Egypte : les « salafistes » d’Al-Nour décident de soutenir le général al-Sissi

Egypte : les « salafistes » d’Al-Nour décident de soutenir le général al-Sissi

Le mouvement islamo-démocrate Al-Nour, qui se revendique du courant islamique puritain, a décidé d’apporter son soutien au général Abdel Fattah al-Sissi pour l’élection présidentielle 2014 qui devrait se dérouler du 26 au 27 mai prochain.

La décision a été prise samedi au terme d’une réunion du parti présidé par Younes Makhioun. Selon le communiqué diffusé sur Facebook par le porte-parole du parti, les membres sont, à une majorité écrasante, favorables à l’élection du général al-Sissi car il serait, bien plus que Hamdeen Sabahi, le candidat estampillé de gauche, le plus à même de garantir la stabilité de l’Etat à un moment où le pays traverse une « phase dangereuse » de son histoire.  



Le parti Al-Nour s’est fortement rapproché de l’institution militaire après avoir approuvé l’éviction le 3 juillet 2013 de Mohammed Morsi, l’ex-président du Hizb Al-Hurriya Wal-’Adala, autre mouvement islamo-démocrate intimement lié aux Frères musulmans.

La rivalité pour le « leadership islamique » entre les deux principaux « partis islamistes » peut expliquer le positionnement actuel d’Al-Nour. Arrivés seconds aux élections parlementaires de 2011-2012 derrière le Parti de la Liberté et de la Justice, les « néo-salafistes » profitent de l’interdiction de la « confrérie frériste » pour s’élever comme principaux représentants du mouvement politique d’obédience religieuse.

Cette position permet au parti d’accentuer son influence sur la société égyptienne pour in fine la réorganiser en faveur du pouvoir actuel.

Autrement dit, Al-Nour sert à la fois à légitimer par le discours religieux l’Etat militaire tel que prôné par le général al-Sissi et à diaboliser les « fréristes » en les rendant responsables des violences subversives qui secouent le pays.

A titre d’exemple, au mois de février 2014, Nader Bakar, un haut représentant du « parti de la lumière » avait accusé les Frères musulmans d’être « responsables du terrorisme en Egypte » dans la période qui a suivi le renversement de Mohammed Morsi.  

Un tel discours permet de mieux faire passer la répression car face aux actes terroristes, seule la manière forte est jugée efficace.

En officialisant leur soutien au général putschiste, les cadres du parti Al-Nour espèrent sans doute tirer profit de la situation afin d’obtenir des faveurs ministérielles et ainsi accroitre leur influence dans le pays.  

Mais face à ce courant « salafiste conservateur », se dresse le « salaflisme révolutionnaire », ou djihadiste, qui a rejeté avec fermeté le coup d’Etat et déclaré la guerre à l’Etat égyptien. Ansar Bayt al-Maqdis est aujourd’hui le courant djihadiste le mieux organisé. Il profite de ses bases arrières dans le haut-Sinaï pour frapper les instituions officielles tout en tentant d’épargner au maximum les civils innocents.