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Syrie:Le témoignage d'Abou Shaheed

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Syrie:Le témoignage d'Abou Shaheed Empty Syrie:Le témoignage d'Abou Shaheed

Message par Invité Sam 12 Avr - 23:14

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Syrie:Le témoignage d'Abou Shaheed Empty Re: Syrie:Le témoignage d'Abou Shaheed

Message par Invité Dim 13 Avr - 15:24

hbnoppto a écrit:

Assalamo3alaykom






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Syrie:Le témoignage d'Abou Shaheed Empty Re: Syrie:Le témoignage d'Abou Shaheed

Message par Invité Mer 16 Avr - 0:21

Cachez ces djihadistes que je ne saurais voir… les volontaires français en Syrie
BY STEPHANE MANTOUX · 24 FÉVRIER 2014


Mise à jour 1-mardi 25 mars 2014 : quelques informations supplémentaires, notamment via certains internautes férus du conflit syrien que je remercie.




Merci à Timothy Holman et à Yves Trotignon pour leur aide dans la rédaction de cet article.


Le cas des Français partis se battre en Syrie pose un problème particulier. Il n’est devenu vraiment visible (grâce aux médias, en particulier) qu’en 2013, année où le nombre de volontaires croît de manière importante. A l’image d’autres contingents européens, le djihad en Syrie est le plus grand mouvement du genre depuis la guerre contre les Soviétiques en Afghanistan. Pour autant, rapporté à la population totale de la France ou même à la population musulmane de la tranche d’âge concernée, le mouvement n’a rien d’une lame de fond ou d’un exode massif1 ; on peut cependant noter qu’il s’accélère depuis l’été 2013, ce qui inquiète les autorités, et certains spécialistes, quant au retour des djihadistes. Mais il faut dire que jusqu’ici, les informations ont été très éparses. Le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, a multiplié les déclarations, à partir de mai 2013, au sujet du chiffre des Français impliqués dans le djihad en Syrie, pour arriver, en janvier 2014, à un total de 700, en tout, impliqués à un titre ou à un autre, depuis 2011. Chiffre difficile à vérifier, mais qui semble pourtant crédible, en tout cas pas forcément très exagéré. La dernière étude de l’ICSR, un institut britannique spécialisé sur la problématique des djihadistes étrangers, datée du 17 décembre 2013, plaçait l’estimation maximum, pour la France, à 413 individus2. Les Israëliens pensent que le dernier chiffre donné par Manuel Valls et F. Hollande est exagéré3. Ce que l’on peut savoir des cas bien identifiés montre pourtant que l’exemple français ne se distingue pas fondamentalement des autres contingents de volontaires européens, à quelques différences près4. Le recrutement, plutôt large au niveau de l’âge et des motivations au début, semble depuis s’être resserré vers des hommes jeunes, de 20 à 35 ans, plus déterminés et plus radicaux dans leurs choix sur le terrain. Il implique à la fois des personnes connues pour leur engagement antérieur, et souvent surveillées, mais aussi beaucoup d’hommes ou d’adolescents qui ont succombé au message radical, notamment délivré sur le web, sans que le phénomène se limite à des gens marginalisés sur le plan social. Comme pour l’ensemble des autres contingents, la majorité des volontaires français rejoint les deux formations djihadistes, le front al-Nosra (branche officielle d’al-Qaïda en Syrie depuis novembre 2013) et l’EIIL, en butte depuis janvier 2014 aux assauts des autres formations rebelles, parmi lesquelles le front al-Nosra lui-même. Les zones de départ sont assez bien identifiées : des grandes villes, Paris, Toulouse, Nice, Strasbourg, Lille-Roubaix-Tourcoing (ce qui correspond là encore à d’autres pays), avec une majorité de départs spontanés ou organisés en solitaire, sans forcément qu’il y ait recours à des réseaux organisés, la seule exception semblant être le sud-est (ce qui est une différence notoire cette fois avec d’autres Etats, comme la Belgique, où des réseaux plus structurés interviennent dans l’acheminement des volontaires, voire leur radicalisation). Les djihadistes français sont également, une fois arrivés, assez présents sur les réseaux sociaux, à des fins de recrutement, de propagande ou pour garder le contact avec les familles, comme on le verra à la fin de cet article.






Un début de publicité pour un recrutement varié ? (2012-été 2013)






En France, la question des candidats au djihad commence à inquiéter, dans la presse, à partir du second semestre 2012. Pourtant, dès le mois de mai 2012, 3 jeunes gens sont interpellés à l’aéroport de Saint-Etienne alors qu’ils s’apprêtent à partir pour la Turquie… avec des étuis à pistolet, des talkie-walkies et des lunettes de vision nocturne5Le Figaroévoque « quelques dizaines de départ » au mois d’octobre 2012 et mentionne le docteur Jacques Bérès, qui a soigné plusieurs Français dans un hôpital rebelle à Alep, ville que les insurgés ont investi à l’été 20126. Certains d’ailleurs ne cachent pas leur admiration pour Mohamed Merah. Le même quotidien avait également parlé, au printemps 2012, de 6 Français arrêtés par la sécurité libanaise à l’aéroport de Beyrouth, et qui cherchaient manifestement à passer en Syrie. Pourtant, les services de renseignement intérieurs avaient commencé à tirer la sonnette d’alarme dès le printemps 2011.






Les informations et les articles de presse se font plus nombreux au printemps et à l’été 2013, moment qui connaît effectivement, d’après les recherches des spécialistes, un accroissement sensible du départ des volontaires européens, et donc français, vers la Syrie, accroissement qui se confirme tout au long de l’année7. Non seulement les volontaires français, comme les autres, bénéficient du fait que l’accès au territoire syrien est beaucoup plus facile que pour d’autres terres de djihad dans le passé, mais, en outre, ils peuvent compter, parfois, sur les restes des réseaux organisés pour les djihads précédents, comme ceux qui avaient opéré pour l’Irak entre 2004 et 20068. Dès le printemps 2013 et l’émergence des premiers exemples précis de volontaires français, on constate que les motifs de départ sont très différents. Djamel Amer Al-Khedoud, 50 ans, originaire de Marseille et depuis prisonnier du régime, s’en va ainsi pour défendre les sunnites de Syrie, une motivation qui correspond au « djihad défensif » que l’on retrouve chez nombre de volontaires étrangers, en particulier ceux des débuts, de la période 2011-2012. Abdel Rahmane Ayachi, au contraire, Franco-Syrien de 33 ans, lui, a rejoint le groupe Suqur al-Sham, membre du Front Islamique depuis novembre 2013, et qui vise depuis expréssement à l’installation d’un califat islamique et à l’application stricte et rigoureuse de la charia. Il serait monté dans la hiérarchie jusqu’à commander un effectif de 600 combattants9. Ayachi, finalement tué en juin 2013, avait profité d’un entraînement militaire dans la réserve belge, qu’il a mis à profit, probablement, sur le champ de bataille syrien10. Raphaël Gendron, un Français de 38 ans, faisait lui aussi partie de Suqur al-Sham : il a été tué le 14 avril 2013. Résidant à Bruxelles, il était proche des milieux radicaux qui ont fourni, dans ce pays, un certain nombre de volontaires pour le djihad syrien.




Syrie:Le témoignage d'Abou Shaheed Suquar-al-sham-syria-leaderAbdel Rahmane Ayachi, tué en juin 2013, dirigeait des combattants de Suqur al-Sham.-Source : http://www.globalpost.com/sites/default/files/imagecache/gp3_full_article/photos/2013-March/suquar-al-sham-syria-leader.jpg




Raphaël Gendron était bien connu des services français. Condamné à plusieurs reprises par la justice belge, il est arrêté par les autorités italiennes fin 2009 avec Bassam Ayachi, imam franco-syrien installé en Belgique et célèbre, lui aussi, pour ses opinions radicales. Ils auraient voulu organiser une filière de recrutement djihadiste pour al-Qaïda dans le sud de l’Italie. Relâchés, ils regagnent la Belgique où ils continuent d’animer le Centre islamique Assabyle, sur le site duquel Gendron se livre à une active propagande. Cas très différent, celui de ce jeune djihadiste français de 17 ans, originaire de Sartrouville, arrêté par la police grecque le 25 mai 2013 alors qu’il tentait de gagner la Syrie11. Il avait prévenu ses parents de son départ le 16 mai, après avoir acheté son billet d’avion pour Athènes et s’être muni d’un passeport. La famille prévient la police, qui parvient à joindre les autorités grecques : le jeune homme est arrêté dans un bus au nord du pays, alors qu’il se dirigeait vers la Turquie.








Au mois de juin 2013, un diplomate français haut placé évoque déjà le chiffre de 270 Français partis se battre en Syrie12. Un mois plus tard, un djihadiste français présent en Syrie lance un appel vidéo à ses compatriotes et au président F. Hollande, lui demandant de se convertir à l’islam13. L’homme, qui se fait appeler Abou Abdelrahmane, annonce s’être converti il y a trois ans à l’islam, et avoir des parents français et athées. Il demande aux Français de rejoindre le djihad. Il s’agit en fait de deux demi-frères. Jean-Daniel Pons, un Toulousain de 22 ans, est finalement tué le 11 août. Agé de 22 ans, ce dernier avait été entraîné par son frère aîné, Nicolas, 30 ans, que l’on voit parler sur la vidéo. Titulaire d’un BEP, Nicolas était tombé dans la petite délinquance avant de se convertir en 2009 puis de faire du prosélytisme. Son frère Jean-Daniel l’avait rejoint en 2011 à Toulouse pour entamer un BTS de comptabilité, après avoir vécu avec leur père en Guyane ; il se convertit à son tour. Ils avaient gagné la Syrie tous les deux en mars 201314. Ils ont rejoint la Syrie via l’Espagne et la Turquie, faisant croire à leurs proches qu’ils allaient en Thaïlande, avant de leur dévoiler la vérité en avril15. La mère des deux jeunes gens, retraitée de l’armée, avait signalé la dérive inquiétante de ses fils aux autorités dès le mois d’avril. Quelques jours plus tard, un homme de 47 ans, originaire du territoire de Belfort, est interpellé par la DCRI : habitant à Toulouse, il était venu rendre visite à sa famille, et aurait eu des liens avec les deux Toulousains16 de la fameuse vidéo. Jacques Abu Abdallah al-Faransi, un Français venant de Marseille, est également vu en juillet 2013 sur une vidéo postée sur Youtube17.






Abou Hajjar, un informaticien de la région parisienne parti en avril 2013 pour faire le djihad en Syrie, interrogé par Le Figaro, est en réalité Ayachi fils, évoqué plus haut18. Cet homme combat dans le Djebel al-Zawiya, dans la province d’Idlib, au sein du groupe Suqur al-Sham. D’après son témoignage, recueilli par Le Figaro, il effectue des missions de reconnaissance sur l’autoroute entre Lattaquié et Alep, pour signaler les mouvements de troupes et de convois du régime. Il se définit lui-même comme un « activiste islamiste » et non comme un djihadiste proche d’al-Qaïda. Son groupe comprend, selon lui, des Saoudiens et des Jordaniens. Il manifeste, dans ses déclarations, une certaine ouverture dans le traitement des minorités syriennes, et explique que son groupe cherche à convaincre, en ouvrant des bureaux de prédication, par exemple, mais pas par la force, comme certains djihadistes. Il ne compte pas revenir en France, où il a laissé femme et enfants19.






Vers une accélération du recrutement, puis un resserrement des profils ? (automne 2013-février 2014)






Le 1er septembre 2013, Manuel Valls annonce que plus d’une centaine de Français combattent actuellement en Syrie, qu’une dizaine y sont morts, et que certains sont déjà revenus20. D’autres informations parlent à la même époque de 9 Français tués au combat dans le pays21. En septembre, 4 hommes sont interpellés après avoir braqué un restaurantQuick dans les Yvelines, puis un cinquième un peu après à Châteauroux, dans l’Indre. Agés de 23 à 34 ans, ces 5 hommes étaient en fait surveillés depuis un moment par la DCRI et la DRPP ; ils appartiennent à un groupe dont l’un des membres, au moins, originaire de Trappes, se trouve déjà en Syrie. Ce sont des personnes « autoradicalisées », dont deux frères, des convertis parfois de fraîche date à l’islam. Ils avaient été repérés lors de manifestations anti-américaines à Paris en 2012 (rassemblement place de la Concorde, le 16 septembre, contre le film L’Innocence des musulmans), puis lors « d’entraînements collectifs » dans le sud de Paris22. Le braquage du Quick de Coignières devait servir à payer leur voyage vers la Syrie : munis d’une arme factice, ils avaient embarqué 2 500 euros… sous les yeux de la DCRI, qui les interpellent dès le lendemain. Ils étaient inconnus de la justice, sauf un seul d’entre eux condamné en 2005 pour vol aggravé23. L’intention de financer leur voyage par un simple braquage confirme que l’expédition pour gagner la Syrie est relativement facile, comme on peut le constater pour d’autres contingents européens24, et qu’elle n’implique pas forcément le recours à des réseaux organisés (le voyage revient à 300-500 euros, en passant par la Turquie). Ce même mois de septembre, un jeune Roubaisien trouve la mort en Syrie. Sofiane D., 20 ans, est tué le 20 septembre à Alep. Ses parents, inquiets, avait prévenu les autorités en juillet 2013 : il était censé être parti en Algérie. Musulman pratiquant classique, selon un magistrat, « fusionnel » avec sa mère, il n’avait pratiquement jamais quitté Roubaix. Il aurait apparemment combattu dans les rangs du front al-Nosra25. Deux autres jeunes hommes de l’endroit auraient également gagné la Syrie26. Romain L., 26 ans, du Calvados, est quant à lui arrêté pour apologie du terrorisme sur Internet27. Il était l’administrateur du site Ansar al-Haqq, traducteur de la revue Inspire, éditée par Al-Qaïda dans la Péninsule Arabique. Il utilisait le pseudonyme de Abou Siyad Al-Normandy. Fin septembre, les réseaux sociaux djihadistes mettent en avant la figure de Abu Suhaib al-Faransi, un commerçant de 63 ans converti à l’islam, et qui fait partie des volontaires français de l’insurrection28.


Syrie:Le témoignage d'Abou Shaheed 6170A gauche, Abu Suhaib al-Faransi -Source : http://www.memrijttm.org/image/6170.JPG




Les autorités française ont déjà, précédemment, arrêté Flavien Moreau, né à Ulsan, en Corée du Sud, avant d’être adopté en France29. Ce Nantais de 27 ans s’était imprudemment confié, à Antioche, en Turquie, à un journaliste suisse, en novembre 2012, ce qui l’avait immédiatement fait repérer par la DCRI. Il est arrêté quelques semaines plus tard à son retour en France, début 2013, et mis en examen. Le Nantais, qui enchaînait petits boulots et peines de prisons, s’était converti il y a cinq ans, et cherchait depuis sa dernière sortie, en 2012, à intégrer un réseau combattant. Ayant amassé quelques milliers d’euros grâce à divers trafics, il gagne Zurich, puis Istanbul et finalement Antioche, avec l’intention de rejoindre le groupe Ahrar al-Sham, aujourd’hui composante du Front Islamique, créé le 22 novembre 2013. Sans aucune expérience du combat, son engagement ne tient que quelques semaines, à l’issue desquelles il regagne la France. D’autres engagements sont tout aussi idéologiques, comme ces deux disciples de Jérémie Louis-Sydney, le leader de la « cellule de Cannes-Torcy« , soupçonné de la tentative d’attentat contre une épicerie kasher de Sarcelles, en 2012 ; ces deux jeunes Français d’origine tunisienne sont depuis partis en Syrie.




Début octobre, un Français aurait mené une attaque kamikaze dans la province d’Alep30. Surnommé Abou al-Qaaqaa, ce Français se serait fait exploser le 9 octobre dans le village de Al-Hamam, au sud-est de la ville. Cette attaque kamikaze ouvrait la voie à des combattants de l’EIIL (dont il aurait fait partie) et du front al-Nosra. Le 24 septembre, Abou Mohammad al-Fransi, un Français converti à l’islam, avait déjà été tué dans le même secteur. C’est également ce mois-là que commencent à remonter des informations sur une filière d’acheminement des volontaires tchétchènes via l’importante diaspora tchétchène établie dans le sud-est de la France (plus de 10 000 personnes)31. Les estimations officielles portent alors le nombre de Français impliqués dans les combats en Syrie à au moins 40032. Le 14 octobre, 3 suspects de la fameuse cellule terroriste Cannes-Torcy sont arrêtés dans les Alpes-Maritimes. Sont notamment saisis un pistolet-mitrailleur UZI et un pistolet semi-automatique, ainsi qu’une grande quantité d’argent en liquide. En novembre, 4 hommes de 22 à 35 ans sont interpellés dans le Val-de-Marne : ils appartiendraient à une filière djihadiste qui acheminerait des combattants vers la Syrie. 2 ou 3 d’entre eux auraient combattu avec le front al-Nosra. Les chiffres passent alors à plus de 440 Français partis pour la Syrie : la moitié est encore sur place, une douzaine sont morts, un ou deux sont prisonniers du régime, et 50 à 60 sont revenus en France. Sur la vingtaine de procédures déclenchées contre les volontaires de retour, seules trois ont alors abouti à des mises en examen33. Le 20 novembre, Abu Malik al-Faransi, un Français de 17 ans, est tué à Raqqa34. Le 27 novembre, c’est un homme habitant près de Lens qui est interpellé, faisant suite à l’arrestation, le 15 octobre, de deux autres personnes à Tourcoing et Roubaix. Ces deux personnes auraient gagné la Syrie puis seraient revenues en France35.






A partir de la fin septembre 2013, le recrutement dans le sud-est de la France semble s’intensifier, et en particulier à Nice et sa région. Une dizaine de départs au moins est recensée à Vallauris, Saint-Laurent et à Nice, ainsi que du côté de l’Ariane et de la cité des Moulins, la plupart pour rejoindre le front al-Nosra. La majorité des jeunes concernés semblent s’être radicalisés très rapidement, avant de quitter leurs familles du jour au lendemain. En 2011, un réseau recrutait déjà, manifestement, pour le djihad en Afghanistan dans cette région36. Une filière pour le recrutement en Irak avait été démantelé, également, en 2005. Une mère de la région lyonnaise signale aussi, en décembre 2013, que son ex-mari, dont elle est séparée depuis juillet 2012, a visiblement enlevé sa fille pour gagner la Syrie via la Turquie, afin de rejoindre le front al-Nosra ; il s’était radicalisé après un séjour à La Mecque37. Il s’était également rapproché de Forzane Alizza, un groupuscule salafiste djihadiste dissous par les autorités françaises en février 2012.








Le 22 décembre 2013, Nicolas, le frère de Jean-Daniel Pons (les deux Français issus de la région toulousaine), trouve la mort dans une attaque kamikaze près de Homs38. Les deux demi-frères auraient rejoint, depuis leur départ en Syrie, les rangs de l’EIIL39. Leur mère, Dominique Pons, avait signalé aux autorités la radicalisation de ses fils, puis créé en décembre 2013, avec son ex-mari, l’association Syrien ne bouge… Agissons ! D’après elle, Nicolas avait également retrouvé en Syrie un autre Toulousain qu’il connaissait40. En janvier 2014, les services de renseignement français évaluent à 500-600 le nombre de Français partis en Syrie, dont 220 encore sur place, 70 qui sont revenus et 18 tués, soit un effectif qui a quadruplé par rapport au mois de mai 2013. Sur ce total, 20% seraient des Français convertis, mais la majorité reste des jeunes gens d’origine maghrébine, pas forcément musulmans pratiquants, mais qui se radicalisent très rapidement. Outre la facilité d’accès au territoire syrien, les services de renseignement signalent qu’un des grands facteurs de motivation des volontaires est qu’ils ont l’impression de se battre pour une cause juste41. 10 à 14 jeunes gens originaires de Strasbourg auraient également quitté leur ville pour l’Allemagne, afin de rejoindre la Syrie, à la fin de l’année 201342. Un jeune homme issu du quartier d’Elsau, à Strasbourg, serait d’ailleurs mort dans une attaque kamikaze en Syrie au mois de novembre43.




L’attention en France sur le phénomène des volontaires candidats au djihad syrien, qui avait cru un peu en 2013 avant de s’éclipser devant les attaques chimiques du mois d’août 2013 et ses suites, rebondit avec l’annonce du départ, en janvier 2014, de deux jeunes adolescents de 15 ans, originaires de la région toulousaine, très relayée dans les médias. Tous les deux scolarisés au lycée des Arènes, les deux adolescents sont partis le 6 janvier pour gagner la Turquie. L’un des deux adolescents, Yasine, était réputé brillant élève, un des meilleurs de sa classe. L’autre, Ayoub, le plus âgé, en revanche, était connu des services de police, et appartenait à une famille qui pouvait avoir des convictions religieuses rigoristes. Yacine achète les billets d’avion pour la somme de 417 euros et les deux jeunes gens embarquent sur un vol de la Turkish Airlines à destination Istanbul. Ils arrivent ensuite à Antioche. Mais difficile de dire, dans leur itinéraire, s’ils ont bénéficié de l’assistance d’un réseau organisé ou non44. Rattrapés et ramenés en France, les deux adolescents sont finalement mis en examen45. L’événement confirme à la fois l’accélération du recrutement en France, mais aussi sa diversification. Si la majorité des recrues continue à venir des grands centres urbains (Lille-Roubaix, Strasbourg, Toulouse, Paris, le sud-est et Nice), les profils semblent moins correspondre à des jeunes en pertes de repères ou désocialisés, mais au contraire à des jeunes parfois plus intégrés46. Le père d’un deux adolescents a d’ailleurs rapidement prévenu les autorités et lancé un appel public : selon lui, son fils a notamment été radicalisé par le biais d’échanges sur le web, notamment par Facebook47. Dans le sud-est, à Nice et ses alentours, ce serait déjà une quarantaine de jeunes gens qui seraient partis pour le djihad syrien, avec de plus en plus d’adolescents -16, voire 15 ans48. Dans le quartier populaire de Saint Roch, à l’est de Nice, il y aurait eu 7 à 8 départs rien qu’entre septembre et décembre 201349. Fin décembre, c’est une famille de dix personnes toute entière qui part pour la Syrie50. Au début du mois de décembre, la DCRI avait procédé à l’interpellation d’un recruteur présumé du milieu niçois51.




 https://www.youtube.com/watch?v=4AwuAzuz0-o




En février 2014, Salahudine, un djihadiste français de 27 ans originaire de la région parisienne, parti combattre en juillet 2013, livre un ultime témoignage après avoir été gravement blessé à Alep. Il avait emmené femme et enfants avec lui, et manifestement n’a pas bénéficié du concours d’un réseau : il a organisé son voyage via la Turquie tout seul. Après avoir gagné Alep, il rejoint l’EIIL, est formé dans un camp d’entraînement puis est expédié rapidement sur le front. En novembre 2013, visiblement dégoûté par l’EIIL, il rallie le front al-Nosra (qui ce même mois est reconnu comme branche officielle d’al-Qaïda en Syrie, au détriment de l’EIIL). Il combat à Alep, Damas et Homs. Il touche chaque mois 50 dollars, mais s’est acheté lui-même son AK-47 pour 1 300 dollars52. Un autre combattant français appartenant à l’EIIL, Abou Shaheed, qui se trouve au nord d’Alep, a également livré son témoignage en février 2014. C’est un volontaire déterminé, qui ne pense pas revenir en France mais qui n’en est pas moins partisan d’un djihad transnational53. Néanmoins, selon les services de renseignement français, le profil des volontaires se serait désormais resserré. Il comprendrait désormais majoritairement des hommes de 20 à 35 ans, plus déterminés. Un tiers des 250 Français encore présents en Syrie seraient des Caucasiens, des Tchétchènes ayant transité par la région de Nice (qui sert de hub pour les Caucasiens et en particulier pour les Tchétchènes, avec Vienne, en Autriche). Sur le reste, on compterait une moitié de convertis et une autre moitié de jeunes issus de l’immigration maghrébine, ainsi que quelques femmes. Fait notable, des groupes radicaux comme l’EIIL n’hésitent pas à utiliser les volontaires étrangers, comme les Français, pour des attaques kamikazes. On signale en outre plusieurs cas de départ où les personnes s’installent à la frontière turque ou dans le nord de la Syrie mais ne prennent pas part au combat, attendant l’installation d’un califat islamique54. Le 20 février, un jeune Niçois de 18 ans, parti en Syrie en septembre 2013, est arrêté à son retour en France. Farid avait combattu dans la région d’Alep. Jeune lycéen, il était parti avec trois autres amis d’une cité de l’est ce Nice, après s’être radicalisé en quelques semaines. Il a été emprisonné après son arrestation, dans l’attente de son jugement55.




Syrie:Le témoignage d'Abou Shaheed 16983A droite, Abou Shaheed.-Source : http://www.memri.org/image/16983.JPG




Les djihadistes français sur les réseaux sociaux






Les djihadistes français sont très présents sur les réseaux sociaux, surtout Twitter etFacebook56. Ils donnent des informations sur leur parcours, sur les combats et les conditions pratiques du djihad. Majoritairement, ceux qu’on y voit font partie de l’EIIL. Les volontaires étrangers ont tendance, en Syrie, à se regrouper, par affinité culturelle et linguistique, mais il n’est pas dit que ce soit systématiquement le cas pour les Français, même si certains combattent bien dans les mêmes formations. Certains arrivent ensemble et se connaissent avant le djihad. On note aussi la présence d’épouses de combattants. Les réseaux sociaux servent au recrutement, à la diffusion de la propagande, et pour maintenir le contact avec les familles. La propagande joue sur l’analogie avec les jeux vidéos, dans les illustrations qui peuvent être diffusées. Evidemment, les conflits internes aux insurgés, comme celui qui oppose depuis avril 2013 l’EIIL au front al-Nosra, sont relativement peu présents. Abou Shaheed, arrivé en Syrie en mai 2013, fait ainsi partie de l’EIIL, et évoque souvent la poursuite du djihad après la chute du régime Assad. Un autre djihadiste francophone, lui aussi membre de l’EIIL et arrivé à la même date, qui opère sous le pseudo Si tu veux mon avis, donne beaucoup de détails sur les combats et affirme avoir participé à ceux de la base 80, à Alep. Abou Mohammed Muhajir, un autre Français, est également incorporé dans l’EIIL : arrivé à l’été 2013, il combat autour d’Azaz. Il est marié à Umtawwab zawjetu abu’’mohamed, une femme originaire de Lorient, qui collecte des fonds à des fins soi-disant humanitaires via Facebook, et qui prétend avoir fait l’aller-retour en France entre octobre-novembre 2013. Mourad Ibn Amar, lui aussi arrivé en Syrie à l’été, fait également partie de l’EIIL. Il apparaît sur de nombreuses photographies de groupes. Sous le pseudo Selim Det-R, un Roubaisien est également inclus dans l’effectif de l’EIIL. Abdullah Wade, un Français, s’efforce quant à lui de collecter des fonds pour rénover des habitations en Syrie au profit des djihadistes français. Abou Tasnim est probablement un Français originaire d’Haïti. Ses parents sont chrétiens ; il habitait en Seine-Saint-Denis, son père est entrepreneur, de classe moyenne ; lui-même produisait de la musique électronique. Il a rejoint la Syrie le 17 octobre 2013 après être passé par Istanbul puis Ghaziantiep, et il combat, lui, au sein du front al-Nosra. Blessé à l’entraînement, il répond beaucoup sur les réseaux sociaux aux questions pratiques pour le voyage jusqu’en Syrie, et livre son expérience de la guerre. Il participe à de nombreuses escarmouches, combat même des Kurdes en janvier 2014. Il quitte al-Nosra qu’il juge « trop inactif » et rejoint l’EIIL d’Atmeh ; le 14 février, il est à Azzaz57.






Conclusion






Il est difficile de formuler des hypothèses quant à l’avenir du recrutement français pour le djihad syrien, notamment parce que les chiffres sont incertains, peut-être plus encore que pour d’autres contingents, en particulier européens. La situation plus difficile de l’insurrection face au régime, depuis l’accord sur les armes chimiques de septembre 2013, et les affrontements entre rebelles, notamment ceux dirigés contre l’EIIL, ne semblent pas avoir tari le recrutement. Les Français, comme d’autres, se dirigent majoritairement vers les groupes les plus radicaux, liés à al-Qaïda, comme le front al-Nosra et surtout l’EIIL, qui bien que marginalisé dans le dispositif d’al-Qaïda par les affrontements récents, n’en demeure pas moins un acteur important sur le terrain. On peut donc s’inquiéter à la fois de la difficulté à suivre des départs souvent spontanés, délicats à anticiper, et du retour de personnes aguerries sur les champs de bataille syriens et qui souhaiteraient prolonger leur combat en France. Néanmoins, il faut aussi noter qu’une partie des volontaires, comme dans d’autres pays, était impliquée de longue date dans les réseaux djihadistes, et qu’elle était surveillée préalablement, d’où, d’ailleurs, certaines arrestations, à terme. Pour cette catégorie, il est manifeste que les services de renseignement pourraient procéder, si besoin, à des coups de filet de plus grande ampleur. Aller en Syrie ne constitue pas un délit, et il faut accumuler des preuves pour procéder aux interpellations. Ce qui est inquiétant, c’est la forte proportion de personnes parfois seules qui s’autoradicalisent par différents moyens, notamment le web, et qui partent de manière parfois imprévisible en direction de la Syrie -un voyage qui, comme on l’a dit, par son caractère aisé, notamment via la Turquie, est une aubaine pour le djihad. Le défi majeur, c’est que l’évolution de la nature même du terrorisme islamiste fait que le retour d’une dizaine de combattants fanatisés seulement pourrait avoir un impact démesuré, par la création de réseaux, ou même par une action en solitaire, comme celle de Mohamed Merah. C’est tout l’enjeu, pour les services de renseignement, d’arriver à dissoudre au mieux ce phénomène, tâche des plus ardues. Le phénomène des volontaires français est donc plus complexe qu’il n’y paraît, et il faudra bien évidemment continuer d’en analyser les évolutions.








 
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Message par Invité Mer 16 Avr - 11:26

as salam aleykoum

merci
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Syrie:Le témoignage d'Abou Shaheed Empty Re: Syrie:Le témoignage d'Abou Shaheed

Message par Invité Mer 16 Avr - 18:40

hbnoppto a écrit:Cachez ces djihadistes que je ne saurais voir… les volontaires français en Syrie
BY STEPHANE MANTOUX · 24 FÉVRIER 2014


Mise à jour 1-mardi 25 mars 2014 : quelques informations supplémentaires, notamment via certains internautes férus du conflit syrien que je remercie.




Merci à Timothy Holman et à Yves Trotignon pour leur aide dans la rédaction de cet article.


Le cas des Français partis se battre en Syrie pose un problème particulier. Il n’est devenu vraiment visible (grâce aux médias, en particulier) qu’en 2013, année où le nombre de volontaires croît de manière importante. A l’image d’autres contingents européens, le djihad en Syrie est le plus grand mouvement du genre depuis la guerre contre les Soviétiques en Afghanistan. Pour autant, rapporté à la population totale de la France ou même à la population musulmane de la tranche d’âge concernée, le mouvement n’a rien d’une lame de fond ou d’un exode massif1 ; on peut cependant noter qu’il s’accélère depuis l’été 2013, ce qui inquiète les autorités, et certains spécialistes, quant au retour des djihadistes. Mais il faut dire que jusqu’ici, les informations ont été très éparses. Le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, a multiplié les déclarations, à partir de mai 2013, au sujet du chiffre des Français impliqués dans le djihad en Syrie, pour arriver, en janvier 2014, à un total de 700, en tout, impliqués à un titre ou à un autre, depuis 2011. Chiffre difficile à vérifier, mais qui semble pourtant crédible, en tout cas pas forcément très exagéré. La dernière étude de l’ICSR, un institut britannique spécialisé sur la problématique des djihadistes étrangers, datée du 17 décembre 2013, plaçait l’estimation maximum, pour la France, à 413 individus2. Les Israëliens pensent que le dernier chiffre donné par Manuel Valls et F. Hollande est exagéré3. Ce que l’on peut savoir des cas bien identifiés montre pourtant que l’exemple français ne se distingue pas fondamentalement des autres contingents de volontaires européens, à quelques différences près4. Le recrutement, plutôt large au niveau de l’âge et des motivations au début, semble depuis s’être resserré vers des hommes jeunes, de 20 à 35 ans, plus déterminés et plus radicaux dans leurs choix sur le terrain. Il implique à la fois des personnes connues pour leur engagement antérieur, et souvent surveillées, mais aussi beaucoup d’hommes ou d’adolescents qui ont succombé au message radical, notamment délivré sur le web, sans que le phénomène se limite à des gens marginalisés sur le plan social. Comme pour l’ensemble des autres contingents, la majorité des volontaires français rejoint les deux formations djihadistes, le front al-Nosra (branche officielle d’al-Qaïda en Syrie depuis novembre 2013) et l’EIIL, en butte depuis janvier 2014 aux assauts des autres formations rebelles, parmi lesquelles le front al-Nosra lui-même. Les zones de départ sont assez bien identifiées : des grandes villes, Paris, Toulouse, Nice, Strasbourg, Lille-Roubaix-Tourcoing (ce qui correspond là encore à d’autres pays), avec une majorité de départs spontanés ou organisés en solitaire, sans forcément qu’il y ait recours à des réseaux organisés, la seule exception semblant être le sud-est (ce qui est une différence notoire cette fois avec d’autres Etats, comme la Belgique, où des réseaux plus structurés interviennent dans l’acheminement des volontaires, voire leur radicalisation). Les djihadistes français sont également, une fois arrivés, assez présents sur les réseaux sociaux, à des fins de recrutement, de propagande ou pour garder le contact avec les familles, comme on le verra à la fin de cet article.






Un début de publicité pour un recrutement varié ? (2012-été 2013)






En France, la question des candidats au djihad commence à inquiéter, dans la presse, à partir du second semestre 2012. Pourtant, dès le mois de mai 2012, 3 jeunes gens sont interpellés à l’aéroport de Saint-Etienne alors qu’ils s’apprêtent à partir pour la Turquie… avec des étuis à pistolet, des talkie-walkies et des lunettes de vision nocturne5Le Figaroévoque « quelques dizaines de départ » au mois d’octobre 2012 et mentionne le docteur Jacques Bérès, qui a soigné plusieurs Français dans un hôpital rebelle à Alep, ville que les insurgés ont investi à l’été 20126. Certains d’ailleurs ne cachent pas leur admiration pour Mohamed Merah. Le même quotidien avait également parlé, au printemps 2012, de 6 Français arrêtés par la sécurité libanaise à l’aéroport de Beyrouth, et qui cherchaient manifestement à passer en Syrie. Pourtant, les services de renseignement intérieurs avaient commencé à tirer la sonnette d’alarme dès le printemps 2011.






Les informations et les articles de presse se font plus nombreux au printemps et à l’été 2013, moment qui connaît effectivement, d’après les recherches des spécialistes, un accroissement sensible du départ des volontaires européens, et donc français, vers la Syrie, accroissement qui se confirme tout au long de l’année7. Non seulement les volontaires français, comme les autres, bénéficient du fait que l’accès au territoire syrien est beaucoup plus facile que pour d’autres terres de djihad dans le passé, mais, en outre, ils peuvent compter, parfois, sur les restes des réseaux organisés pour les djihads précédents, comme ceux qui avaient opéré pour l’Irak entre 2004 et 20068. Dès le printemps 2013 et l’émergence des premiers exemples précis de volontaires français, on constate que les motifs de départ sont très différents. Djamel Amer Al-Khedoud, 50 ans, originaire de Marseille et depuis prisonnier du régime, s’en va ainsi pour défendre les sunnites de Syrie, une motivation qui correspond au « djihad défensif » que l’on retrouve chez nombre de volontaires étrangers, en particulier ceux des débuts, de la période 2011-2012. Abdel Rahmane Ayachi, au contraire, Franco-Syrien de 33 ans, lui, a rejoint le groupe Suqur al-Sham, membre du Front Islamique depuis novembre 2013, et qui vise depuis expréssement à l’installation d’un califat islamique et à l’application stricte et rigoureuse de la charia. Il serait monté dans la hiérarchie jusqu’à commander un effectif de 600 combattants9. Ayachi, finalement tué en juin 2013, avait profité d’un entraînement militaire dans la réserve belge, qu’il a mis à profit, probablement, sur le champ de bataille syrien10. Raphaël Gendron, un Français de 38 ans, faisait lui aussi partie de Suqur al-Sham : il a été tué le 14 avril 2013. Résidant à Bruxelles, il était proche des milieux radicaux qui ont fourni, dans ce pays, un certain nombre de volontaires pour le djihad syrien.




Syrie:Le témoignage d'Abou Shaheed Suquar-al-sham-syria-leaderAbdel Rahmane Ayachi, tué en juin 2013, dirigeait des combattants de Suqur al-Sham.-Source : http://www.globalpost.com/sites/default/files/imagecache/gp3_full_article/photos/2013-March/suquar-al-sham-syria-leader.jpg




Raphaël Gendron était bien connu des services français. Condamné à plusieurs reprises par la justice belge, il est arrêté par les autorités italiennes fin 2009 avec Bassam Ayachi, imam franco-syrien installé en Belgique et célèbre, lui aussi, pour ses opinions radicales. Ils auraient voulu organiser une filière de recrutement djihadiste pour al-Qaïda dans le sud de l’Italie. Relâchés, ils regagnent la Belgique où ils continuent d’animer le Centre islamique Assabyle, sur le site duquel Gendron se livre à une active propagande. Cas très différent, celui de ce jeune djihadiste français de 17 ans, originaire de Sartrouville, arrêté par la police grecque le 25 mai 2013 alors qu’il tentait de gagner la Syrie11. Il avait prévenu ses parents de son départ le 16 mai, après avoir acheté son billet d’avion pour Athènes et s’être muni d’un passeport. La famille prévient la police, qui parvient à joindre les autorités grecques : le jeune homme est arrêté dans un bus au nord du pays, alors qu’il se dirigeait vers la Turquie.








Au mois de juin 2013, un diplomate français haut placé évoque déjà le chiffre de 270 Français partis se battre en Syrie12. Un mois plus tard, un djihadiste français présent en Syrie lance un appel vidéo à ses compatriotes et au président F. Hollande, lui demandant de se convertir à l’islam13. L’homme, qui se fait appeler Abou Abdelrahmane, annonce s’être converti il y a trois ans à l’islam, et avoir des parents français et athées. Il demande aux Français de rejoindre le djihad. Il s’agit en fait de deux demi-frères. Jean-Daniel Pons, un Toulousain de 22 ans, est finalement tué le 11 août. Agé de 22 ans, ce dernier avait été entraîné par son frère aîné, Nicolas, 30 ans, que l’on voit parler sur la vidéo. Titulaire d’un BEP, Nicolas était tombé dans la petite délinquance avant de se convertir en 2009 puis de faire du prosélytisme. Son frère Jean-Daniel l’avait rejoint en 2011 à Toulouse pour entamer un BTS de comptabilité, après avoir vécu avec leur père en Guyane ; il se convertit à son tour. Ils avaient gagné la Syrie tous les deux en mars 201314. Ils ont rejoint la Syrie via l’Espagne et la Turquie, faisant croire à leurs proches qu’ils allaient en Thaïlande, avant de leur dévoiler la vérité en avril15. La mère des deux jeunes gens, retraitée de l’armée, avait signalé la dérive inquiétante de ses fils aux autorités dès le mois d’avril. Quelques jours plus tard, un homme de 47 ans, originaire du territoire de Belfort, est interpellé par la DCRI : habitant à Toulouse, il était venu rendre visite à sa famille, et aurait eu des liens avec les deux Toulousains16 de la fameuse vidéo. Jacques Abu Abdallah al-Faransi, un Français venant de Marseille, est également vu en juillet 2013 sur une vidéo postée sur Youtube17.






Abou Hajjar, un informaticien de la région parisienne parti en avril 2013 pour faire le djihad en Syrie, interrogé par Le Figaro, est en réalité Ayachi fils, évoqué plus haut18. Cet homme combat dans le Djebel al-Zawiya, dans la province d’Idlib, au sein du groupe Suqur al-Sham. D’après son témoignage, recueilli par Le Figaro, il effectue des missions de reconnaissance sur l’autoroute entre Lattaquié et Alep, pour signaler les mouvements de troupes et de convois du régime. Il se définit lui-même comme un « activiste islamiste » et non comme un djihadiste proche d’al-Qaïda. Son groupe comprend, selon lui, des Saoudiens et des Jordaniens. Il manifeste, dans ses déclarations, une certaine ouverture dans le traitement des minorités syriennes, et explique que son groupe cherche à convaincre, en ouvrant des bureaux de prédication, par exemple, mais pas par la force, comme certains djihadistes. Il ne compte pas revenir en France, où il a laissé femme et enfants19.






Vers une accélération du recrutement, puis un resserrement des profils ? (automne 2013-février 2014)






Le 1er septembre 2013, Manuel Valls annonce que plus d’une centaine de Français combattent actuellement en Syrie, qu’une dizaine y sont morts, et que certains sont déjà revenus20. D’autres informations parlent à la même époque de 9 Français tués au combat dans le pays21. En septembre, 4 hommes sont interpellés après avoir braqué un restaurantQuick dans les Yvelines, puis un cinquième un peu après à Châteauroux, dans l’Indre. Agés de 23 à 34 ans, ces 5 hommes étaient en fait surveillés depuis un moment par la DCRI et la DRPP ; ils appartiennent à un groupe dont l’un des membres, au moins, originaire de Trappes, se trouve déjà en Syrie. Ce sont des personnes « autoradicalisées », dont deux frères, des convertis parfois de fraîche date à l’islam. Ils avaient été repérés lors de manifestations anti-américaines à Paris en 2012 (rassemblement place de la Concorde, le 16 septembre, contre le film L’Innocence des musulmans), puis lors « d’entraînements collectifs » dans le sud de Paris22. Le braquage du Quick de Coignières devait servir à payer leur voyage vers la Syrie : munis d’une arme factice, ils avaient embarqué 2 500 euros… sous les yeux de la DCRI, qui les interpellent dès le lendemain. Ils étaient inconnus de la justice, sauf un seul d’entre eux condamné en 2005 pour vol aggravé23. L’intention de financer leur voyage par un simple braquage confirme que l’expédition pour gagner la Syrie est relativement facile, comme on peut le constater pour d’autres contingents européens24, et qu’elle n’implique pas forcément le recours à des réseaux organisés (le voyage revient à 300-500 euros, en passant par la Turquie). Ce même mois de septembre, un jeune Roubaisien trouve la mort en Syrie. Sofiane D., 20 ans, est tué le 20 septembre à Alep. Ses parents, inquiets, avait prévenu les autorités en juillet 2013 : il était censé être parti en Algérie. Musulman pratiquant classique, selon un magistrat, « fusionnel » avec sa mère, il n’avait pratiquement jamais quitté Roubaix. Il aurait apparemment combattu dans les rangs du front al-Nosra25. Deux autres jeunes hommes de l’endroit auraient également gagné la Syrie26. Romain L., 26 ans, du Calvados, est quant à lui arrêté pour apologie du terrorisme sur Internet27. Il était l’administrateur du site Ansar al-Haqq, traducteur de la revue Inspire, éditée par Al-Qaïda dans la Péninsule Arabique. Il utilisait le pseudonyme de Abou Siyad Al-Normandy. Fin septembre, les réseaux sociaux djihadistes mettent en avant la figure de Abu Suhaib al-Faransi, un commerçant de 63 ans converti à l’islam, et qui fait partie des volontaires français de l’insurrection28.


Syrie:Le témoignage d'Abou Shaheed 6170A gauche, Abu Suhaib al-Faransi -Source : http://www.memrijttm.org/image/6170.JPG




Les autorités française ont déjà, précédemment, arrêté Flavien Moreau, né à Ulsan, en Corée du Sud, avant d’être adopté en France29. Ce Nantais de 27 ans s’était imprudemment confié, à Antioche, en Turquie, à un journaliste suisse, en novembre 2012, ce qui l’avait immédiatement fait repérer par la DCRI. Il est arrêté quelques semaines plus tard à son retour en France, début 2013, et mis en examen. Le Nantais, qui enchaînait petits boulots et peines de prisons, s’était converti il y a cinq ans, et cherchait depuis sa dernière sortie, en 2012, à intégrer un réseau combattant. Ayant amassé quelques milliers d’euros grâce à divers trafics, il gagne Zurich, puis Istanbul et finalement Antioche, avec l’intention de rejoindre le groupe Ahrar al-Sham, aujourd’hui composante du Front Islamique, créé le 22 novembre 2013. Sans aucune expérience du combat, son engagement ne tient que quelques semaines, à l’issue desquelles il regagne la France. D’autres engagements sont tout aussi idéologiques, comme ces deux disciples de Jérémie Louis-Sydney, le leader de la « cellule de Cannes-Torcy« , soupçonné de la tentative d’attentat contre une épicerie kasher de Sarcelles, en 2012 ; ces deux jeunes Français d’origine tunisienne sont depuis partis en Syrie.




Début octobre, un Français aurait mené une attaque kamikaze dans la province d’Alep30. Surnommé Abou al-Qaaqaa, ce Français se serait fait exploser le 9 octobre dans le village de Al-Hamam, au sud-est de la ville. Cette attaque kamikaze ouvrait la voie à des combattants de l’EIIL (dont il aurait fait partie) et du front al-Nosra. Le 24 septembre, Abou Mohammad al-Fransi, un Français converti à l’islam, avait déjà été tué dans le même secteur. C’est également ce mois-là que commencent à remonter des informations sur une filière d’acheminement des volontaires tchétchènes via l’importante diaspora tchétchène établie dans le sud-est de la France (plus de 10 000 personnes)31. Les estimations officielles portent alors le nombre de Français impliqués dans les combats en Syrie à au moins 40032. Le 14 octobre, 3 suspects de la fameuse cellule terroriste Cannes-Torcy sont arrêtés dans les Alpes-Maritimes. Sont notamment saisis un pistolet-mitrailleur UZI et un pistolet semi-automatique, ainsi qu’une grande quantité d’argent en liquide. En novembre, 4 hommes de 22 à 35 ans sont interpellés dans le Val-de-Marne : ils appartiendraient à une filière djihadiste qui acheminerait des combattants vers la Syrie. 2 ou 3 d’entre eux auraient combattu avec le front al-Nosra. Les chiffres passent alors à plus de 440 Français partis pour la Syrie : la moitié est encore sur place, une douzaine sont morts, un ou deux sont prisonniers du régime, et 50 à 60 sont revenus en France. Sur la vingtaine de procédures déclenchées contre les volontaires de retour, seules trois ont alors abouti à des mises en examen33. Le 20 novembre, Abu Malik al-Faransi, un Français de 17 ans, est tué à Raqqa34. Le 27 novembre, c’est un homme habitant près de Lens qui est interpellé, faisant suite à l’arrestation, le 15 octobre, de deux autres personnes à Tourcoing et Roubaix. Ces deux personnes auraient gagné la Syrie puis seraient revenues en France35.






A partir de la fin septembre 2013, le recrutement dans le sud-est de la France semble s’intensifier, et en particulier à Nice et sa région. Une dizaine de départs au moins est recensée à Vallauris, Saint-Laurent et à Nice, ainsi que du côté de l’Ariane et de la cité des Moulins, la plupart pour rejoindre le front al-Nosra. La majorité des jeunes concernés semblent s’être radicalisés très rapidement, avant de quitter leurs familles du jour au lendemain. En 2011, un réseau recrutait déjà, manifestement, pour le djihad en Afghanistan dans cette région36. Une filière pour le recrutement en Irak avait été démantelé, également, en 2005. Une mère de la région lyonnaise signale aussi, en décembre 2013, que son ex-mari, dont elle est séparée depuis juillet 2012, a visiblement enlevé sa fille pour gagner la Syrie via la Turquie, afin de rejoindre le front al-Nosra ; il s’était radicalisé après un séjour à La Mecque37. Il s’était également rapproché de Forzane Alizza, un groupuscule salafiste djihadiste dissous par les autorités françaises en février 2012.








Le 22 décembre 2013, Nicolas, le frère de Jean-Daniel Pons (les deux Français issus de la région toulousaine), trouve la mort dans une attaque kamikaze près de Homs38. Les deux demi-frères auraient rejoint, depuis leur départ en Syrie, les rangs de l’EIIL39. Leur mère, Dominique Pons, avait signalé aux autorités la radicalisation de ses fils, puis créé en décembre 2013, avec son ex-mari, l’association Syrien ne bouge… Agissons ! D’après elle, Nicolas avait également retrouvé en Syrie un autre Toulousain qu’il connaissait40. En janvier 2014, les services de renseignement français évaluent à 500-600 le nombre de Français partis en Syrie, dont 220 encore sur place, 70 qui sont revenus et 18 tués, soit un effectif qui a quadruplé par rapport au mois de mai 2013. Sur ce total, 20% seraient des Français convertis, mais la majorité reste des jeunes gens d’origine maghrébine, pas forcément musulmans pratiquants, mais qui se radicalisent très rapidement. Outre la facilité d’accès au territoire syrien, les services de renseignement signalent qu’un des grands facteurs de motivation des volontaires est qu’ils ont l’impression de se battre pour une cause juste41. 10 à 14 jeunes gens originaires de Strasbourg auraient également quitté leur ville pour l’Allemagne, afin de rejoindre la Syrie, à la fin de l’année 201342. Un jeune homme issu du quartier d’Elsau, à Strasbourg, serait d’ailleurs mort dans une attaque kamikaze en Syrie au mois de novembre43.




L’attention en France sur le phénomène des volontaires candidats au djihad syrien, qui avait cru un peu en 2013 avant de s’éclipser devant les attaques chimiques du mois d’août 2013 et ses suites, rebondit avec l’annonce du départ, en janvier 2014, de deux jeunes adolescents de 15 ans, originaires de la région toulousaine, très relayée dans les médias. Tous les deux scolarisés au lycée des Arènes, les deux adolescents sont partis le 6 janvier pour gagner la Turquie. L’un des deux adolescents, Yasine, était réputé brillant élève, un des meilleurs de sa classe. L’autre, Ayoub, le plus âgé, en revanche, était connu des services de police, et appartenait à une famille qui pouvait avoir des convictions religieuses rigoristes. Yacine achète les billets d’avion pour la somme de 417 euros et les deux jeunes gens embarquent sur un vol de la Turkish Airlines à destination Istanbul. Ils arrivent ensuite à Antioche. Mais difficile de dire, dans leur itinéraire, s’ils ont bénéficié de l’assistance d’un réseau organisé ou non44. Rattrapés et ramenés en France, les deux adolescents sont finalement mis en examen45. L’événement confirme à la fois l’accélération du recrutement en France, mais aussi sa diversification. Si la majorité des recrues continue à venir des grands centres urbains (Lille-Roubaix, Strasbourg, Toulouse, Paris, le sud-est et Nice), les profils semblent moins correspondre à des jeunes en pertes de repères ou désocialisés, mais au contraire à des jeunes parfois plus intégrés46. Le père d’un deux adolescents a d’ailleurs rapidement prévenu les autorités et lancé un appel public : selon lui, son fils a notamment été radicalisé par le biais d’échanges sur le web, notamment par Facebook47. Dans le sud-est, à Nice et ses alentours, ce serait déjà une quarantaine de jeunes gens qui seraient partis pour le djihad syrien, avec de plus en plus d’adolescents -16, voire 15 ans48. Dans le quartier populaire de Saint Roch, à l’est de Nice, il y aurait eu 7 à 8 départs rien qu’entre septembre et décembre 201349. Fin décembre, c’est une famille de dix personnes toute entière qui part pour la Syrie50. Au début du mois de décembre, la DCRI avait procédé à l’interpellation d’un recruteur présumé du milieu niçois51.




 https://www.youtube.com/watch?v=4AwuAzuz0-o




En février 2014, Salahudine, un djihadiste français de 27 ans originaire de la région parisienne, parti combattre en juillet 2013, livre un ultime témoignage après avoir été gravement blessé à Alep. Il avait emmené femme et enfants avec lui, et manifestement n’a pas bénéficié du concours d’un réseau : il a organisé son voyage via la Turquie tout seul. Après avoir gagné Alep, il rejoint l’EIIL, est formé dans un camp d’entraînement puis est expédié rapidement sur le front. En novembre 2013, visiblement dégoûté par l’EIIL, il rallie le front al-Nosra (qui ce même mois est reconnu comme branche officielle d’al-Qaïda en Syrie, au détriment de l’EIIL). Il combat à Alep, Damas et Homs. Il touche chaque mois 50 dollars, mais s’est acheté lui-même son AK-47 pour 1 300 dollars52. Un autre combattant français appartenant à l’EIIL, Abou Shaheed, qui se trouve au nord d’Alep, a également livré son témoignage en février 2014. C’est un volontaire déterminé, qui ne pense pas revenir en France mais qui n’en est pas moins partisan d’un djihad transnational53. Néanmoins, selon les services de renseignement français, le profil des volontaires se serait désormais resserré. Il comprendrait désormais majoritairement des hommes de 20 à 35 ans, plus déterminés. Un tiers des 250 Français encore présents en Syrie seraient des Caucasiens, des Tchétchènes ayant transité par la région de Nice (qui sert de hub pour les Caucasiens et en particulier pour les Tchétchènes, avec Vienne, en Autriche). Sur le reste, on compterait une moitié de convertis et une autre moitié de jeunes issus de l’immigration maghrébine, ainsi que quelques femmes. Fait notable, des groupes radicaux comme l’EIIL n’hésitent pas à utiliser les volontaires étrangers, comme les Français, pour des attaques kamikazes. On signale en outre plusieurs cas de départ où les personnes s’installent à la frontière turque ou dans le nord de la Syrie mais ne prennent pas part au combat, attendant l’installation d’un califat islamique54. Le 20 février, un jeune Niçois de 18 ans, parti en Syrie en septembre 2013, est arrêté à son retour en France. Farid avait combattu dans la région d’Alep. Jeune lycéen, il était parti avec trois autres amis d’une cité de l’est ce Nice, après s’être radicalisé en quelques semaines. Il a été emprisonné après son arrestation, dans l’attente de son jugement55.




Syrie:Le témoignage d'Abou Shaheed 16983A droite, Abou Shaheed.-Source : http://www.memri.org/image/16983.JPG




Les djihadistes français sur les réseaux sociaux






Les djihadistes français sont très présents sur les réseaux sociaux, surtout Twitter etFacebook56. Ils donnent des informations sur leur parcours, sur les combats et les conditions pratiques du djihad. Majoritairement, ceux qu’on y voit font partie de l’EIIL. Les volontaires étrangers ont tendance, en Syrie, à se regrouper, par affinité culturelle et linguistique, mais il n’est pas dit que ce soit systématiquement le cas pour les Français, même si certains combattent bien dans les mêmes formations. Certains arrivent ensemble et se connaissent avant le djihad. On note aussi la présence d’épouses de combattants. Les réseaux sociaux servent au recrutement, à la diffusion de la propagande, et pour maintenir le contact avec les familles. La propagande joue sur l’analogie avec les jeux vidéos, dans les illustrations qui peuvent être diffusées. Evidemment, les conflits internes aux insurgés, comme celui qui oppose depuis avril 2013 l’EIIL au front al-Nosra, sont relativement peu présents. Abou Shaheed, arrivé en Syrie en mai 2013, fait ainsi partie de l’EIIL, et évoque souvent la poursuite du djihad après la chute du régime Assad. Un autre djihadiste francophone, lui aussi membre de l’EIIL et arrivé à la même date, qui opère sous le pseudo Si tu veux mon avis, donne beaucoup de détails sur les combats et affirme avoir participé à ceux de la base 80, à Alep. Abou Mohammed Muhajir, un autre Français, est également incorporé dans l’EIIL : arrivé à l’été 2013, il combat autour d’Azaz. Il est marié à Umtawwab zawjetu abu’’mohamed, une femme originaire de Lorient, qui collecte des fonds à des fins soi-disant humanitaires via Facebook, et qui prétend avoir fait l’aller-retour en France entre octobre-novembre 2013. Mourad Ibn Amar, lui aussi arrivé en Syrie à l’été, fait également partie de l’EIIL. Il apparaît sur de nombreuses photographies de groupes. Sous le pseudo Selim Det-R, un Roubaisien est également inclus dans l’effectif de l’EIIL. Abdullah Wade, un Français, s’efforce quant à lui de collecter des fonds pour rénover des habitations en Syrie au profit des djihadistes français. Abou Tasnim est probablement un Français originaire d’Haïti. Ses parents sont chrétiens ; il habitait en Seine-Saint-Denis, son père est entrepreneur, de classe moyenne ; lui-même produisait de la musique électronique. Il a rejoint la Syrie le 17 octobre 2013 après être passé par Istanbul puis Ghaziantiep, et il combat, lui, au sein du front al-Nosra. Blessé à l’entraînement, il répond beaucoup sur les réseaux sociaux aux questions pratiques pour le voyage jusqu’en Syrie, et livre son expérience de la guerre. Il participe à de nombreuses escarmouches, combat même des Kurdes en janvier 2014. Il quitte al-Nosra qu’il juge « trop inactif » et rejoint l’EIIL d’Atmeh ; le 14 février, il est à Azzaz57.






Conclusion






Il est difficile de formuler des hypothèses quant à l’avenir du recrutement français pour le djihad syrien, notamment parce que les chiffres sont incertains, peut-être plus encore que pour d’autres contingents, en particulier européens. La situation plus difficile de l’insurrection face au régime, depuis l’accord sur les armes chimiques de septembre 2013, et les affrontements entre rebelles, notamment ceux dirigés contre l’EIIL, ne semblent pas avoir tari le recrutement. Les Français, comme d’autres, se dirigent majoritairement vers les groupes les plus radicaux, liés à al-Qaïda, comme le front al-Nosra et surtout l’EIIL, qui bien que marginalisé dans le dispositif d’al-Qaïda par les affrontements récents, n’en demeure pas moins un acteur important sur le terrain. On peut donc s’inquiéter à la fois de la difficulté à suivre des départs souvent spontanés, délicats à anticiper, et du retour de personnes aguerries sur les champs de bataille syriens et qui souhaiteraient prolonger leur combat en France. Néanmoins, il faut aussi noter qu’une partie des volontaires, comme dans d’autres pays, était impliquée de longue date dans les réseaux djihadistes, et qu’elle était surveillée préalablement, d’où, d’ailleurs, certaines arrestations, à terme. Pour cette catégorie, il est manifeste que les services de renseignement pourraient procéder, si besoin, à des coups de filet de plus grande ampleur. Aller en Syrie ne constitue pas un délit, et il faut accumuler des preuves pour procéder aux interpellations. Ce qui est inquiétant, c’est la forte proportion de personnes parfois seules qui s’autoradicalisent par différents moyens, notamment le web, et qui partent de manière parfois imprévisible en direction de la Syrie -un voyage qui, comme on l’a dit, par son caractère aisé, notamment via la Turquie, est une aubaine pour le djihad. Le défi majeur, c’est que l’évolution de la nature même du terrorisme islamiste fait que le retour d’une dizaine de combattants fanatisés seulement pourrait avoir un impact démesuré, par la création de réseaux, ou même par une action en solitaire, comme celle de Mohamed Merah. C’est tout l’enjeu, pour les services de renseignement, d’arriver à dissoudre au mieux ce phénomène, tâche des plus ardues. Le phénomène des volontaires français est donc plus complexe qu’il n’y paraît, et il faudra bien évidemment continuer d’en analyser les évolutions.








 


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