont pas en mains tous les éléments à même de leur donner un bon jugement ; ils se représentent mal la divergence, et beaucoup de détails leur en échappent. Ils poussent le ridicule jusqu’à prendre à partie leur adversaire, qui, pourtant, a le même discours que celui qu’ils défendent. Comme ils se font une bonne opinion de ce dernier, ils lui donnent automatiquement raison. Ils trahissent ainsi qu’ils ont plus le souci de juger les personnes que leur discours.[15]

C’est pourquoi, il incombe pour s’initier dans ces polémiques de s’armer de deux outils indispensables :

une connaissance étendue des textes du Coran et de la sunna,
et une connaissance étendue du vocabulaire des uns et des autres avec l’objectif de les distinguer à la lumière des textes à même de trancher entre tous les litiges.[16]

La rigueur scientifique réclame de faire une étude exhaustive de toutes les opinions en vue de mettre en lumière celle qui est conforme à la vérité et aux textes.[17]

Chacune des parties en litige peut également mal se représenter les arguments de son adversaire. Avoir un avis différent ne signifie pas forcément qu’on ait tort, mais chacun prend une partie de la vérité. Ainsi, les uns et les autres ont raison sous un certain angle, mais le problème, c’est de rejeter la vérité qui se trouve chez l’autre.[18]

Il est possible également que chaque partie exprime mal son opinion ; il incombe donc d’entrer dans les détails pour en dégager la vérité.[19]


Il existe trois sortes d’opinions :

entièrement vraie,
entièrement fausse,
ni vraie ni fausse, ou vraie sous un certain angle et fausse sous un certain angle. Cette dernière sorte est malheureusement à l’origine de la plupart des divergences.


C’est la raison pour laquelle toute réfutation objective réclame de regarder deux choses :

L’opinion en elle-même,
Et le jugement que l’on porte sur cette opinion, et qui sera différent en fonction de la situation, du contexte, des détails que l’on en donne, et des personnes qui y adhèrent.[20]


Il est donc erroné d’avoir une position uniforme pour tous les cas rencontrés.[21]


Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

http://www.mizab.org/

[1] Les croyants ; 53 La divergence dans le crédo est donc formellement interdite. [Mais, des divisions vinrent déchirer les rangs ; chacun s’attachant à son livre] : zubur : fut interprété par les Livres par Qadâda et Mujâhid [Voir : tafsîr e-Tabarî (18/29-30).]. Chacun à son propre Livre et sa propre croyance, qui, est différente des autres ; [et se satisfaisant de son parti] : chacun pense qu’il a raison et que les autres se trompent, sans faire l’effort de revenir aux textes du Coran et de la sunna, à même de trancher entre leurs litiges, conformément aux recommandations du Coran : [Si vous avez le moindre litige, alors ramenez-le à Allah et au Messager, si vraiment vous croyez en Allah et au jour du jugement dernier] [Les femmes ; 59]. Chacun campe sur ses positions, et se contente de ses arguments sans chercher à vérifier leur pertinence dans les textes, bien qu’ils soient sujets à l’erreur. El Fawzân [sharh risâla ilâ ahl el Qasîm].

[2] Le repas céleste ; 14 La connaissance du crédo s’inspire de la somme des preuves textuelles et rationnelles. Les textes scripturaires de l’Islam sont certes à la base de cette connaissance, mais ils ne suffisent pas toujours. C'est pourquoi nombreux sont ceux qui se méprennent sur ce point, parmi les tendances de tout bord (scolastiques, traditionnistes, légistes, soufis, etc.). Ils pensent que le Coran et la sunna ne renferment pas les éléments rationnels à même de déchiffrer le crédo.

D’un côté, les scolastiques cherchent à découvrir le Théo en s’appuyant uniquement sur la Raison (le dalîl el a’râdh wa hudûth el ajsâm), aux dépens des textes.

D’un autre côté, nous avons certains traditionnistes qui ont conscience de l’hérésie des premiers débouchant sur des croyances erronées à la base de la tendance jahmite ; le Coran serait créé, il ne serait pas possible, même dans l’autre monde de voir le Très-Haut, et, qui plus est, Il ne serait pas sur Son Trône. En réaction à celle-ci, ils composèrent des ouvrages sur la nécessité de s’attacher au Livre d’Allah, au hadîth, et aux paroles des anciens. Dans l’ensemble, ils n’ont pas tort, bien qu’ils ne sont pas à l’abri de s’appuyer sur des annales faibles, ou tout simplement au mauvais endroit.

En outre, à leurs yeux, le Coran incarne la Révélation à laquelle on doit donner foi, mais, ils occultent, en parallèle, toutes les preuves rationnelles qui démontrent l’existence et l’unicité d’Allah, la prophétie, et l’eschatologie (le sort ultime de l’homme dans l’au-delà). Leurs ouvrages (usûl e-sunna, e-sharî’a, etc.) doivent leur titre à cette approche. Il ne sert à rien, selon celle-ci, de vouloir prouver la prophétie de Mohammed (r), car établie depuis longtemps.

Bien sûr, les mutakallimîn ont vu ces attaques du mauvais œil, et, avec dédain, ont taxé leurs détracteurs d’incultes, incapables de démontrer par la raison, la véracité du dernier message prophétique. Les premiers n’en ont pas démordu pour autant, en vouant les réfractaires au crédo officiel à l’innovation, voire carrément au bannissement total de la religion.

Les deux tendances opposées sont blâmables, étant donné que chacune occulte l’un des deux procédés (rationnel et textuel) mettant en lumière les fondements de la religion. Cette négligence commune leur a valu des dissensions terribles que le Coran avait prévenues… Majmû’ el fatâwâ (19/159-163).

[3] Des têtes pensantes comme Abû el Ma’âlî, Abû Hâmid el Ghazâlî, ibn el Khatîb, etc. n’avaient aucune connaissance dans les sciences du hadith, ils atteignaient à peine le niveau d’un débutant avant de pouvoir mesurer les grands spécialistes en la matière. Ils ne faisaient même pas la différence entre un hadith authentique et un hadith complètement inventé comme en témoigne la plupart de leurs ouvrages où l’on y trouve des choses incroyables ! Majmû’ el fatâwâ (13/25). El Ghazâlî lui-même disait que son bagage était léger dans les sciences du hadith. Voir : Majmû’ el fatâwâ (35/176).

[4] Ailleurs, il dit : « Il n’y a aucun mal à afficher la tendance des anciens (salaf), de s’y affilier, ou d’en être fier. Il est même impératif d’approuver l’auteur d’une telle initiative, car la tendance des anciens ne peut que correspondre à la vérité. » El fatâwâ (4/149). Dans certains de ses ouvrages, Sheïkh el Islam nomme salafî ceux qui adhéraient à la tendance des anciens sur la question d’el fawqiya qui établit qu’Allah est au-dessus de Sa création. Plusieurs savants furent qualifiés par ce surnom. Voir : bayân talbîs el jahmiya (1/122) et Dar-u ta’ârudh el ‘aql wa e-naql (207/7, 134/7).

[5] Ailleurs, il établit : « Toutefois, la plupart des savants n’imposent pas au commun des gens de suivre aveuglément quiconque dans tous ses dires en dehors du Prophète (r). Allah se porte garant de préserver sa communauté de l’erreur. Grâce au grand nombre de savants, cette immunité peut ainsi se perpétuer. Si l’un d’eux se trompe sur une question donnée, il n’en sera pas forcément le cas pour les autres. Ainsi, la vérité sera préservée. C’est pourquoi, lorsque les opinions de certains érudits étaient sujettes à l’erreur sur certaines questions comme celles que l’auteur a ramenées (précédemment) en l’occurrence, la bonne réponse se trouvait chez l’autre tendance. Les traditionalistes ne peuvent en tout état de cause s’accorder à tomber dans l’erreur. Quant aux erreurs individuelles relatives à certains points donnés, nous avons déjà vu plus d’une fois que cela est sans conséquence tout comme les péchés commis par n’importe quel musulman. » Minhâj e-sunna (3/408, 409).

[6] Mohammed ; 3

[7] Les coalisés ; 4

[8] Le bétail ; 73

[9] Rapporté par Abû Dâwûd (3646) et authentifié par el Albânî dans silsila el ahâdîth e-sahîha (4/45).

[10] Ailleurs, il dit : « La vérité pure, celle qui n’est entachée par aucune souillure, se trouve avec les gens de la tradition et de l’union. Ce constat notoire a été possible après des études approfondies sur les différentes croyances et les principes des différentes tendances. » Voir : Tarîq el wusûl ilâ el ‘ilm el ma-mûl (p. 22).

[11] Personne ne peut imposer aux gens d’adhérer aux idées d’une personne, par l’intermédiaire desquelles se désigneraient les alliés et les ennemis en dehors du Prophète (r). Personne n’a le droit non plus d’imposer un discours qui ferait la part entre les alliés et les ennemis en dehors des Paroles d’Allah, celles de Son Messager, et celles qui font l’unanimité de la nation. Cette particularité est plutôt propre aux innovateurs, ceux qui se désignent une personne ou des paroles qui auraient pour fonction de trancher ou de diviser entre les membres de la communauté. Leurs alliés seraient ceux qui adhèrent à cette personne ou à ce discours, et en fonction de cela seraient désignés les ennemis. Majmû’ el Fatâwâ (20/164).

[12] La vache ; 111-113 Ailleurs, ibn Taïmiya signale que les gens du Livre ont pour usage de renier les bonnes opinions de leurs coreligionnaires. Voir : Iqtidâ e-sirât el mustaqîm (1/91).

[13] Le repas céleste ; 18 Nous devons donner foi à tous les enseignements venant d’Allah, et accepter la vérité dans son ensemble, sans faire preuve de passion ni parler sans savoir ; notre approche est scientifique et objective, conformément au Coran et à la sunna. Quand on s’accroche qu’en partie à la vérité, on suscite la divergence et la désunion. Ibn Taïmiya dans Majmû’ el fatâwâ (4/450). Allah (I) révèle : [Ne croyez-vous qu’à une partie du Livre au détriment du reste ; en agissant ainsi, quelle autre rétribution aura-t-on sinon de goûter à l’ignominie ici-bas et d’être jeté dans le pire des châtiments le Jour de la résurrection ; Allah n’est nullement inattentif à ce que vous faites]. [La vache ; 85] [Ils oublièrent alors une partie du rappel, et Nous attisâmes entre eux la haine et l’animosité jusqu’au Jour de la résurrection]. [Le repas céleste ; 14]

[14] E-sârim el maslûl (2/512).

[15] Minhâj e-sunna (2/474). La division entre deux groupes provient soit des mauvaises intentions mues, entre autres, par l’animosité, la jalousie, et l’amour du pouvoir. C’est ce qui pousse à dénigrer l’autre tendance et à vouloir le dessus sur elle. En parallèle, on est enclin au discours de celui avec qui on est lié par l’amitié, la même tendance, école, région, etc. Il y a un intérêt à le défendre, car il rapporte honneur et pouvoir. Ce genre de conflit, qui est courant entre les hommes, nait de l’injustice.

Soit, la division provient de l’ignorance dans le sens où les parties en présence ne pénètrent pas les tenants et les aboutissants de la question qui les sépare. Il est possible également qu’elles n’aient pas connaissance de la preuve textuelle sur laquelle s’appuie l’autre ou tout simplement qu’elles ne soient pas capables de détecter la part de vérité qui se trouve chez l’autre, quand bien même elles maitriseraient leurs propres arguments. L’ignorance et l’injustice sont à l’origine de tous les maux entre les êtres humains, comme le révèle le Verset : [L’homme l’a alors prise, il était certes un grand injuste et un grand ignorant]. [Les coalisés ; 72] voir : Iqtidhâ e-sirât el mustaqîm (1/148).

[16] Dar-u ta’ârudh el ‘aql wa e-naql (1/75).

[17] Majmû’ el fatâwâ (13/368).

[18] Majmû’ el fatâwâ (12/114). Le Prophète (r) a interdit la divergence qui implique de renier la vérité qui se trouve chez la partie adverse. La chose est si grave qu’elle entraina la perte des civilisations anciennes. La leçon est d’éviter le plus possible d’imiter les damnées en veillant à l’unité du groupe. Malheureusement, la division qui touche les musulmans est de cet ordre. Avoir raison sur un point ne serait-ce qu’en partie, ne justifie pas de rejeter la vérité qui se trouve chez l’autre. C’est ce qui fait qu’on peut avoir raison d’un point de vue, mais avoir tort en refusant d’admettre la divergence quand elle est de type complémentaire. L’ignorance consiste souvent à démentir une chose qu’on ne connait pas, car il est plus facile de cerner ce qu’on connait. Autrement dit, contrairement à ce qu’on connait, ce qu’on ne connait pas n’a pas de limite. Iqtidhâ e-sirât el mustaqîm (1/143-145).

[19] E-tis’iniya (2/531-532). D’où l’adage de la discussion jaillit la lumière, qui n’est pas fausse sous un certain angle.

[20] Majmû’ el fatâwâ (6/61).

[21] Majmû’ el fatâwâ (13/65) ; voir également : (6/61).
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Message par Citizenkan Ven 31 Juil - 22:20





L'article est désormais sur le site : http://www.mizab.org/#!nectar-tamiyen/c1txw
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Message par Citizenkan Lun 28 Déc - 18:20



Bientôt, in sha Allah, un nouvel article sur le même thème, mais en attendant, après twitter, Mizab a désormais sa page Facebook :

https://www.facebook.com/Mizab-1068631066511221/?skip_nax_wizard=true


Voici le lien twitter :

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Message par Courgette Lun 28 Déc - 18:55

[quote="citizenkan"]

Nectar taïmiyen


Louange à Allah le Seigneur de l’Univers ! Que les Prières et le Salut d’Allah soient sur notre Prophète Mohammed, ainsi que sur ses proches et tous ses Compagnons !


[Cette communauté, qui est la vôtre, est une seule communauté, et Moi, je suis Votre Seigneur, alors craignez-Moi • Mais, des divisions vinrent déchirer les rangs ; chacun s’attachant à son livre et se satisfaisant de son parti].[1]
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Kullun yadda’î waslan bi layla
]


:GGGGG:

Je me suis arretee a la phrase en gras.

Ca fait force de preuve et de loi chez les musulmans.

Que Layla ne s avise pas de nier. On la croit........comme toute beurette...
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Message par Citizenkan Lun 28 Déc - 19:00

Courgette a écrit:
citizenkan a écrit:

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Louange à Allah le Seigneur de l’Univers ! Que les Prières et le Salut d’Allah soient sur notre Prophète Mohammed, ainsi que sur ses proches et tous ses Compagnons !


[Cette communauté, qui est la vôtre, est une seule communauté, et Moi, je suis Votre Seigneur, alors craignez-Moi • Mais, des divisions vinrent déchirer les rangs ; chacun s’attachant à son livre et se satisfaisant de son parti].[1]      
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:GGGGG:

Je me suis arretee a la phrase en gras.

Ca fait force de preuve et de loi chez les musulmans.

Que Layla ne s avise pas de nier. On la croit........comme toute beurette...

Wa 'aleikom salem wa rahmat Allah !

Cette réflexion me fait penser à un autre vers :

idha qâlat hazhâmi fasaddiqûha...

إذا قالت حذام فصدقوها فإن القول ماقالت حذام
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Message par Courgette Lun 28 Déc - 19:47

:GGGGG:

Je ne comprends pas ce qu elle dit .  C est du vieil arabe ou un trop haut niveau pour moi

Que veut dire.....hazhami.....?


Meme si les musulmans de nos jours en matiere de femmes, ne croient que eux et la gent masculine.
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Message par Courgette Lun 28 Déc - 19:50

:GGGGG:


Ah ! Je viens de comprendre ! Hazhami est un nom de femme !

Une femme qu il faut croire.....

Je crains qu il ny ait point de hazhami chez les musulmans. C est peine perdue.
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Message par Citizenkan Ven 15 Jan - 18:51



Nectar taïmiyen II

(Partie 1)


« Nombre de gens encensent leur Sheïkh à outrance à la manière des shiites envers leurs imams. »[1]


Louange à Allah le Seigneur de l’Univers ! Que les Prières et le Salut d’Allah soient sur notre Prophète Mohammed, ainsi que sur ses proches et tous ses Compagnons !


L’une des causes à l’origine de la fitna est la réaction disproportionnée prises face aux erreurs d’un savant ou autre. Certains peuvent penser qu’il l’ait fait volontairement, ou bien n’accordent-ils aucune excuse aux erreurs commises. En réalité, chacun y va de son effort d’interprétation, bien que tant ce fameux savant que ceux qui le condamnent soient dans l’erreur. Tous sont excusables, en fonction de leurs intentions. Cela veut dire également qu’ils peuvent tous autant qu’ils sont être condamnables, voire qu’une des deux parties.[2]

Il est possible que l’une des parties qui divergent s’oppose à son adversaire jusqu’à le taxer de kâfir (mécréant) ou mubtadi’ (innovateur) fâsiq (pervers) passible d’une mise en quarantaine (hajr), bien qu’elle ait tort. Cependant, là aussi, elle est motivée par un effort d’interprétation.


Il est possible également que la dureté soit de mise envers certaines personnes ou dans certains contextes, quand notamment la sunna qui voue à la mécréance tous ceux qui y s’opposent, est forte, et quand l’auteur de l’autre opinion, que nous taxons d’innovateur, représente un danger. L’homme sensé doit tenir compte de tous ses paramètres ; la bonne opinion est vue sous le prisme de ses caractéristiques constantes et permanentes qui, en les appliquant, doivent être conformes à la réalité.

Ensuite, le fait que chez celui qui l’entende, elle soit connue, approximative, ignorée, formelle, ou probable ; ou qu’il incombe de suivre ou de ne pas suivre, ou qu’elle voue ou non à la mécréance celui qui la renie, ce sont des lois pratiques qui varient en fonction des personnes et des situations.[3]


Le sujet


Après la mort d’el Hasan el Basrî et d’ibn Sirîn, la première duraïra fut édifiée à Bassora par Ahmed ibn ‘Atâ el Hujaïmî, un adepte d’Abd el Wâhid (m. 150 h.), qui était lui-même un élève d’el Hasan el Basrî. La ville était connue pour son ascétisme et sa piété à outrance, d’où l’adage : le fiqh est à Koufa ce que la piété est à Bassora. Les anecdotes surprenantes qui nous viennent sur le sujet sont pour la plupart imputées à leurs pieux, comme Zirâra ibn Awfa (m. 93 h.), Abû Juhaïr el A’mâ (m. ? h.), ‘Utbat el Ghulâm (m. ? h.), ‘Atâ e-Sulaïmî (m. après 140 h.).[4] Plusieurs d’entre eux sont tombés raides morts à la lecture du Coran.


Ibn Taïmiya explique qu’il existe deux réactions extrêmes envers certains de ces « états soufis » qui tirent leur origine de Bassora ; il y a ceux qui les condamnent à outrance et ceux qui les encensent à outrance. Ensuite, il fait le même constat envers les savants du raï qui tirent leur origine de Koufa. Puis, il fait la conclusion suivante : « Quiconque considère que la voie d’un savant ou d’un dévot est meilleure que celle des Compagnons commet une erreur le rendant égaré et innovateur. À l’inverse, quiconque condamne sévèrement l’auteur d’une erreur qui fait suite à un effort dans l’obéissance à Allah commet une erreur le rendant égaré et innovateur. Par ailleurs, les gens font également, dans le domaine de l’amour et la haine en Dieu et de l’alliance, des efforts d’interprétation qui peuvent être justes ou non.

Bon nombre de gens aiment un individu de façon inconditionnelle, et font abstraction de ses défauts. Mais, dès qu’ils le voient faire une faute, ils se mettent à le détester de façon inconditionnelle en faisant abstraction de ses qualités… Cette opinion est celle des innovateurs parmi les kharijites, les mu’tazilites, et les murjites.


Quant aux traditionalistes, ils sont conformes aux enseignements du Coran, de la sunna, et du consensus disant qu’un croyant est concerné par la promesse, la grâce, et la récompense divine pour ses bonnes actions ; comme il est concerné par le châtiment divin pour ses mauvaises actions. Un même homme peut accuser en même temps ce qui lui rapporte la récompense et le châtiment, ce qui est louable et ce qui est blâmable, et ce qu’on est aime et ce qu’on déteste en lui… »[5]


Sheïkh el Islam ibn Taïmiya nous révèle : « Parmi les éléments en relation avec ce point : nous devons savoir qu’un grand homme au niveau du savoir et de la piété, parmi les Compagnons, leurs successeurs, et tous ceux qui viendront après eux jusqu’à la fin du monde, qu’ils soient d’ahl el Baït ou non, peut très bien faire un effort d’interprétation basé sur des conjectures, voire des passions subtiles qui auront de mauvaises conséquences. Il ne convient pas de le suivre sur son erreur, bien qu’au même moment, il compte parmi les pieux et les élus de Dieu.

Malheureusement, ce genre d’erreur perturbe deux catégories d’individus :

Ceux qui l’encensent, et qui veulent absolument lui donner raison et le suivre dans son erreur.
Ceux qui le condamnent et qui remettent en question à cause de cette erreur sa piété et son statut de wali. Ils vont jusqu’à douter de sa crédibilité et qu’il soit des habitants du Paradis.

Or, ces deux voies contraires sont aussi égarées l’une que l’autre.


Les gens des passions parmi les kharijites et les rafidhites, notamment, se sont égarés par cette porte. Quant aux traditionalistes qui suivent la voie de la modération encensent tous ceux qui le méritent ; ils les aiment et les prennent pour alliés, tout en gardant la vérité entre les yeux. Ils encensent la vérité et sont cléments envers les hommes. Ils savent pertinemment qu’un même homme peut avoir de bons et de mauvais côtés (récompenses/péchés) ; il est louable d’un côté, et blâmable d’un autre côté ; il mérite une récompense d’un côté et est passible du châtiment d’un autre côté ; on l’aime d’un côté et on le déteste d’un autre côté. Cette tendance est celle des traditionalistes, et s’oppose notamment aux kharijites et aux mu’tazilites. »[6]


Développement


Dans ce registre-là, nous avons l’expression : « on (ne) tient (pas) rigueur du comportement d’un tel ». Les discussions sont très vives autour des réactions provenant de certains maitres fuqara[7] et soufi qui iraient à l’encontre de la religion.[8] Pour les uns, elles sont inadmissibles en regard de la sharî’a et condamnent donc leurs auteurs avec force. Ils les détestent, leur réservent toutes sortes de punition, et mettent dans le même sac tous ceux qui se font une bonne opinion d’eux.[9] Pour les autres, elles proviennent d’individus connus pour leur piété, leur ascétisme, leur scrupule religieux, leur savoir et leur état spirituel. Au minimum, elles seraient tolérées et ils les voient donc sous un bon œil. Au pire des cas, ils ferment les yeux dessus.


Traduit par : Karim Zentici

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[1] Minhâj e-sunna d’ibn Taïmiya (6/430).

[2] Majmû’ el fatâwâ (10/546-547).

[3] Majmû’ el fatâwâ (30/80) et (20/207). Il est sûr que certains traditionalistes ont recours à des hadîth ou des annales faibles, des raisonnements aberrants, de mauvaises interprétations. Il est même possible qu’ils s’inspirent de texte du Coran et de la sunna dont ils ne pénètrent pas le sens, ou à mauvais escient. Ils sont même capables de taxer de mécréants, d’innovateurs ou d’ignorants de grandes références de la communauté. Ainsi, soit ils dévient de la vérité soit ils s’attaquent impunément à leurs frères, indépendamment de savoir si certains d’entre eux sont excusables ou non. Ils sont même capables de sombrer dans l’innovation et l’égarement passibles des pires punitions. Seuls un ignorant ou un injuste peuvent contester ce constat amer ! Majmû’ el Fatâwâ (4/9-23).

[4] Majmû’ el fatâwâ (11/6-13).

[5] Majmû’ el fatâwâ (11/5-16).

[6] Minhâj e-sunna (4/543). Ailleurs, il explique : « Les kharijites kaffar la jamâ’a (les traditionalistes ou les musulmans, ou peut-être les Compagnons ndt.), comme les mu’atazilites et les râfidhites kaffar leurs opposants : au meilleur des cas, ils les considèrent comme des pervers (tafsîq). Ainsi, les gens des passions innovent une tendance et vouent à l’apostasie tous ceux qui s’y opposent. Quant aux traditionalistes, ils suivent la vérité de leur Seigneur qui leur est venu du Messager (r). Ils ne kaffar par leurs opposants ; ils sont les plus savants des hommes, et les plus cléments envers les hommes. » Minhâj e-sunna (5/158).

[7] La première duraïra qui servait de lieu d’adoration, rassemblait les soufis environnants qu’Abd e-Rahmân ibn Mahdî et d’autres « baptisèrent » de fuqaïriya (les miséreux). Majmû’ el fatâwâ (11/6-13).

[8] Les adeptes du raï composaient en majorité les habitants de Koufa qui connut également l’éclosion du shiisme et des narrations inventés. Sans remettre en question l’intégrité, l’érudition en matière de sunna et de fiqh de ses élites qui pullulent dans ses rangs ; mais nous ne faisons que pointer le doigt sur la recrudescence des hadîth mensongèrement imputés au Prophète (r), des opinions personnelles dans le domaine du fiqh, et du crédo shiite. Le kalâm et le soufisme proliféraient en grande partie à Bassora. Le mu’tazilisme et le kalâm primitif, avec à leur tête ‘Amr ibn ‘Ubaïd et Wâsil ibn ‘Atâ firent leur apparition peu de temps après la mort d’el Hasan el Basrî, et d’ibn Sirîn…

Les manuels (ahl e-tasawwuf) innovèrent certaines pratiques, bien qu’ils restèrent fidèles à l’ensemble des traditions officielles. L’écoute des chants et des récitations du Coran (samâ’) provoquèrent chez les derniers des évanouissements, voire une mort soudaine. Les élucubrations cérébrales semèrent chez les premiers le doute et la perplexité. Les uns étaient mus par le discours auquel ils donnaient le nom de tawhid (ils se baptisèrent muwahhiddûn), et les autres, forts d’une grande volonté, étaient mus par la gymnastique physique qu’ils assimilaient au tawhid (ils se désignèrent le nom d’ahl e-tawhid wa e-tajrîd). Majmû’ el fatâwâ (10/359-361).

[9] Allah blâme ce comportement dans le Verset : [Les gens du Livre ne se sont divisés après avoir reçu le savoir, que par animosité les uns envers les autres] [La famille d’Imrân ; 19]. Ainsi, l’animosité est blâmable dans l’absolu ; que ce soit en imposant aux autres des choses auxquelles ils ne sont pas tenus de suivre, ou en les condamnant pour les avoir délaissés, ou bien en les condamnant alors qu’ils sont excusables – Allah leur pardonne leur erreur –. Condamner les autres et leur infliger une punition sans qu’Allah ne les condamne ni ne les punisse est une forme d’animosité, surtout quand celle-ci est motivée par les passions. Dar-u ta’ârudh el ‘aql wa e-naql d’ibn Taïmiya (8/408-409).

Il n’appartient à personne d’imposer aux gens ou de leur ou obliger quoi que ce soit, en dehors de ce qu’Allah et Son Messager leur ont imposé. Personne non plus n’a le droit de leur interdire quoi que ce soit, en dehors de ce qu’Allah et Son Messager leur ont interdit. En rendant obligatoire ou interdit une chose sans se référer aux textes, cela revient à légiférer dans la religion sans passer par l’autorisation d’Allah. On est semblable aux païens et aux gens du Livre que le Coran condamne pour avoir pris pour religion ce qu’Allah ne leur a ni ordonné ni interdit. Des passages des sourates el an’âm, el a’râf, barâa, etc. mettent en lumière ce point.

C'est pourquoi l’un des signes distinctifs des innovateurs est d’innover une parole ou un acte qu’ils imposent ensuite aux autres par la force, et sur lesquels ils fondent leur sentiment d’alliance (l’amour et la haine en Dieu). C’est exactement ce que les kharijites, les râfidhites, et les jahmites ont fait. Les derniers cités ont profité de leur position auprès de trois khalifes abbassides. Ceux-ci firent régner une inquisition impitoyable contre les grands savants de l’époque en vue de les faire adhérer à leur pensée qui puise ses origines dans le crédo selon lequel le Coran serait créé. Ils soumirent à la torture tous ceux qui leur résistaient.


Il va sans dire que cette attitude haïssable va à l’encontre des principes élémentaires de la religion. Les peines corporelles furent légiférées uniquement pour les cas de désobéissance aux commandements divins (obligations/interdictions). Il ne revient à personne en dehors d’Allah et de Son Messager d’obliger ou d’interdire de faire ou de ne pas faire quoi que ce soit. En faisant cela, on s’érige en législateur et on se met à l’égal d’Allah et de Son Messager. On est semblable aux païens qui attribuèrent des rivaux à Dieu, mais aussi aux apostats qui donnèrent foi à Musaïlama l’imposteur. On est directement concerné par le Verset : [ont-ils des associés pour leur légiférer dans la religion ce qu’Allah ne leur a pas autorisé ?] [La concertation ; 21]. Les grandes références traditionalistes n’imposaient à personne leurs idées qui étaient le fruit de leurs efforts d’interprétation…

L’Imam Ahmed affirme : « Il ne convient pas au légiste d’imposer sa tendance aux gens et d’être dur avec eux sur la chose. » Ailleurs, il renchérit : « Ne suis pas aveuglément les hommes pour connaitre ta religion, car ils ne sont pas à l’abri de l’erreur. »


Tous ces imams font allusion aux questions pratiques et subsidiaires de la religion pour lesquelles ils interdisent à qui que ce soit d’imposer leur tendance. Pourtant, ils ne font que s’appuyer sur des arguments textuels. Que dire alors s’il s’agissait d’imposer une idée qui ne puise son origine ni du Coran, ni de la sunna, ni des annales des Compagnons, de leurs successeurs directs, et des grandes références de la religion après eux ?


Ibn Abî Duâd, était l’une des têtes de files jahmites ayant eu le titre suprême de « chef des juges » sous l’ère d’el Mu’tasim qui avait imposé à ses sujets le crédo vantant le caractère créé du Coran. De lourdes peines étaient prévues contre tout réfractaire. Il était notamment déchu de ses fonctions, et ses subsides étaient littéralement coupés, etc. Ahmed, dans sa fameuse « cabale », n’échappa pas à ce régime…

Il est établit qu’il n’est pas permis de faire subir des peines pour des questions qui n’avaient pas reçu l’aval du Coran et de la sunna. Il est donc illégitime de les imposer aux autres, étant donné que seuls les textes font autorités dans ce domaine. Quand bien même, notre opinion serait juste ou que nous estimerions qu’elle soit juste, cela ne justifie nullement de l’imposer dans la mesure où le Prophète (r) n’a pas corroboré une telle démarche que ce soit à travers un texte explicite ou qu’on en ait déduit des textes.


Si cela est clair, il intolérable de dire qu’il incombe à un tel de croire telle et telle chose ou de ne pas parler de telle et telle chose. Comme il n’est pas permis de lui imposer de croire ou de lui interdire de faire telle chose. Si, en plus de cela, on conditionne sa sortie de prison, à l’obligation de s’aligner à une école quelconque, cela revient à justifier sa peine d’emprisonnement ou autre. Dans la mesure où ce qu’on impose ou interdit n’est pas corroboré par les textes scripturaires de l’Islam, on s’associe vulgairement aux kharijites, aux râfidhites, et aux jahmites ; eux-mêmes sont sur les traces des païens et des apostats de la première époque. Que dire alors si l’on sait que leur tendance n’a aucune origine scripturaire ?...

Dans la situation où leur tendance n’est pas conforme à la vérité, ils n’ont pas le droit de l’imposer à qui que ce soit. Et, même dans la situation où celle-ci y serait conforme, il leur incombe de le démontrer, car à l’unanimité des musulmans, la punition n’a pas lieu avant d’avoir établi la preuve céleste contre tout réfractaire. Si cette tendance en question a été éclairée par le Prophète (r) lui-même, cela ne pose aucun problème, étant donné que la preuve céleste est, dans ce cas, établie d’elle-même. Le problème, c’est quand il n’existe aucun texte clair sur la chose. Dans ce cas, il incombe de démontrer qu’on a raison…

Sans passer par cette dernière étape, mais en se reposant uniquement sur des allégations gratuites, il est complètement insensé d’imposer aux autres de s’y aligner !





Or, quand bien même, ils démontreraient qu’ils ont raison, cela ne justifierait pas pour autant de punir leurs adversaires. Il est faux de penser qu’on peut punir l’une des parties en présence pour toute question sur laquelle règne la divergence, sous prétexte qu’on a démontré qu’elle s’est trompée !

La partie qui a raison n’a pas systématiquement le droit de punir la partie adverse qui ne revient pas à sa tendance, sous le simple prétexte qu’elle s’est trompée. Ce principe est vrai pour la plupart des divergences qui opposent les membres de notre communauté. Que dire alors quand on ne ramène aucune preuve à ce qu’on avance et qu’on est incapable de démontrer qu’on a raison ! E-tis’îniya (1/175-184).
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Message par Citizenkan Sam 16 Jan - 18:56



Nectar taïmiyen II

(Partie 2)


Les uns et les autres peuvent sombrer dans l’extrême : leurs détracteurs vont jusqu’à vouer au takfîr ou au tafsîq des comportements qui relèvent pourtant de l’ijtihâd (efforts personnels ndt.) ; et leurs défenseurs vont jusqu’à les cautionner, même quand ils contreviennent de façon élémentaire aux enseignements du Prophète (r).[1] L’histoire de Mûsâ avec el Khidhr serait un argument de taille en leur faveur. Les premiers pullulent dans les rangs des musawites (adeptes de Mûsâ ndt.) d’où dérive la religion juive falsifiée,[2] et les seconds abondent dans les rangs des ‘îsawites (adeptes de ‘Îsâ ndt.)[3] d’où dérive la religion chrétienne falsifiée.


Les musawites sont souvent des savants enclins à la dureté et aux passions, et les ‘îsawites sont souvent enclins à la miséricorde, sauf qu’ils sont ignorants et égarés. Entre les deux, nous avons la voie du milieu[4] dont les adeptes sont armés à la fois du savoir et de la miséricorde, dans la droite lignée du Coran : [Seigneur, Tu embrasses toute chose de Ta Miséricorde et de Ta science][5] ; [Votre dieu n’est autre qu’Allah, Celui en dehors de qui, il n’y a d’autre dieu, Lui qui embrasse toute chose de Sa science].[6] En outre, un Verset trace le portrait de l’homme qui croisa le chemin de Mûsâ et de son disciple : [Ils rencontrèrent l’un de Nos serviteurs que Nous avons paré d’une miséricorde venant de Nous, et à qui Nous avons enseigné une science émanant de Notre part].[7]


Or, nous devons faire preuve d’équité dans la parole et les actes,[8] car, pour revenir à notre sujet, l’expression « on (ne) tient (pas) rigueur du comportement d’un tel » revêt une double signification. 1°) Elle peut vouloir dire qu’on ne tient pas rigueur de son comportement dans le sens où il n’est ni condamnable ni passible d’un péché. 2°) Elle peut le cautionner et sous-entendre qu’il est louable et récompensé par le Tout-Puissant.

Le premier exclue toute condamnation et punition de leurs agissements (ils n’encourent pas la Colère divine), tandis qu’aux yeux du second, ils sont méritoires et méritent même une récompense (ils gagnent l’Agrément d’Allah).


C’est la raison pour laquelle, les pourfendeurs mettent souvent en avant le châtiment et le péché, et les défenseurs se focalisent plutôt sur l’Agrément et la récompense. Les deux parties en opposition peuvent tout aussi bien avoir tort l’une que l’autre, et la vérité se trouve éventuellement du côté d’une troisième voie qui incarne le juste milieu. Autrement dit, l’intéressé n’est ni louable ni condamnable et il n’a droit à aucun châtiment ni aucune récompense.[9]

Pour expliquer ce point nous disons que toute parole ou action (une parole fausse ou un acte interdit) qui s’oppose aux textes (Coran, sunna) est excusable dans deux cas de figure :

Quand on n’est pas au courant des textes.
Quand on est dans l’incapacité de s’y conformer.


Exemple du premier cas : l’auteur de ces « états spirituels » perd l’esprit et n’est donc plus responsable, comme le prévoit la Loi en pareil cas. Ne pas en tenir rigueur signifie ici qu’il n’est pas condamnable non qu’il ait raison. À vouloir absolument lui donner raison est une erreur.


Il y a le cas où il est mu par un effort d’interprétation, comme pour n’importe quelle question qui est sujette à divergence entre les savants.[10] Ne pas en tenir rigueur signifie alors qu’il n’est pas condamnable en raison de son ijtihâd, mais cela ne veut pas dire qu’il ait juste. Pour affirmer le bien fondé d’une chose, il faut en apporter la preuve, car seul le Messager fait autorité en matière de législation. En l’occurrence, l’intéressé a commis une erreur d’interprétation non passible d’un péché.[11]


Ainsi, on lui accorde son ijtihâd malgré son erreur, et cela implique un certain nombre de chose : on ne casse pas son jugement, on ne conteste pas sa fatwa, ses suiveurs et ses adeptes ont le droit de le suivre (il est toléré de suivre les avis d’une personne compétente parmi les savants et les maitres quand on n’a pas les moyens de parvenir par soi-même à la vérité, et qu’on ne se rend pas compte de son erreur). Certains de ces points touchent plutôt au second cas de figure, soit quand on est dans l’incapacité de se conformer aux textes.


Il ne lui est donc pas tenu rigueur dans ce cas de figure à condition de s’assurer qu’il est excusable ou qu’il est sincère dans sa démarche, car il est éventuellement mu par un effort d’interprétation. Il englobe trois types d’individus qui ne sont pas au courant des textes, et pour qui la vérité est cachée d’une manière qui les rend excusables.


Traduit par : Karim Zentici

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[1] Ainsi, les sciences et les pratiques religieuses légitimes prennent leur source des Compagnons du Messager d’Allah (r) ; et tout élément nouveau qui se manifesta après eux n’a aucune autorité canonique, bien que, au même moment, ses instigateurs potentiels sont excusables, voire récompensés en raison de leur effort d’interprétation (ijtihâd) ou de leur suivisme légal (taqlîd).

Toute science du kalâm construite, que ce soit au niveau des fondements ou des branches, à partir des textes scripturaires, et des annales des anciens est conforme à la voie prophétique. Et toute adoration, acte religieux, ou écoute spirituel qui relève tout aussi bien des pratiques fondamentales que subsidiaires (états spirituels, adorations corporelles) fidèle au Coran, à la sunna, et à l’usage de la première époque est en phase avec la voie prophétique.

Cette approche est celle des grandes références de l’Islam. L’Imam Ahmed établit dans ce chapitre : « Les fondements de la Tradition consistent, chez nous, à s’attacher au chemin des Compagnons du Messager d’Allah (r), [de les suivre et de s’éloigner des innovations.]» Majmû’ el fatâwâ (10/359-361).

[2] Malgré leur grande intelligence et leur culture, les Juifs sont connus pour leur penchant vers la haine, la jalousie, l’animosité, la vengeance, et les passions. Le Coran met en lumière leur orgueil, leur cupidité, leur lâcheté, leur cœur dur, leur rigorisme en s’interdisant des choses licites, leur excès à s’éloigner des impuretés, et leur propension à cacher la vérité. Ils tuent leurs prophètes et attribuent des défauts à Yahvé. El jawâb e-sahîh d’ibn Taïmiya (3/103, 109, 168). Ailleurs, ibn Taïmiya explique que la cupidité engendre l’avarice, qui pousse à l’injustice et à couper les liens avec sa famille et les autres en général. L’homme cupide est forcément haineux, et jaloux de ceux qu’il n’épargne pas de son mal. Majmû’ el fatâwâ d’ibn Taïmiya (10/588-592).

[3] L’égarement est propre aux chrétiens, et l’animosité et l’injustice sont propres aux juifs, mais cela ne veut pas dire que les juifs ne sont pas égarés ni que les chrétiens ne fassent pas preuve d’injustice, mais nous parlons ici de leur ascendant. Majmû’ el fatâwâ d’ibn Taïmiya (22/307). Les chrétiens sont des ignares que ne rachètent nullement leurs bonnes intentions ni leur piété ni leur vertu éventuelles. El jawâb e-sahîh d’ibn Taïmiya (3/103, 109, 168). Ils sont donc plus manuels qu’intellectuels, contrairement aux Juifs, qui sont plus intellectuels que manuels, conformément à l’adage d’ibn ‘Uyaïna : « Ceux qui, parmi nos savants, s’égarent ressemblent aux Juifs et ceux qui, parmi nos adorateurs, s’égarent ressemblent aux chrétiens. » Voir : Majmû’ el fatâwâ d’ibn Taïmiya (2/41). Les mutakallimîns tendent vers la voie des Juifs, et les soufis vers celle des chrétiens. Majmû’ el fatâwâ d’ibn Taïmiya (2/43).

[4] Sheïkh Taqî e-Dîn établit : « Les savants font uniquement allusion aux prophètes – que les prières d’Allah soient sur eux – quand ils parlent de la catégorie d’individus qui sont immunisés de persister dans la faute. Cela ne concerne pas les véridiques, les martyrs, et les pieux qui ne jouissent pas de ce privilège. Ces derniers sont capables de faire des péchés qui sont incontestables, mais ils peuvent également être motivés par un effort d’interprétation qui ne leur garantit pas d’avoir raison tout le temps. Quand ils ont effectivement raison, ils reçoivent une double récompense, mais s’ils se trompent ils n’en reçoivent qu’une seule en compensation à leurs efforts. Cela veut dire que ce genre d’erreurs leur est pardonné.

À l’inverse des savants, nous avons les égarées pour qui, l’erreur et le péché sont indissociables. Ils peuvent alors avoir deux réactions vis-à-vis des fautifs éventuels : soit ils font preuve d’excès en considérant qu’ils sont parfaits soit ils font preuve de laxisme en pensant que leurs erreurs les rendent injustes. Quant aux savants [modérés], ils disent qu’ils ne sont ni parfaits ni condamnables. » Majmû’ el fatâwâ (35/29).

[5] L’Absoluteur ; 7

[6] Tâ-hâ ; 98

[7] La caverne ; 65

[8] « Le but n’est pas de blâmer ou de louer dans l’absolu un individu ou un groupe en particulier. La bonne démarche, qui est du côté des traditionalistes considère qu’un même individu ou un même groupe concède de bonnes actions qui sont louables et de mauvaises actions qui sont blâmables, mais il a aussi des actes qui relèvent du toléré, et qui ne sont ni louables ni blâmables. D’autres actes, qui sont motivés par l’erreur et l’oubli, lui sont tout simplement pardonnés. Ainsi, d’une part, il mérite la récompense pour ses bonnes actions, et le châtiment pour ses mauvaises actions. D’autre part, il n’est ni blâmable ni louable pour ses actes tolérés ou pardonnés.

Cette tendance est celle des traditionalistes vis-à-vis des pervers musulmans ou autre. À l’extrême, nous avons, entre autres, les kharijites et les mu’tazilites parmi les hérétiques wa’îdiya qui ne conçoivent pas qu’on soit à la fois louable et blâmable…

C’est pourquoi, nous pouvons constater dans la communauté, que de nombreux imams notamment, parmi les savants et les émirs accusent ces deux choses à la fois. Malheureusement, certaines gens font de l’excès, et, animés par les passions, ne retiennent que leur qualité et leurs bons côtés. À l’extrême opposé, nous avons ceux, qui, tout aussi animés par les passions, se contentent de parler de leurs défauts et de leurs mauvais côtés. Or, la religion d’Allah se situe entre les deux ; entre le rigorisme et le laxisme, et les meilleures choses sont toujours au milieu. » E-tis’iniya (3/1032-1033).

[9] Sinon, en règle générale, la vérité peut pencher du côté d’un individu ou d’un groupe sur un point en particulier. Il est même possible que les deux parties qui s’opposent soient aussi dans l’erreur l’une que l’autre. Elles sont également susceptibles d’avoir toutes les deux raison, mais uniquement sous un angle. Aucun groupe n’a le droit de s’arroger la vérité, peu importe qui se trouve à sa tête, car seul le meilleur des hommes (r) jouit de ce privilège. Autrement, cela supposerait que les partisans d’un groupe aient toujours raison, et que tous les autres croyants qui les contrediraient sur une question donnée seraient forcément des égarés. Leur meneur serait donc ma’sûm, ce qui, à l’évidence, va à l’encontre des connaissances élémentaires de la religion. S’ils étaient réellement ahl el haqq, alors tout consensus issu de leur groupe serait une preuve scripturaire infaillible…

Nombreux sont les sectateurs égarés qui s’autoproclament les détenteurs de la vérité, les élus et les partisans d’Allah. [Ils sont d’autant plus prétentieux qu’]ils ne daignent partager ces qualités avec personne. En réalité, il est possible qu’ils soient plus près des ennemis d’Allah que de Ses élus, et qu’ils soient largement plus près de l’égarement que du bon discernement. E-tis’îniya (3/902-906) d’ibn Taïmiya.

[10] Ils sont également la cause de la corruption, comme le dévoile un texte qui remonte au Prophète (r), et qui fut rapporté par plusieurs Compagnons : « Les dangers que je crains le plus pour vous sont au nombre de trois : la bévue d’un homme de science, la langue d’un hypocrite qui polémique à coups de Versets du Coran, et le pouvoir des émirs égarés. » Les émirs représentent l’autorité politique, et le savant et l’hypocrite l’autorité religieuse, sauf que le premier jouit d’une bonne croyance. Ce dernier est sujet à l’erreur comme n’importe quel légiste traditionaliste. Le second compte dans les rangs des penseurs musulmans et des adeptes du kalâm qui se servent du Coran, avec lequel ils n’ont aucun lien, pour faire passer leurs hérésies. Ils sont mus par la seule volonté de confondre leurs adversaires, non qu’ils prennent le Livre d’Allah pour modèle ou référence. Ils sont de vulgaires hypocrites qui polémiquent à coups de Versets du Coran, mais le corpus de la sunna associé au consensus réduit leurs pseudo arguments à néant. » Majmû’ el fatâwâ (10/354).

[11] « Celui qui fait une mauvaise interprétation des textes, mais dont les intentions sont de suivre scrupuleusement le Messager (r), il ne devient pas mécréant ni pervers, s’il se trompe à la suite d’un effort d’interprétation. Ce principe est notoire pour les questions pratiques (furû’ ndt.). Quant aux questions liées au dogme (usûl ndt.), bon nombre de gens ne donnent pas d’excuse à celui qui se trompe dans ce domaine. Or, cette tendance n’est connue par aucun Compagnon ni par leurs fidèles successeurs ni par les grandes références de l’Islam. Elle prend son origine chez les innovateurs qui innovent des principes et qui sortent de l’islam tous ceux qui ne veulent pas s’y soumettre, à l’image des kharijites, des mu’atazilites, et des jahmites. Bon nombre d’adeptes des quatre écoles l’ont adoptée, comme certains malikites, certains shafi’ites, certaines hanbalites, et d’autres. » Minhâj e-sunna (5/240).

Là où nous voulons en venir, c’est que l’innovation, et, en général, tout ce qui s’oppose au Coran et à la sunna peut provenir d’un individu qui est excusable, soit pour avoir fait un effort d’interprétation soit pour avoir suivi quelqu’un d’autre (taqlîd) dans les limites excusables. Il est possible également qu’il n’ait pas les moyens de parvenir à la vérité. Majmû’ el fatâwâ (10/371).
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Message par Invité Dim 17 Jan - 19:10

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Message par Citizenkan Dim 17 Jan - 21:04


Nectar taïmiyen II

(Partie 3)


Exemple du second cas : soit quand l’intéressé est dans l’incapacité de se conformer aux textes. Ses « états » l’incitent à déchirer ses habits, à se griffer le visage, à pousser des cris atroces, et à remuer dans tous les sens. Il ne lui est pas tenu rigueur de ce genre de débordements à condition de s’assurer qu’ils ne proviennent pas d’une cause illicite, qu’il agit malgré lui, et que sa sincérité n’est pas remise en doute. Parfois, il y en a qui le font express, et dès que leur supercherie est dévoilée au grand jour, il incombe de les dénoncer. Sinon, dans le doute, il faut s’abstenir de tout jugement. Nous adoptons la même démarche qu’avec un témoignage ou une accusation de vol. On accepte les affirmations d’un témoin crédible et on refuse les faux témoignages ; on disculpe un suspect dont l’innocence est démontrée, sinon on lui inflige la peine prévue ; et dans le doute, on s’abstient, car, comme le dit si bien el Hasan el Basrî : « Le croyant est circonspect et vérifie avant d’agir. »


En outre, certains affichent aux autres qu’ils sont incapables d’observer les obligations religieuses, comme c’est le cas pour ceux qui perdent connaissance ou qui sont à l’état de sommeil. Ils perdent le contrôle d’eux-mêmes sous l’effet d’un état d’exaltation intense (peur, amour d’Allah, etc.), et ils n’ont plus le discernement suffisant pour s’acquitter de l’office rituel. Ils négligent les commandements divins pour les mêmes raisons qu’ils enfreignent les interdits.


Ne pas tenir rigueur de leurs écarts signifie ici qu’il ne leur est fait aucun reproche, et cela renvoie à deux choses : juger qu’ils sont excusables ou juger qu’ils ne sont pas condamnables.


Cette démarche est valable pour les paroles et les actes qui sont clairement illégitimes, comme les nombreuses anecdotes sur les élucubrations soufies (shatahât). Ibn Hûd disait : « Le Jour de la résurrection, je planterais ma tante au-dessus de la Géhenne. » e-Shiblî se rasait la barbe et mettait ses vêtements en lambeau. Il fut interné à deux reprises à l’hôpital Mâristân. Un maitre soufi fit la recommandation pré-posthume à son disciple : « Le jour où tu es dans le besoin, viens te recueillir sur ma tombe pour implorer mon secours. » Un sheïkh cessa de se présenter à la prière du vendredi sous prétexte que l’imâm qui était pourtant un pieux, consacra des invocations en faveur du sultan de l’époque dont il fit les éloges en jugeant qu’il était juste. Un autre renonça de prier derrière un imâm après avoir, selon ses dires, eu accès, grâce à une illumination, au fond de ses pensées.


On raconte au sujet de mystiques à moitié-fou qu’Allah leur concéda un esprit et des états spirituels : il leur enleva leur esprit et leur laissa leur « états ».


En résumé, nous devons envisager ce sujet sous le prisme du Coran et de la sunna d’où émanent les enseignements divins (informations, obligations, interdictions) qu’il incombe de suivre, et sans se soucier de qui peut y contrevenir, aussi honorable soit-il. Il est inadmissible de suivre qui que ce soit en dehors du Messager qui est la référence absolu à qui nous devons obéissance, comme le dénotent les textes et le consensus. Nous accordons le bénéfice du doute à tout fautif éventuel, dans les limites instaurées par le législateur : perte de l’esprit, de la lucidité, erreur d’interprétation (ijtihâd) révélée dans son discours ou ses actes, situation incontrôlable qui le pousse, malgré lui, à faire ou à ne pas faire quelque chose, à omettre son devoir ou à enfreindre un interdit. Dans tous ces cas de figure, il n’est pas condamnable, et au même moment, nous nous gardons de le suivre dans ses erreurs, car le Coran et la sunna sont les seules sources de la Législation, et la seule voie qui mène au Seigneur Tout-Puissant.


Les errements des uns et des autres qui proviennent de l’un des facteurs cités plus haut sont donc irréprochables. Les faits et gestes de chacun d’entre nous sont discutables, à l’exception du Messager d’Allah qui représente la référence absolue en matière de législation. La parole d’aucun grand Imam n’est à prendre pour argent comptant, même si, au même moment, nous ne remettons pas en cause son intégrité.


Or, il existe des paroles et des actes dont nous ne pouvons assurer de façon formelle qu’ils vont à l’encontre des enseignements prophétiques. Ceux-ci relèvent de l’ijtihâd qui fait l’objet de divergence dans le monde érudit. Pour certains, grâce à Dieu, la chose est beaucoup plus claire que chez d’autres, mais cela ne justifie nullement d’imposer leurs conclusions à ceux qui sont beaucoup moins catégoriques, voire sceptiques. Sous un angle, ils rejoignent le premier cas de figure ci-dessus, et, sous un autre angle, ils cadrent plus avec le second.


Il arrive que leurs conclusions soient de type ijtihâd, au même titre que n’importe quel érudit. Nous ne pouvons reprocher à leurs adeptes d’adopter leur conclusion, dans le sens où nous ne tenons pas rigueur de leur suivisme, de la même manière que nous ne tenions pas rigueur au premier cas de figure de son erreur (traduction approximative ndt.).


En revanche, nous tenons rigueurs des errements qui proviennent, par exemple, d’un individu connu pour jouer la comédie dans l’espoir d’échapper à la vindicte populaire ; à l’image de nombreux adeptes du Sheïkh Ahmed e-Rifâ’î, ou de la secte Yûnasiya qui s’adonnent à la débauche ou qui négligent leurs devoirs. Ces derniers feignent d’avoir atteint l’état d’extase ou d’ivresse pour gagner l’assentiment des autres, mais surtout, pour échapper à la critique.

Nous en voulons également à l’obstiné qui suit pertinemment ses passions au détriment de la vérité, ou qui s’autorise à sortir de la loi mohammadienne ou à prononcer des paroles inadmissibles sous prétexte que certains walis se passeraient aisément des prescriptions religieuses en justifiant ainsi leurs écarts. Certains charlatans poussent le fatalisme jusqu’à se laisser entrainer là où le destin les mène, quitte à se vautrer dans les immondices. L’un d’eux osa affirmer que les occupants du Suffa auraient pris les armes contre le sceau des prophètes (r) le jour où ses Compagnons subirent un revers, sous prétexte de se ranger du côté du vainqueur pour se plier au destin d’Allah. Il aurait également entendu la conversation que le Messager échangea avec Son Seigneur la nuit de l’Ascension…

Nous en voulons également à celui qui prétend qu’on a le droit de se passer de la Législation de Mohammed après sa mort, au même titre qu’el Khidhr qui n’était pas soumis, à son époque, à l’autorité de Mûsâ ; son message, en effet, ne le concernait pas, contrairement à celui du dernier des envoyés qui s’adresse à tous les hommes. Il incombe d’exposer la vérité à ce genre d’individus, et, en cas de refus, de le réprouver conformément aux prérogatives offertes par la religion, et qui se matérialise soit avec les mains, soit avec la langue, soit avec le cœur.


Nous blâmons également ceux qui suivent dans leurs erreurs les érudits cité plus haut, à qui nous offrons, certes, des excuses atténuantes, mais cela ne justifie nullement de les prendre aveuglément en modèle.[1] Si ces derniers méritent notre compréhension, nous ne pouvons pas en dire autant des suiveurs obstinés.[2]


Et quand nous ne savons pas à quel genre d’individus nous avons affaire, il est plus sain de s’abstenir de tout jugement, car un émir à plus intérêt à pardonner par erreur que de punir par erreur.[3] En revanche, nous sommes intransigeants avec toute infraction au Coran et à la sunna, conformément au hadîth : « Toute action non conforme à notre ordre sera refusée. »[4] Il ne convient pas de sortir des notions générales des textes en se basant sur des conjectures, de la même manière qu’il ne convient pas de punir qui que ce soit en se basant sur des conjectures, ni d’affirmer que telle chose est vraie ou fausse en se basant sur des conjectures ; qu’Allah nous guide sur le droit chemin, en compagnie de ceux qu’Il a comblé de Ses bienfaits, parmi les prophètes, les véridiques, les martyrs, et les pieux, loin de ceux qui ont encouru Sa colère et des égarés !


Il nous reste à évoquer un point qui, malheureusement, porte souvent à confusion. Il arrive en effet qu’un individu anonyme (majhûl el hâl) affiche une action qui va à l’encontre de la loi, et pour laquelle il est éventuellement excusable. Ex. : extase qui sort des limites de la religion, mais qui ne dépend pas forcément de la volonté de l’individu ; argent qui, en apparence, est subtilisé à son propriétaire, mais sans qu’on ne sache s’il existe une convention implicite entre les deux concernés (en prenant cet argent, l’un savait pertinemment que l’autre ne lui en tiendra pas rigueur).


Dilemme : soit on le condamne, en sachant qu’il peut tout autant avoir une excuse, soit on le laisse faire, et cela revient à cautionner les mauvais agissements venant d’anonymes. Il incombe, dans ce genre de situations, de discuter poliment avec le concerné, en lui faisant savoir qu’en apparence, son acte est répréhensible, quand bien même il aurait été mu par une bonne volonté, car c’est une chose que nous ne pouvons pas savoir et que seul Dieu peut juger de ses réelles intentions. Il a donc le devoir de les dévoiler ou, au minimum, d’agir discrètement pour ne pas susciter la suspicion, et s’attirer ainsi la vindicte populaire. Ainsi, ni il ne donne l’impression que la société tolère l’immoralité, ni il ne donne l’occasion de se faire condamner injustement.


Le critère à suivre dans ce domaine : les gens connus pour leur honnêteté et leur sincérité sont considérés comme tels jusqu’à preuve du contraire. En revanche, on n’offre aucune circonstance atténuante à des gens malhonnêtes qui sont les auteurs d’agissements suspects. Et quand ces mêmes agissements viennent de la part d’inconnus, nous restons dans l’expectative.[5]


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[1] L’ambition est de montrer que tel acte est à l’origine de la punition indépendamment de se soucier qu’il existe quelqu’un pour le faire. Dans l’hypothèse où tous les fautifs ne remplissent pas les conditions pour recevoir la punition ou que celle-ci soit annulée en raison d’une restriction quelconque, cela ne remet nullement en question que ce péché soit interdit par la religion.

L’essentiel est de savoir ou de se rendre compte qu’il est interdit en vue de s’en éloigner. Néanmoins, la miséricorde divine veut qu’un fautif éventuel soit excusable pour une raison ou pour une autre. Sur ce principe, nous avons les petits péchés, qui, bien qu’interdits, sont expiables à condition d’éviter les grands péchés. Ce principe est le même pour tous les péchés qui ne font pas l’unanimité ; notre rôle consiste à les dénoncer, mais, au même moment un fautif motivé par l’ijtihad ou le taqlîd peut être excusable. Cela ne nous empêche nullement d’être convaincus que ce péché reste un péché…

Il n’est pas évident de dire que l’ijtihâd et le taqlîd sont une excuse dans l’absolu. Il y a des cas où ils ne sont pas tolérés. Pour eux, la cause à l’origine de la menace divine est bel et bien effective, et l’ijtihâd et le taqlîd ne constituent plus une restriction dans leur cas. Ils sont donc passibles de la punition, celle-ci est même toute désignée, sauf, bien sûr, si aucune autre restriction ne vient intercéder en leur faveur (repentir, bonnes œuvres expiatrices, etc.).

De plus, l’ijtihâd et le taqlîd ne sont pas des notions constantes. Quelqu’un peut être motivé dans son acte par l’un de ses deux facteurs en pensant qu’il est en droit de le faire, mais le fait est qu’il peut soit avoir tort soit avoir raison. L’essentiel, c’est de garder la vérité entre les yeux, et de mettre les passions de côté ; auquel cas, Allah n’impose rien à l’homme qui soit au-dessus de ses forces. Majmû’ el fatâwâ (20/278-280).

[2] Il n’est pas permis de préférer une opinion sans preuve et de s’y accrocher aveuglément sous prétexte qu’elle vienne d’un tel. Quand on n’a pas les moyens de regarder dans les textes, on est obligé de se fier à son sheïkh (taqlîd), mais sans donner son avis ni donner tort ou raison à qui que ce soit. Quand on a les moyens de faire la part des choses, on peut se permettre de prendre la vérité qui est chez lui, de rejeter ses opinions fausses, ou faute d’arguments suffisants, de s’abstenir de se prononcer. Les hommes n’ont pas tous la même capacité intellectuelle de la même façon qu’ils n’ont pas tous la même capacité physique. Majmû’ el fatâwâ (35/233).

Il ne convient ni de blâmer ni d’exclure quelqu’un qui prend la parole d’un savant sur une question qui relève de l’effort d’interprétation, surtout quand il existe une divergence sur le sujet. Dans ce cas, il incombe d’opter pour l’opinion la plus vraisemblable, sinon, il est possible de se fier à l’avis d’un érudit de référence en faisant son taqlîd. Majmû’ el fatâwâ (20/207).

Néanmoins, si nous respectons les savants qui se trompent, cela ne nous empêche pas de suivre ce que nous croyons être la vérité. Majmû’ el fatâwâ (21/64) ; voir également : Iqtidhâ e-sirât el mustaqîm (2/83).

[3] La première partie du hadîth est devenue une règle de fiqh, bien que les termes ne remontent pas au Prophète, mais ils viendraient plus probablement des Compagnons. En outre, sa chaine narrative est controversée ; voir : irwâ el ghalîl (n° 2355), et dha’îf el jâmi’ e-saghîr (n° 259) tous deux de Sheïkh el Albânî.

[4] Rapporté par Muslim (n° 1718), selon ‘Âisha – qu’Allah l’agrée –.

[5] Majmû’ el Fatâwâ (10/378-386).
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Message par Citizenkan Ven 22 Jan - 14:59





Nectar taïmiyen III


[Pharaon manipula son peuple qui se soumit à ses caprices, car il était pervers].[1] Seul un pervers pouvait convenir à la tête d’un peuple enclin à la perversité. Ibn Taïmiya nous fait savoir qu’un simple d’esprit est facilement manipulable, car il est plus guidé par les passions que par la raison, le savoir.[2]


Louange à Allah le Seigneur de l’Univers ! Que les Prières et le Salut d’Allah soient sur notre Prophète Mohammed, ainsi que sur ses proches et tous ses Compagnons !


D’après el Bukhârî, selon ‘Ubâda ibn e-Sâmit, et Muslim, selon Abû Sa’îd – les propos sont de ‘Ubâda – : le Messager d’Allah (r) sortit de chez lui pour annoncer aux gens la nuit du Destin, mais il fut arrêté dans son élan par le bruit d’une querelle qui opposa deux fidèles : « J’étais venu, s’exclama-t-il, pour vous en faire l’annonce, mais la querelle qui vient d’éclater entre un tel et un tel, fit que je ne l’ai plus à l’esprit. Cela cache sûrement un bien pour vous, alors faites des efforts pour la trouver les nuits du vingt-neuf, vingt-sept, et vingt-cinq. »[3]


Ibn Taïmiya se charge d’éclaircir l’invocation qui clôt la sourate la vache : « En clair, les Compagnons furent exaucés dans la mesure où ils adhéraient sans restriction à l’obéissance d’Allah, et ils le firent savoir en disant : [nous avons entendu et obéis].[4] C’est pourquoi, quand l’invocation en question fut révélée, ils l’utilisèrent pour implorer Dieu qui assouvit leur demande. L’islam, religion de tolérance et fidèle à Dieu, trouva son apogée lors de la période de la Révélation, et sous Abû Bakr qui connut de meilleurs jours qu’Omar ayant été éprouvé par les péchés d’une partie des citoyens dont il avait l’administration. Il eut recours à des mesures relativement draconiennes : interdiction de la formule tamattu’ au pèlerinage,[5] irrévocabilité du divorce prononcé à trois reprises lors d’une même rencontre,[6] aggravation de la peine de consommation d’alcool[7] […]

Ils allèrent jusqu’à oublier notamment certains détails qui touchent à l’héritage,[8] mais cela n’entamait en rien à la bonne entente par laquelle ils étaient fortement liés, et chacun respectait l’avis de ses frères. Les dernières années de l’ère ‘Uthmân marquèrent une plus grande scissure avec la situation de la première époque. Le niveau de vie augmentait, ce qui allait de pair avec de nouvelles exigences matérielles, mais aussi de nouvelles habitudes qui prenaient leurs distances avec le khalifat précédent. Les relations se dégradèrent, et des troubles terribles qui prenaient forme débouchèrent sur l’assassinat du troisième Khalife. Le Seigneur avait prévenu : [Méfiez-vous d’une épreuve qui ne touche pas uniquement les injustes parmi vous].[9] Quand on tait l’injustice en renonçant à sermonner tout fautif, on se rend complice de ses exactions, et on s’expose tout autant au châtiment divin. Un hadîth nous apprend : « Quand le mal se produit au su et au vu de tous sans qu’aucun n’y fasse obstacle, il déclenche le courroux d’Allah qui n’épargne personne. »[10]


Cette complicité implicite les priva énormément de bonnes choses. La formule tamattu’ notamment devint un réel sujet de dispute, ce qui était loin d’être le cas sous le règne du second Khalife ; les uns, à l’image d’ibn e-Zubaïr, l’interdisaient strictement, et les autres, qui représentaient la majorité avec le clan omeyyade à leur tête, interdisaient seulement d’y opter en cours de rite. Une troisième tendance s’inscrivit en faux en l’imposant carrément. Il va sans dire que personne ne cherchait à s’opposer aux enseignements prophétiques, sauf que le savoir perdit en intensité en raison des péchés, comme en témoigne l’anecdote : « J’étais venu, s’exclama-t-il, pour vous en faire l’annonce, mais la querelle qui vient d’éclater entre un tel et un tel, fit que je ne l’ai plus à l’esprit. Cela cache sûrement un bien pour vous… » Le Prophète (r) resta optimiste, et préconisa de redoubler d’efforts à l’occasion des dix dernières nuits sans exception. Parfois, il vaut mieux que certains ignorent l’existence de telle ou telle chose, et par compassion envers eux, Allah les empêche d’y avoir accès […]


La divergence dans les lois pratiques peut, en effet, être une miséricorde, à condition que cela n’engendre pas un grand mal (de sorte qu’on en perde la bonne réponse). C’est ce qui poussa un savant à écrire un ouvrage ayant pour titre : le livre des divergences. L’Imâm Ahmed disait qu’il faudrait plutôt l’appeler : le livre de la tolérance (kitâb e-sa’a).[11] Cela ne veut pas dire, au même moment, qu’il n’y ait pas qu’une seule vérité. Il arrive également que certaines gens ignorent la bonne opinion par un effet de la Miséricorde divine, car ils ne supporteraient pas de la connaitre, comme le révèle le Verset : [Gardez-vous de poser des questions sur des choses, qui, une fois à votre connaissance, pourraient vous nuire].[12] Par exemple, nous ne connaissons pas l’origine des produits (nourriture, habits, etc.) en vente au marché ; rien n’indique qu’ils ne sont pas le fruit d’un vol, et pourtant, jusqu’à preuve du contraire, ils sont licites pour les acheteurs qui peuvent en jouir à leur guise. Ainsi, ne pas savoir qu’une chose est source de contraintes, émane éventuellement de la Miséricorde divine, de la même manière que de ne pas savoir qu’une chose fasse l’objet de commodités est tout aussi bien la conséquence des péchés.


Dans ce registre, nous avons l’absence de doute qui vacille entre la Miséricorde et la punition divine ; quand elle a pour fonction de faciliter la vie aux croyants, elle relève de la première sorte. Par ailleurs, les dispositions contraignantes, à l’exemple du djihâd, peuvent jouer en leur faveur : [mais, vous éprouvez peut-être de l’aversion pour une chose qui, en réalité, vous est bénéfique, comme vous pouvez aimer une chose qui, en réalité, vous cause du tort].[13] Là où nous voulons en venir ici, est que les péchés parasitent plus ou moins l’accès au savoir utile susceptible carrément de sortir des mémoires, voire de porter à confusion, ce qui, à terme est une source de conflits. »[14]


Ibn Taïmiya souligne également que les Lieux saints chassent leurs mauvais habitants. Les péchés, en effet, avilissent l’âme qui ne mérite plus d’occuper une cité prestigieuse. L’endroit où elle vit est à la hauteur de son niveau de moralité. Après l’épisode de la Mer rouge, les Hébreux triomphants furent rattrapés par leur esprit de rébellion. Ceux-ci refusèrent de livrer combat aux géants amorites qui peuplaient l’ancienne Jérusalem.[15] Ils furent ainsi condamnés à errer quarante ans durant dans le désert du Sinaï,[16] sans réussir à rejoindre le moindre hameau et, à fortiori, à rentrer chez eux. Un passage du Coran retrace cet évènement : [Cette terre sacrée proclama le Seigneur, leur sera interdite une période de quarante ans durant laquelle ils erreront dans le désert ; alors, ne sois pas affligé par le sort d’un peuple aussi pervers].[17]


Il arrive que, sans n’être vil aux yeux du Seigneur, on paie au comptant ses fautes, à l’exemple d’Adam (r) qui fut expulsé du Paradis. Il n’aura pas le droit d’y retourner avant que ses enfants n’expient leurs propres fautes. Les plus mauvais d’entre eux en seront privés à jamais, mais laissons Sheïkh el Islâm nous en apprendre davantage : « Adam et son épouse furent installés, par le Très-Haut, au Paradis, avec pour instruction : [et dégustez ses fruits à votre guise, mais, surtout, ne vous approchez jamais de cet arbre, au risque de compter parmi les injustes • Or, Satan les fit sombrer dans la faute, et ils furent chassés du jardin des délices qui les entouraient ; Nous leur dîmes alors : descendez sur terre où vous vivrez en ennemis les uns les autres].[18]


Ils atterrirent dans un lieu où règneront jusqu’à la fin des temps, la haine, et l’adversité, et qui sera soldé, pour beaucoup de ses descendants, par un séjour éternel en Enfer ; tout cela, pour avoir désobéi au Seigneur Tout-Puissant. L’homme, dont la piété intérieure se reflète sur ses actes, jouit des délices de la foi, et se complait dans un paradis sur terre.

Le savoir en est l’une de ses manifestations, comme nous l’enseigne le hadîth : « Prenez place dans les jardins du Paradis devant lesquels vous passez.

Et quels sont-ils, s’étonna l’entourage ?
Les assemblées où sont donnés des cours de religion. »[19]


Le Prophète (r) déclare également : « Entre ma maison et ma chaire, il y a un jardin du Paradis. »[20] Les jardins de la foi et du savoir transpirent la sérénité et la plénitude. L’amour d’Allah qui se manifeste dans les formules d’évocation et les actes d’obéissance propulse toujours vers le haut où on est maintenu aussi longtemps que la flamme habite le cœur. En revanche, les péchés, qui attirent vers le bas, assombrissent cette harmonie. La chute durera aussi longtemps qu’on reste dans cette situation. À terme, des conflits vont éclater avec ses pairs parmi les pécheurs. »[21]


Ailleurs, notre maitre damascène étaye son raisonnement en disant : « Sous les khalifats d’Abû Bakr, d’Omar, et même d‘Uthmân à ses débuts, les médinois, qui étaient fidèles aux commandements prophétiques, baignaient dans un confort matériel et spirituel. De relatifs changements eurent lieu avec l’assassinat du troisième Khalife (t) ; cela ne resta pas sans conséquence sur le statut de la ville qui passa sous l’administration de nouvelles métropoles. La lente décadence était parsemée de tristes évènements, comme l’année d’el Harra qui déplora notamment un nombre inédit de victimes et de pillages.


L’artisan de ce massacre inique, aussi haïssable fût-il, n’était pas pire que les païens Quraïshites ayant causé d’énormes dommages dans les rangs des musulmans. Le Prophète (r) lui-même paya cher l’indiscipline d’une partie des Compagnons, comme le relate le Coran : [Et le jour où vous essuyâmes une cuisante défaite, après avoir triomphé à deux reprises, vous vous demandâtes alors : Comment en sommes-nous arrivés là ? Réponds-leur : ne vous en prenez qu’à vous-mêmes].[22]


L’élite des croyants de la première époque, avec le Bien-aimé (r) à leur tête, fut enterré à Médine. Les premiers temps, le Shâm (l’ancienne Syrie, ndt.) également était un véritable havre de paix, mais, très vite, il fut déchiré par des troubles qui mirent à mal sa souveraineté. Le littoral passa entre les mains des chrétiens qui avaient reçu une précieuse aide des ennemis impies de l’intérieur. Jérusalem tomba, et le mausolée qui recouvrait la tombe d’Ibrâhim fut changé en église. Quand les musulmans se décidèrent à revenir à Dieu et à suivre à la lettre leurs textes scripturaires, ils renouèrent avec la victoire et libérèrent toutes les villes côtières du joug de l’envahisseur. Ils comprirent que le bonheur se confinait dans leur fidélité au Coran et à la sunna : [En obéissant à Allah et au Messager, on sera avec les prophètes, les véridiques, les martyrs, et les pieux qu’Allah a comblés de Ses bienfaits, et qui constituent vraiment une belle compagnie !][23]

L’Ami d’Allah (r) glissait parfois dans ces sermons : « En obéissant à Allah et à Son Messager, on est sur le droit chemin ; et en leur désobéissant, on ne fait du tort qu’à soi-même sans n’affecter Dieu en rien ! »[24] »[25]


Ibn Taïmiya n’a rien inventé. Un Compagnon, en la personne de Samura (t) disait déjà : « L’Islam était entouré d’une forteresse invincible jusqu’au jour où une brèche vint fendre ses murs. L’assassinat d’Uthmân fut cette plaie qui ne se cicatrisera jamais et qui rend désormais ses occupants vulnérables. Médine abritait la capitale du Khalifat qui fut chassée par ses habitants pour ne plus jamais revenir. »[26]


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[1] Les ornements ; 54

[2] Majmû’ el fatâwâ (16/338).

[3] Rapporté par el Bukhârî (n° 2023), et Muslim (n° 1167).

[4] La vache ; 285

[5] Voir les recueils d’el Bukhârî (n° 1563, 1571), et Muslim (n° 1223, 1226, 1238).

[6] Les deux premières années de son califat, ‘Omar ne toucha pas aux dispositions de ses prédécesseurs, mais il dut réagir au laxisme croissant des citoyens en rigidifiant la loi du divorce.

[7] La peine prévue pour consommation d’alcool, était, jusqu’aux premières heures du règne du Commandeur des croyants, de quarante coups de fouet, comme nous formulent les textes validés par el Bukhârî (n° 6773), et Muslim (n° 1706). Selon une version chez el Bukhârî (n° 6779), e-Sâib ibn Yazîd nous décrit la situation : « Quand la débauche et le zèle prirent de l’ampleur, il fixa la peine à quatre-vingts coups de fouet. » La sentence prévue fut doublée, après consultation auprès des grands Compagnons, car du point de vue du second Khalife, la peine en question avait une portée discrétionnaire (et donc laissée à l’initiative du chef suprême), non purement textuelle (ce qui la rendrait inflexible, car strictement définie par la Loi).

Quelquefois, des mesures radicales sont prises pour enrayer la débauche. Ibn Taïmiya souligne à ce sujet : « ‘Omar ibn el Khattâb fit détruire par le feu une boutique qui proposait des boissons enivrantes à la vente. Il prit à partie son propriétaire, le dénommé Ruwaïshid e-Thaqafî à qui il fustigea : « Tu es un petit pervers (fuwaïsiq) non un petit honnête (ruwaïshid) ! » [Rapporté par Abû ‘Ubaïd dans el amwâl (n° 267), et ‘Abd e-Razzâq (n° 10051, et 17039), avec une chaine narrative authentique.] Le Prince des croyants, ‘Alî ibn ‘Abî Tâlib mit sous les flammes tout un village où la vente d’alcool était monnaie courante, nous confirme le recueil d’Abû ‘Ubaïda et autre. [Il l’a, en effet, rapporté dans el amwâl (n° 268).]. » Majmû’ el fatâwâ (28/113).

[8] Voir : fath el Bârî d’ibn Hajar (12/20), et les premières pages de raf’ el malâm ‘an el aimmat el a’lâm d’ibn Taïmiya.

[9] Le butin ; 284

[10] Rapporté par Abû Dâwûd (n° 4338) ; Sheïkh el Albânî l’a authentifié dans sa recension de l’ouvrage.

[11] Notons que la divergence tolérée dans les points subsidiaires de la religion peut prendre de mauvaises proportions, si celle-ci est accompagnée des passions. L’effort d’interprétation n’est donc pas blâmable en lui-même, quand le seul but est la recherche de la vérité. El istiqâma d’ibn Taïmiya (1/31-32).

[12] Le repas céleste ; 101

[13] La vache ; 216

[14] Majmû’ el fatâwâ (14/152-160).

[15] Les Amorites, les Émîtes, et les Anaqites avant eux étaient des peuples de géants vivant sur les terres de Canaan ; voir : les nombres ; 13.31-33, Deutéronome ; 1.28, 2.11 (N. du T.).

[16] Voir pour la référence biblique de l’épisode des quarante années d’errance au milieu du désert : les nombres ; 14.33, 32.13, Deutéronome ; 2.7, 8.2, 29.4, et Josué ; 5.6 (N. du T.).

[17] Le repas céleste ; 26

[18] La vache ; 35-36

[19] Rapporté par e-Tirmidhî (n° 3510) ; el Albânî l’a jugé bon dans silsilat e-sahîha (n° 2562).

[20] Rapporté par el Bukhârî (n° 1195), et Muslim (n° 1390).

[21] Majmû’ el fatâwâ (14/160).

[22] La famille d‘Imrân ; 165

[23] Les femmes ; 69 ; l’auteur insiste sur l’idée que les mauvais sont susceptibles, par la Volonté d’Allah, de prendre le dessus sur les bons ayant été souillés par le péché. Il n’est donc pas étonnant qu’à la bataille d’el Harra, les médinois récoltèrent les fruits de leurs manquements aux principes dictés par la religion. Leurs propres modèles, l’élite des hommes, n’échappèrent pas à cette loi à Uhûd, alors qu’en face, ils avaient affaire à des païens, des ennemis bien plus condamnables que les bourreaux d’el Harra. Aujourd’hui, cette loi universelle est encore plus vérifiable au grand damne des islamistes harakî qui font malheureusement les autruches.

[24] Rapporté par Abû Dâwûd (n° 1097) ; Sheïkh el Albânî l’a jugé faible dans sa recension de l’ouvrage.

[25] Majmû’ el fatâwâ (27/437).

[26] Rapporté par ibn ‘Asâkir dans târîkh Dimashq (39/483).
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Message par Citizenkan Ven 5 Fév - 15:10



Nectar taïmiyen IV

(Partie 1)


Ibn Taïmiya explique un phénomène transcendant qui échappe malheureusement aux économistes profanes : « La hausse et la baisse des prix compte parmi les phénomènes qui émanent de la seule Volonté d’Allah (I). Si, en réalité, rien n’échappe à Sa Volonté ni à Son Pouvoir, Il crée, toutefois, un lien de cause à effet entre certains des agissements des hommes et la conjoncture qui en découle. C’est la même relation qui existe entre un meurtrier et la mort de sa victime. Ainsi, l’inflation est éventuellement due à la propagation de l’injustice, et les bienfaiteurs ont une influence probable sur la diminution du coût de la vie. »[1]



Louange à Allah le Seigneur de l’Univers ! Que les Prières et le Salut d’Allah soient sur notre Prophète Mohammed, ainsi que sur ses proches et tous ses Compagnons !


D’après el Bukhârî, selon Qaïs ibn Abî Hâzim : Abû Bakr rendit visite à une femme originaire d’Ahmas. Connue sous le nom de Zaïnab, celle-ci s’imposa le silence. Ce comportement étrange interpella le premier Khalife de l’Islam qui interrogea autour de lui : « Pourquoi garde-t-elle ainsi le silence ?

Celle-ci fit le vœu de rester muette pendant tout le pèlerinage, lui apprit-on.
Sors de ce silence, lui fustigea-t-il, car il n’est pas permis de s’imposer une telle coutume païenne !
Celle-ci se décidant à parler : à qui ai-je l’honneur ?
Un simple émigré.
Quel émigré ?
Un émigré originaire de Quraïsh.
De quel clan de Quraïsh ?
Tu ne cesses donc point de poser des questions ? Je suis Abû Bakr.
Combien de temps jouirons-nous encore de cette période lumineuse qu’Allah a fait succéder à l’ère païenne ?
Vous en jouirez tant que vos émirs resteront sur le droit chemin !
Qui sont-ils ?
Ta tribu n’avait-elle pas des chefs et des notables à qui vous deviez obéissance ?
Bien sûr que si !
Hé bien, c’est la même chose pour les émirs, sauf qu’ils sont à la tête des musulmans. »[2]


Ibn Taïmiya dissipe un amalgame que certains activistes cultivent en s’inspirant de cette annale : « Il va sans dire, explique-t-il, que la droiture des autorités à la tête des affaires civiles et pénales est subordonnée à celle du peuple. Abû Bakr met ce phénomène en lumière en réponse à la femme d’Ahmas qui l’interrogea : « Combien de temps jouirons-nous encore de cette période lumineuse qu’Allah a fait succéder à l’ère païenne ?

Vous en jouirez tant que vos émirs resteront sur le droit chemin ! »


Selon une annale : « Il y a deux catégories d’individus qui, en se réformant, réforment la société : les savants et les émirs. »[3] Autrement dit, l’association du Livre et de l’épée que dénote le Verset : [Nous avons envoyé nos prophètes porteurs d’une preuve évidente, et Nous les avons assistés du Livre et de la Balance de toute chose afin que les hommes fassent régner la justice. Nous leur avons également apporté du ciel le fer qui confère une force redoutable en plus de ses multiples usages].[4] Ces derniers incarnent les détenteurs de l’autorité dont fait mention le Verset : [Ô croyants ! Obéissez à Allah, obéissez au Messager et aux détenteurs de l’autorité parmi vous].[5]


Ils sont également la cause de la corruption, comme le dévoile un texte qui remonte au Prophète (r), et qui fut rapporté par plusieurs Compagnons : « Les dangers que je crains le plus pour vous sont au nombre de trois : la bévue d’un homme de science, la langue d’un hypocrite qui polémique à coups de Versets du Coran, et le pouvoir des émirs égarés. »[6] Les émirs représentent l’autorité politique, et le savant et l’hypocrite l’autorité religieuse, sauf que le premier jouit d’une bonne croyance. Ce dernier est sujet à l’erreur comme n’importe quel légiste traditionaliste. Le second compte dans les rangs des penseurs musulmans et des adeptes du kalâm qui se servent du Coran, avec lequel ils n’ont aucun lien, pour faire passer leurs hérésies. Ils sont mus par la seule volonté de confondre leurs adversaires, non qu’ils prennent le Livre d’Allah pour modèle ou référence. Ils sont de vulgaires hypocrites qui polémiquent à coups de Versets du Coran, mais le corpus de la sunna associé au consensus réduit leurs pseudo arguments à néant. »[7]


Ainsi, les émirs et les savants constituent un danger potentiel dans la mesure où ils sont susceptibles de prendre une mauvaise voie. La fonction des savants à la base est de garder le crédo intact, comme le dévoile la suite du passage : « La religion qui anime le cœur du croyant, grâce à la connaissance et à la spiritualité, constitue l’essence de la foi, tandis que les actes extérieurs, qui relèvent de la foi parfaite, en constituent les branches. »[8]

Ensuite, Sheïkh el islâm s’étalent un peu plus sur les notions d’«essence » et de « branche », en soulignant, avec une éloquence dont il a le secret, quels éléments sont à la base de l’édifice : « La religion repose sur des fondements, et se termine par des branches. Ces fondements primitifs, qui furent révélés à La Mecque, concernent l’Unicité d’Allah, les métaphores qui fondent le raisonnement par analogie, les histoires des civilisations anciennes, l’eschatologie (promesse/menace divine). Médine où le Prophète assit son autorité, reçut les prescriptions pratiques (obligations/interdictions), que sont les branches de la religion : la prière du vendredi, l’office commun, l’adhân, l’iqâma (petit appel à la prière), le djihad, le jeûne, la proscription du vin, de l’adultère, des jeux de hasard, etc. »


L’apprentissage des fondements est à la charge des savants, non des émirs, car à chacun son métier. En revanche, les émirs en sont les gardiens, en veillant à leur bon fonctionnement. Les premiers montrent le bon chemin et jouent un rôle incitatif (le livre), tandis que les seconds font appliquer les lois et usent de méthodes coercitives (l’épée). On comprend mieux désormais les intentions du doyen damascène. Il ne fait que mettre en avant la prépondérance de la plume sur le sabre. Un passage des fatâwa développe davantage ce principe : « Allah, nous dit-il, révèle dans Son Livre : [Nous avons envoyé nos prophètes porteurs d’une preuve évidente, et Nous les avons assistés du Livre et de la Balance de toute chose afin que les hommes fassent régner la justice. Nous leur avons également apporté du ciel le fer qui confère une force redoutable en plus de ses multiples usages ; afin qu’Allah, haut de Sa Force et de Sa Puissance, reconnaisse ceux qui défendent sa cause, celle de Ses messagers, en vertu de la foi qui les anime].[9] Il nous informe qu’il a fait descendre sur terre le Livre et la Balance de toute chose afin que les hommes fassent régner la justice. Il nous apprend ensuite qu’Il a également mis à leur disposition le fer, l’autre pilier du pouvoir à même de maintenir la religion. Nous avons donc le livre incitatif et l’épée dissuasive : [mais tu trouveras en Ton Seigneur le guide et le soutien suffisants].[10] Le Livre se situe à la base de la religion. Ainsi, dès l’avènement de l’Islam, le Très-Haut révéla le Livre à Son Messager qui, pendant toute la période mekkoise, ne reçut aucune prescription guerrière. Il fallut qu’il émigre et qu’il s’entoure d’une force pour que la législation du djihad voie le jour. »[11] Le Livre est donc à la base de la religion, tandis que l’épée ne fait que le seconder dans sa mission.[12] C’est à la lumière de cette explication qu’il convient de comprendre l’adage : « Le sultan est plus dissuasif, par la Volonté d’Allah, que le Coran, de par la peur qu’il inspire. »


La page suivante, le maitre d’ibn el Qaïyim défend l’idée que la présence d’un pouvoir vertueux à la tête de la société relève, contre toute attente, des branches de la religion : « Les fondements alimentent, et raffermissent les branches, qui, à leur tour, parachèvent et préservent les fondements. Les faiblesses qui peuvent apparaitre proviennent, avant tout, des branches, comme nous l’enseigne le hadîth : « À l’avenir, les liens de l’Islam vont se délier un à un. Toutes les fois qu’un lien sera délié, les hommes s’agripperont au suivant. Le hukm est le premier qui sera délié, et le dernier sera la prière. »[13] Un autre texte dirait que la loyauté est le premier élément du hukm à partir, ce qui entrainera sa chute,[14] en sachant que la loyauté relève des prérogatives des émirs, comme le révèle le Verset : [Allah vous ordonne de rendre les dépôts à ses ayants droit, et si vous devez juger entre les gens, alors faites-le avec justice].[15]


La prière, qui est la première obligation, fait partie des fondements. C’est pourquoi, elle est associée à l’attestation de foi, et elle sera déliée en dernier, à l’époque où la religion reviendra comme à ses débuts : « L’Islam est venu étranger, et redeviendra étranger comme à ses débuts. Alors, heureux seront les étrangers ! »[16] Fin de citation. »[17]


L’enfant de Harrân poursuit : « La plupart des innovations qui touchent à la connaissance et aux actes d’adoration ont fait leur éclosion aux dernières heures des quatre Khalifes. Il est notoire que les peuples sont à l’image de leur roi ; le déclin provient souvent de la corruption des gouvernants. Quand la monarchie succéda à l’ère califale, le niveau d’intégrité des émirs baissa, et cela se fit naturellement ressentir sur le niveau des savants. Ce fut à la fin du règne d’Ali que naquirent les hérésies kharijite et râfidhite en réaction à l’autorité en place, et aux lois et au comportement qui en découlent. »[18]

La vision extrême que les sectes en question portaient sur l’imâma engendra l’innovation qui les caractérise. Aujourd’hui, de nombreux mouvements islamistes (à vocation politique) marchent sur leurs pas. Au début, ils avaient le khalifat pour point de mire, et ils en firent même leur cheval de bataille, à la manière des kharijites. Avec le temps, ils se sont rapprochés de plus en plus de la tendance imamite qui place la question du khalifat au cœur du crédo fondamental. Ibn Taïmiya se chargea en son temps de réfuter cette conception maximaliste de l’autorité.[19]


À suivre…


Traduit par : Karim Zentici

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http://www.mizab.org/



[1] Majmû’ el fatâwâ (8/520).

[2] Rapporté par el Bukhârî (n° 3834).

[3] Cette annale est rapportée par Abû Na’îm dans el hiliya (7/5) (N. du T.).

[4] Le fer ; 25

[5] Les femmes ; 59

[6] Dans silsilat e-sahîha (3/118), Sheïkh Albânî a rendu faible la version qui remonte au Prophète (r), sauf que ces termes sont un peu différents. Nous avons : « … et un sentiment d’objection vis-à-vis du destin. » ; à la place de : « … et le pouvoir des émirs égarés. » Sinon, dans le même ouvrage, il la valide noir sur blanc, en s’inspirant d’un grand nombre de voies [voir : silsilat e-sahîha (n° 1582)]. Certaines d’entre elles sont intrinsèquement authentiques, à l’image de celle de Thawbân chez Abû Dâwûd (n° 4252), et Tirmidhî (n° 2229). Une version intégrale remonte à ‘Omar (t) avec une chaine narrative authentique dans sifat el munâfiq d’el Faryâbî (n° 29-30), et jâmi’ bayân el ‘ilm wa fadhlihi d’ibn ‘Abd el Barr (2/110). Certains traditionnistes l’imputent à Abû Dardâ, Mu’âdh, et Salmân (y) [Voir : la référence précédente et i’lâm el mawqi’în d’ibn el Qaïyim (3/285)]. Voir : on a le gouverneur qu’on mérite (kamâ takûnû yuwallâ ‘alaïkom) du Sheïkh Abd el Mâlik Ramadhânî.

[7] Majmû’ el fatâwâ(10/354).

[8] Majmû’ el fatâwa (10/355).

[9] Le fer ; 25

[10] Le discernement ; 31

[11] Majmû’ el fatâwâ (28/234).

[12] Le Coran, qui est la source d’inspiration du djihad par la plume, nous dit bien : [Alors ne cède pas à la volonté des infidèles, et sers-toi de ce Livre pour leur livrer un grand combat] [Le discernement ; 52]. Autrement dit, la plume à l’ascendant sur l’épée. Pour ibn el Qaïyim, il s’agit du plus grand des combats. Voir : miftâh dâr e-sa’âda (1/70).


[13] Hadîth rapporté, entre autres, par el Kharâitî dans makârim el akhlâq (p. 28), et authentifié par Sheïkh el Albânî dans silsilat e-sahîha (n° 1739).

[14] Hadîth rapporté par Ahmed dans e-zuhd (n° 224), ibn Abî e-Duniya dans makârim el akhlâq (n° 265), et autres ; Sheïkh el Albânî l’a authentifié dans silsilat e-sahîha (n° 1739).

[15] Les femmes ; 58 Ibn Taïmiya fait remarquer que le Coran consacre deux Versets l’un en faveur du gouverneur et l’autre en faveur des sujets. Voici le premier : [Allah vous ordonne de rendre les dépôts à ses ayants droit, et si vous devez juger entre les gens, alors faites-le avec justice. Quelle belle chose celle à quoi Allah vous exhorte ! Il était certes Voyant et Entendant]. Celui-ci tend à orienter le sultan, et le Verset qui vient juste après s’adresse à ses sujets : [Ô croyants ! Obéissez à Allah, obéissez au Messager et aux détenteurs de l’autorité parmi vous. Si vous avez le moindre litige, alors ramenez-le à Allah et au Messager, si vraiment vous croyez en Allah et au jour du jugement dernier ; cela vaut mieux et aura de meilleures conséquences pour vous]. Sheïkh el Islâm consacra un ouvrage entier en explication à ces deux Versets, et qu’il intitula e-siyâsa e-shar’iya fî islâh e-râ’î wa e-ra’iya.

[16] Rapporté par Muslim (n° 145).

[17] Majmû’ el fatâwa (10/356).

[18] Majmû’ el fatâwâ (10/356). Ailleurs, il précise : « Allah envoya aux hommes Mohammed (r) porteur de la bonne direction (hudâ) et de la vraie religion (dîn el haqq) qui devait dominer sur la religion entière ; et Allah suffit comme témoin ! Son message s’adresse à l’humanité entière : notamment à l’élite parmi les savants et les pieux, mais aussi parmi les émirs. Son Seigneur paracheva Sa religion pour lui et sa communauté ; Il leur eut parfait de Ses bienfaits, et leur agréa l’Islam comme religion.

La bonne direction englobe les sciences utiles et la vraie religion englobe les œuvres pieuses. Les anciens baignaient dans un climat de hudâ et de dîn el haqq, mais, par la suite, l’innovation et la perversité firent leur éclosion. Ainsi, la communauté se divisait désormais entre ceux qui étaient accrochés à la hudâ et à dîn el haqq, et ceux qui en avaient dévié…

Deux sortes d’égarés se dégageaient : l’innovateur dans la religion et le débauché dans le domaine du profane. Et, comme l’affirment el Hasan el Basrî, Sufiân e-Thawrî, et un grand nombre d’anciens, en étant préserver de la tentation de l’innovation et de celle de la vie terrestre, on s’en sort sain et sauf. L’innovation étant certes plus aimée par Satan que les péchés. La première forme de tentation touche les savants et les religieux et la seconde, les émirs et les riches.

Allah (I) révèle : [Nombreux sont les prêtres et les moines qui mangent impunément l’argent des autres et qui détournent de la voie d’Allah ; quand à ceux qui amassent cupidement l’or et l’argent sans le dépenser sur le sentier d’Allah, annonce-leur un châtiment douloureux] [Le repentir ; 34].

Ibn el Mubârak disait :

Qui d’autres que les rois ont-ils souillé le culte ?

Ainsi que les mauvais prêtres et les moines


… Ainsi, la négligence des uns et l’hostilité des autres ont gravement contribué au déclin de la religion et à la recrudescence de l’innovation. Wa Allah a’lam ! » Jâmi’ el masâil n° 18 (42-43).

[19] Voir : minhâj e-sunna (1/75).
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Message par Invité Ven 5 Fév - 22:58

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Message par Citizenkan Sam 6 Fév - 17:30



Nectar taïmiyen IV

(Partie 2)


Nous sommes toujours avec notre analyste : « Le règne de Mu’âwiya (t) était emprunt de miséricorde. Sous Yazîd, son fils héritier, les guerres intestines débouchèrent sur l’assassinat d’el Husaïn en Iraq (t), les évènements d’el Harra à Médine, et le siège de la Mecque lors de la tentative d’intronisation d’ibn e-Zubaïr. Après la mort de Yazîd, le pouvoir se divisa avec ibn e-Zubaïr aux commandes du Hijâz, et les enfants d’el Hakam dans le Shâm (l’ancienne Syrie ndt.). Au cœur de ce désordre, plusieurs foyers de rébellion, poussés notamment par el Mukhtâr ibn Abî ‘Ubaïd, virent le jour en Iraq. Tous ces chamboulements eurent lieu à la fin de la génération des Compagnons qui comptaient encore dans leurs rangs ‘Abd Allah ibn ‘Abbâs (m. 67,68 h.), ‘Abd Allah ibn ‘Omar (m. 73 h.), Jâbir ibn ‘Abd Allah (m. 77, 78 h.), Abû Sa’îd el Khudrî (m. 74 h.), etc.


À l’avènement des qadarites et des murjites, plusieurs d’entre eux, notamment ibn ‘Abbâs, ibn ‘Omar, Jâbir, Wâthila ibn el Asqa’ (y), les fustigèrent violemment, en plus des autres fronts qui avaient été ouverts contre les kharijites et les râfidhites. Le discours des qadarites déterministes tournait autour du libre arbitre, à la manière également des murjites. Ils discutèrent sur les notions d’obéissance/désobéissance, croyant/pervers, etc. soit sur les questions qui touchent aux différentes catégories d’individus, aux statuts qui en découlent (el asmâ wa el ahkâm), et à l’eschatologie (promesse/menace divine). Le domaine de la théologie et des Noms et Attributs divins n’avait pas encore été touché. Il fallut pour cela attendre la fin de la dynastie omeyyade, en pleine extinction de la génération des successeurs (tâbi’în) benjamins, soit à l’orée de la troisième génération, les successeurs des tâbi’în.


On parle de fin d’une génération de l’âge d’or quand la plupart de ses éléments « moyens » sont morts. La première, qui est celle des Compagnons, concordait avec la fin du Khalifat (il ne restait pratiquement plus aucun ancien combattant de la bataille de Badr). La seconde génération des fidèles tâbi’în compta ses derniers éléments avec le déclin des Compagnons benjamins, sous l’ère d’ibn e-Zubaïr et d’Abd el Malik. La majorité des successeurs des tâbi’în périrent avec l’avènement des Abbassides qui avaient usurpé le pouvoir aux Omeyyades en 132 h.


De nombreux non arabes entrèrent au service du pouvoir en place, au détriment des Arabes qui perdaient peu à peu leur ascendant. Les ouvrages persans, indiens et romains furent traduits dans la langue officielle. Cette époque-là donna raison à la prédiction prophétique : « Puis, le mensonge va se répandre, et il poussera à prendre quelqu’un en témoin, ou à jurer solennellement sans n’y avoir été sommé. »[1]


Dans ce climat, trois grandes tendances se dégagèrent :

le raï (opinions personnelles) dans le fiqh ;
le kalâm ;
et le soufisme.

Puis, la secte jahmite entra en scène pour imposer la négation des Noms et Attributs divins (ta’tîl), et inspira en réaction l’anthropomorphisme (tamthîl).


Les adeptes du raï composaient en majorité les habitants de Koufa qui connut également l’éclosion du shiisme et des narrations inventés. Sans remettre en question l’intégrité, l’érudition en matière de sunna et de fiqh de ses élites qui pullulent dans ses rangs ; mais nous ne faisons que pointer le doigt sur la recrudescence des hadîth mensongèrement imputés au Prophète (r), des opinions personnelles dans le domaine du fiqh, et du crédo shiite. Le kalâm et le soufisme proliféraient en grande partie à Bassora. Le mu’tazilisme et le kalâm primitif, avec à leur tête ‘Amr ibn ‘Ubaïd et Wâsil ibn ‘Atâ firent leur apparition peu de temps après la mort d’el Hasan el Basrî, et d’ibn Sirîn.


Cette période charnière assista également à l’avènement d’Ahmed ibn ‘Alî el Hujaïmî qui fréquenta ‘Abd el Wâhid ibn Zaïd (m. 150 h.) qui était lui-même, au même titre que les ascètes qui le suivirent, un élève d’el Hasan. El Hujaïmî fonda la première duraïra (monastère ndt.) dans l’Histoire des musulmans.[2] Cette duraïra rassemblait les soufis environnants qu’Abd e-Rahmân ibn Mahdî et d’autres baptisèrent de fuqaïriya (miséreux, austères). Les intellectuels (ahl el kalâm) innovèrent certaines doctrines, bien qu’ils restèrent fidèles dans l’ensemble aux enseignements de la religion. Les manuels (ahl e-tasawwuf) innovèrent certaines pratiques, bien qu’ils restèrent fidèles à l’ensemble des traditions officielles. L’écoute des chants et des récitations du Coran (samâ’) provoquèrent chez les derniers des évanouissements, voire une mort soudaine.[3] Les élucubrations cérébrales semèrent chez les premiers le doute et la perplexité. Les uns étaient mus par le discours auquel ils donnaient le nom de tawhid (ils se baptisèrent muwahhiddûn), et les autres, forts d’une grande volonté, étaient mus par la gymnastique physique qu’ils assimilaient au tawhid (ils se désignèrent le nom d’ahl e-tawhid wa e-tajrîd).[4]

J’ai par le passé composé un écrit sur les règles de base (qawâ’id) où je souligne les déviations des deux orientations opposées pour les points où ils ne cheminent pas à la lumière de la sunna. Dans un autre ouvrage (qâ’ida kabîra), je démontre que la foi en Allah et à Son Messager est à la base de la religion ayant pour outil le savoir qui mène sur le droit chemin, et qu’il incombe d’appliquer dans toutes ses paroles et ses actes.


Les habitants de Médine étaient bien plus conformes à l’orthodoxie que les deux tendances ci-dessus. Ils n’ont jamais atteint le degré d’égarement des koufites et des basrites au niveau des passions, des narrations, des opinions, du kalâm et du samâ’. Bien qu’ils ne soient pas non plus à l’abri de l’erreur, ils restaient malgré tout plus pondérés.


Les habitants du Shâm étaient, pour la plupart, enclins au djihad et aux états spirituels, mais ils restaient plus modérés que les soufis de Bassora qui leur étaient contemporains. C’est la raison pour laquelle les ouvrages de kalâm et de soufisme proviennent à l’origine de la ville natale d’el Hasan. Les chefs de file du kalâm mu’tazilite venaient de cette région du monde, à l’instar d’Abû el Hudhaïl el ‘Allâf, Abû ‘Alî el Jubbâî, et Abû Hishâm son fils, Abû ‘Abd Allah et Abû el Husaïn el Basrî. Nous pouvons dire la même chose pour les mentors du kalâm kullâbites et ash’arites, à l’image de leur fondateur éponyme ‘Abd Allah ibn Sa’îd ibn Kullâb, et Abû el Hasan el Ash’arî, mais aussi, l’élève de ce dernier, Abû el Hasan el Bâhilî, et les grandes références de la secte comme el Qâdhî Abû Bakr el Baqillânî, et bien d’autres encore.

Dans ce registre, nous avons les écrits des auteurs à tendance soufie ayant fait une mixture entre le soufisme et le hadîth (el Hârith ibn Asad el Mahâsibî, Abû el Hasan ibn Sâlim, Abû Sa’îd el A’râbî, Abû Tâlib e-Makkî). Or, cela n’empêcha pas que d’autres productions venaient de Bagdad, du Khurasân et du Shâm. L’essentiel est de savoir que la source était à Bassora.


En revanche, les sciences prophétiques (crédo, Coran, à la base du fiqh, hadîth, états spirituels) puisaient leur origine dans les cités dominées par une forte présence des Compagnons : les deux Villes saintes (Médine, et La Mecque), les deux métropoles d’Iraq (Koufa, Bassora), et le Shâm. Ces pôles scientifiques exercèrent une grande influence sur les autres provinces. Parmi les noms célèbres qui sortirent de ces régions, nous avons les sept légistes, les grandes références traditionnistes, avec un avantage au niveau de la qualité de la narration chez les médinois et les basrites : Zuhrî, Mâlik, Qatâda, Shu’ba, Yahyâ ibn Sa’îd, ‘Abd e-Rahmân ibn Mahdî. Koufa combine les narrations crédibles et mensongères, et le Shâm n’était pas connu pour fabriquer des narrations, même s’il n’en était pas à l’abri. En même temps, il n’a enfanté aucun grand lecteur ni traditionniste.


Dans ce registre, nous pouvons recenser les grands légistes, à l’instar de Mâlik, la référence de Médine, des Koufistes (e-Thawrî, Abû Hanîfa, etc.), des mecquois (ibn Juraïj), des basrites (Hammâd ibn Salam, Hammâd ibn Zaïd), et des shâmistes (el Awzâ’î et les références de sa hiérarchie). Pour écrire son fameux muwatta, Mâlik se serait inspiré de l’ouvrage de Hammâd ibn Salam. Les mêmes rumeurs planent sur le livre d’ibn Juraïj, qui s’inscrit dans le temps avant el muwatta. Nous avons également Shâfi’î, qui, bien que mecquois de naissance, s’imprégna de la méthodologie traditionniste qui restera intacte, même lors de sa période égyptienne.


Nous pouvons dire la même chose pour l’Imâm Ahmed, qui ne reçut aucune l’influence de l’école de Bassora, la terre de ses ancêtres, ni d’ailleurs d’aucune autre école de fiqh. Tout au long de son parcours, il resta fidèle à la méthodologie du hadîth. Dans cet ensemble, nous avons les spécialistes du Khurâsân (‘Abd Allah ibn el Mubârak, Ishâq ibn Ibrâhîm, Mohammed ibn Ismâ’îl el Bukhârî, etc.), et les grands ascètes originaires de cette contrée, nous dit Abû el Faraj ibn el Jawzî dans safwa e-safwa.


Ainsi, les sciences et les pratiques religieuses légitimes prennent leur source des Compagnons du Messager d’Allah (r) ; et tout élément nouveau qui se manifesta après eux n’a aucune autorité canonique, bien que, au même moment, ses instigateurs potentiels sont excusables, voire récompensés en raison de leur effort d’interprétation (ijtihâd) ou de leur suivisme légal (taqlîd).


Toute science du kalâm construite, que ce soit au niveau des fondements ou des branches, à partir des textes scripturaires, et des annales des anciens est conforme à la voie prophétique. Et toute adoration, acte religieux, ou écoute spirituel qui relève tout aussi bien des pratiques fondamentales que subsidiaires (états spirituels, adorations corporelles) fidèle au Coran, à la sunna, et à l’usage de la première époque est en phase avec la voie prophétique.


Cette approche est celle des grandes références de l’Islam. L’Imam Ahmed établit dans ce chapitre : « Les fondements de la Tradition consistent, chez nous, à s’attacher au chemin des Compagnons du Messager d’Allah (r), [de les suivre et de s’éloigner des innovations.]»[5] Les ouvrages qu’il composa en matière d’exégèse, de hadîth sont empreints de cette méthodologie qui se tourne uniquement sur la sunna et les annales des Compagnons et des tâbi’îns. Il était à cheval avec cette approche pour les disciplines fondamentales, mais aussi subsidiaires. Dans son courrier qu’il adressa à el Mutawakkil, le Khalife du moment, il fit savoir : Je n’aime pas qu’on insère le kalâm dans aucune de ces disciplines, sauf s’il est en accord avec un texte du Coran, du Messager d’Allah (r), d’un Compagnon, ou d’un tâbi’î. En dehors de cela, le kalâm n’est pas louable. »


Cette méthode ressort clairement dans son livre de zuhd qui prend pour modèles tous les envoyés depuis Adam jusqu’à Mohammed. Les Compagnons, et les tâbi’în étant ses seuls autres références en matière d’ascétisme. Dans les conseils qu’il prodigue à l’étudiant, il prône de retranscrire les hadîth, et les annales des deux premières générations. Une version précise que l’étudiant a le choix concernant les annales des tâbi’îns. »[6]


Selon Mâlik ibn Dînâr, le Tout-Puissant révéla dans un Livre ancien : « Moi, Dieu, Souverain suprême, Je détiens dans Ma Main le cœur des rois que Je distille aux différents peuples en fonction de leur fidélité à Mes Lois ; les bons peuples jouiront d’un pouvoir clément et les mauvais peuples tomberont sous le joug d’un tyran. Ne vous dispersez pas à maudire vos rois, mais préoccupez-vous plutôt à vous repentir, et Je mettrais un peu de douceur dans leur cœur. »[7]


On comprend mieux pourquoi ibn Taïmiya la cite dans son fameux minhâj e-sunna, avec l’adage on n’a les gouverneurs qu’on mérite, avant de conclure : « Chaque époque se caractérise par des évènements qui sont le reflet des hommes qui l’ont traversée. »[8]


Plus on s’éloignait de Médine et des Lieux saints plus l’innovation était ancrée…[9]


Ailleurs, il signe : « J’ai démontré à d’autres endroits que le changement du khalifat en système monarchique n’est pas seulement la faute de l’élite, mais les sujets en sont en partie responsables, car on a le gouverneur qu’on mérite, et : [C’est ainsi que Nous infligeons aux injustes le joug des uns sur les autres].[10] Nous avons établi ailleurs en nous inspirant de preuves textuelles exhaustives, que les sujets ont le devoir d’obéissance à l’émir, mais sans que cela n’entraine de désobéir à Allah, en plus de lui prodiguer le bon conseil, d’endurer ses abus, et ses décisions iniques, répondre à son appel au djihad, faire l’office sous sa direction, etc. soit toutes les bonnes actions qui réclament obligatoirement sa présence, et qui entrent sous le principe de s’entraider à faire le bien.


En parallèle, il ne faut pas cautionner ses mensonges, ses injustices, se soumettre à ses ordres qui vont à l’encontre de la religion, etc. soit toutes les mauvaises actions qui reviennent à s’entraider à faire le mal.


Il incombe également, comme avec n’importe qui d’autre, de lui prodiguer la morale (ordonner le bien et interdire le mal) dans les limites légitimes, notamment lui faire parvenir les enseignements de la religion, sans y faire défection sous l’impulsion d’un sentiment de lâcheté, d’un cupide égoïsme, de la peur des représailles ou de l’appât du gain poussant à vendre les Versets du Coran à un vil prix. Le bon conseil ne doit pas non plus être prodigué en vue d’avoir une ascendance sur lui ou sur le peuple, ni par jalousie, orgueil, ostentation. Il faut éviter toute action qui engendrerait un mal plus grand (révolte armée qui entraine des guerres intestines), conformément aux principes traditionalistes de notoriété publique qui s’inscrivent en adéquation avec les textes prophétiques, car on ne rend pas le mal incarné par leur injustice, par un mal plus grand. »[11]


Plus on s’éloignait de Médine et des Lieux saints plus l’innovation avait des chances d’être ancrée ; aucune hérésie ne prend ses racines dans la ville du Messager (r).[12]

Les râfidhites et les kharijites viennent d’Iraq (Koufa, Bassora),
L’irjâ et le shiisme de Koufa,
Les qadarites (ils étaient également dans le Shâm), les mu’tazilites, et le « soufisme » de Bassora,
Les nâsibites au Shâm,
Les jahmites, la plus hérétique, viennent du côté du Khurasân,[13]
Les anthropomorphistes également viennent du Khurasân.[14]


Voir : http://www.mizab.org/#!les-savants-et-les-mirs-/c2wy



Traduit par : Karim Zentici

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[1] Rapporté par el Bukhârî et Muslim.

[2] Il s’agit du premier lieu de recueillement abritant des ascètes (zâwiya), alors que jusque-là, la mosquée représentait le seul lieu de culte des musulmans.

[3] Les anecdotes surprenantes qui nous viennent sur le sujet sont pour la plupart imputées à leurs pieux, comme Zirâra ibn Awfa (m. 93 h.), Abû Juhaïr el A’mâ (m. ? h.), ‘Utbat el Ghulâm (m. ? h.), ‘Atâ e-Sulaïmî (m. après 140 h.). Plusieurs d’entre eux sont tombés raides morts à la lecture du Coran. Majmû’ el fatâwâ (11/6-13).

[4] L’âme est animée par deux forces :

La sensation et la conscience du bien et du mal (savoir + croyance)
Un sentiment d’attirance envers le bien (qui va stimuler l’amour et l’espoir) et de répulsion envers le mal (qui va stimuler la haine et la peur).

La sensation du bien provoque la jouissance et la joie, tandis que la sensation du mal provoque la douleur et la détresse. Le cœur est naturellement enclin à la reconnaissance et à la soumission de Dieu, mais des éléments extérieurs viennent le corrompre et lui faire renier ce sentiment naturel. Il y a une relation de cause à effet entre la connaissance et l’amour du bien, de la même manière qu’il y a une relation de cause à effet entre la connaissance et la haine du mal. Or, deux facteurs font obstacle à ce mécanisme ; les passions intellectuelles qui pervertissent la connaissance de la vérité et les passions corporelles qui pervertissent la soumission à cette vérité. [Voir pour ce point : Majmû’ el fatâwa (7/307).]

Selon ibn Ma’sûd : « Chacun de leur côté, l’ange et Satan insufflent à l’homme ; l’ange incite à faire le bien et à donner foi à la vérité, tandis que Satan incite à faire le mal et à démentir la vérité. » [Rapporté par Tirmidhî (2991).]

Il pose ainsi les bases du fonctionnement humain ; il met en avant les deux forces dont nous avons parlé plus haut :

la sensation et la perception (donner foi à la vérité et démentir le faux)
la volonté et l’action (aimer le bien et détester le mal).

La première force est la source qui implique des fruits, et la seconde, les fruits, en est la réalisation ou le parachèvement. L’homme est instinctivement attiré vers le bien et repoussé par le mal. Le Prophète (r) a dit : « …les noms les plus véridiques sont Hârith (celui qui agit ndt.) et Hammâm (celui qui pense ndt.). » [Rapporté par Abû Dâwûd (4950), e-Nasâî (3565), selon Abû Wahb el Jushamî (t).]

L’homme vacille constamment entre la pensée et l’action qui tend vers la recherche d’intérêt et la lutte contre toute forme de désagrément. Ensuite, il est possible que ces espoirs soient mal fondés : soit il évalue mal son ambition qui n’est en définitive ni utile ni nuisible, soit les moyens qu’il utilise sont inefficaces en eux-mêmes. Ici, l’échec est dû à l’ignorance. Il peut mal agir en toute âme et conscience, mais mu par d’autres intérêts qu’il juge prépondérants. Ici, l’échec est dû à l’injustice, bien que sous un certain angle, il soit ignorant également, pour avoir mal géré son affaire.

Ainsi, la croyance (croire ou ne pas croire) et l’ambition (vouloir ou ne pas vouloir) sont propres à l’homme. Il est enclin naturellement vers le bien, mais il peut choisir le mal et compter ainsi parmi les perdants. Toute bonne croyance et toute bonne ambition viennent des insufflations de l’ange (en plus de son penchant naturel vers le bien) et toute mauvaise croyance et toute mauvaise ambition viennent des insufflations du diable. [Majmû’ el fatâwa (4/31-34).]


[5] Sharh usûl i’tiqâd ahl e-sunna (1/156).

[6] Majmû’ el fatâwâ (10/359-361).

[7] Sharh el ‘aqîda e-tahâwîya avec la recension de Sheïkh el Albânî (p. 381). Une autre annale de ce même Mâlik ibn Dînâr la corrobore à merveille. En voici l’énoncé : « j’ai lu dans les Psaumes : Je tire vengeance contre l’hypocrite en infligeant contre lui un hypocrite comme lui ; en les montant l’un contre l’autre, Je me venge des deux à la fois. Un Verset du Coran exprime exactement ce principe : [C’est ainsi que Nous infligeons aux injustes le joug des uns sur les autres] [Le bétail ; 129]. » Rapporté avec une chaine narrative authentique par ibn Abî Hâtim dans son tafsîr en exégèse au Verset en question.

[8] Voir : minhâj e-sunna (4/546).

[9] Majmû’ el fatâwâ (10/356).

[10] Le bétail ; 129

[11] Majmû’ el fatâwâ (35/20). Ibn Taïmiya établit également à ce sujet : « C’est pourquoi, il est notoire que la tendance traditionaliste ne voit ni la rébellion ni l’épée contre les émirs en place, même s’ils répandent l’injustice. Et cela, conformément aux hadîth prophétiques authentiques et communément transmis sur le sujet. Le désordre qu’engendrent les guerres intestines et les troubles est plus grand que le mal et l’injustice venant des émirs en temps de paix. On ne confronte pas un plus grand mal en se contentant d’un mal moindre (sic).

À travers l’Histoire, les révoltes ont pratiquement toujours ramené un mal plus grand que celui qu’elles avaient enlevé. Or, Allah ne nous a pas ordonné de combattre tous les tyrans et les injustices quoiqu’il arrive. Il ne nous a pas demandé non plus de combattre d’entrée les rebelles, mais Il nous enjoint d’attendre : [Lorsque deux groupes parmi les croyants se querellent, réconciliez entre eux ; mais si l’un d’eux s’acharne contre l’autre, alors combattez celui qui s’acharne jusqu’à ce qu’il se plie à l’ordre d’Allah • une fois qu’il s’y plie, alors réconciliez entre eux avec équité, et soyez justes, car Allah aime les justes] [Les appartements ; 9]. S’il n’a pas demandé de combattre d’entrée des rebelles, alors comment l’aurait-Il demandé pour les émirs ? » Minhâj e-sunna (3/391).

Ailleurs, il va plus loin en disant : « Peu furent les révoltes qui, dans l’Histoire, n’engendrèrent pas un mal plus grand que le bien escompté. Nous avons comme exemple, ceux qui s’insurgèrent contre Yazîd à Médine, ibn el Ash’ath qui s’insurgea contre ‘Abd el Mâlik en Iraq, ibn el Muhallib qui s’insurgea contre son fils dans le Khurasân, Abû Muslim sâhib e-da’wa qui prit également contre eux les armes dans le Khurasân, et ceux qui se révoltèrent contre el Mansûr à Médine et à Bassora, etc.

Le mieux qu’il peut leur arriver, quand ils ne sont pas vaincus, c’est de triompher, mais, tôt au tard, ils perdent le pouvoir, et jamais ils ne laissent d’héritier. ‘Abd Allah ibn ‘Alî et Abû Muslim attentèrent à la vie d’un nombre incroyable de personnes, pourtant, tous les deux finirent entre les mains d’Abû Ja’far el Mansûr. Quant aux partisans d’el Harra, d’ibn el Ash’ath, d’ibn el Muhallib, etc. ils connurent la défaite ; ils ne parvinrent ni à maintenir la religion ni à épargner le profane. Alors que le Très-Haut n’ordonne rien qui ne rapporte aucun effet ni pour la religion ni pour la vie matérielle. S’il est vrai au même moment, que les acteurs d’une telle initiative soient des pieux, des élus d’Allah promis au Paradis. » Minhâj e-sunna (4/528).

[12] Majmû’ el fatâwâ (28/205).

[13] Majmû’ el fatâwâ (20/298) ; voir également (7/220, 7/310, 20/301).

[14] Majmû’ el fatâwâ (16/473).
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