TERRE ISLAM
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]« En France, sur le sujet des djihadistes, on privilégie l’émotionnel au détriment de l’information. »

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]« En France, sur le sujet des djihadistes, on privilégie l’émotionnel au détriment de l’information. » Empty ]« En France, sur le sujet des djihadistes, on privilégie l’émotionnel au détriment de l’information. »

Message par Invité Jeu 27 Nov - 20:05

« En France, sur le sujet des djihadistes, on privilégie l’émotionnel au détriment de l’information. »

Chercheur à l’Institut français du Proche-Orient à Beyrouth, Romain Caillet est sans doute le meilleur spécialiste francophone du djihadisme international avec le journaliste de RFI, David Thomson (voir l'entretien ici à la sortie de son livre). Des derniers développements sur le terrain aux dérives qu'il constate en France du point de vue des libertés publiques, le chercheur décrypte l’évolution d'un conflit qui se mue en guerre d’influence entre l’EI et Al-Qaïda pour la suprématie du djihadisme. Entretien.

Romain Caillet, vous étiez au cœur de l’une des dernières tempêtes médiatiques, la vraie-fausse participation d’un Français nommé Mickaël Dos Santos à la vidéo d’exécution des otages étrangers diffusée mi-novembre. Que nous dit cette histoire ?

J’étais aux premières loges, puisque j’étais l’un des trois premiers à connaître son identité supposée et son compte Twitter avant que les médias ne parlent de lui. Un premier Français, Maxime Hauchard, a été identifié très rapidement sur la vidéo. Les médias se sont branchés là-dessus, et dès qu’ils ont su qu’il y en avait un deuxième, ça a été la course pour l’identifier en premier. J’ai la sensation qu’il y a eu un emballement médiatique, et certainement une pression politique sur les services de renseignements et le parquet pour l’identifier. C’est quand même étrange que la mère, après avoir nié pendant plusieurs heures avoir reconnu son fils sur la vidéo, dise tout à coup aux enquêteurs que c’était bien lui, alors qu’en fait, ce n’était pas son fils. On se retrouve face à une situation très compliquée où cet emballement médiatique a exercé une forte pression sur les enquêteurs qui, par conséquent, ont mal fait leur travail.

C’est la manière dont vous analysez le travail des médias dès qu’il s’agit de la participation de Français à l’État islamique ?

Sans surprise, plutôt que de s’intéresser aux biographies de personnalités qui exercent une influence réelle sur le courant, ce que l’on aime faire en France depuis des années – et pas seulement sur l’État islamique, mais sur les groupes djihadistes en général –, c’est s’intéresser au parcours des petits soldats. C’est toujours le cliché de « paumé », du « looser » qui finit dans une vidéo djihadiste. C’est ce que montre bien le film sur la DGSE (Secret défense, 2008). Et puis, c’est aussi une affaire de positionnement politique. Dès qu’il s’agit d’un converti, et que Marine Le Pen sert son discours sur la prairie normande (« Le fondamentalisme islamique ne pousse pas dans les prairies normandes. Il est importé sur notre territoire », a déclaré sur France Info la présidente du Front national, le 2 juin 2014 - ndlr), beaucoup en retour veulent réagir sur le phénomène.

On est dans le sensationnel, dans le « glauque », on joue sur les sentiments en nous expliquant que sa grande sœur l’appelait Nanou. Qu’est-ce qu’on en a à faire… Tout cela ne fait pas sens. De mon côté, je n’ai quasiment jamais travaillé sur les djihadistes français, alors que la majeure partie des journalistes qui me contactent le font pour m’interroger sur ce sujet.

Les Français sont pourtant une des premières, si ce n’est la première nationalité étrangère au sein de l’État islamique…

Certes, mais il faut relativiser : la France possède la plus importante communauté musulmane d’Europe, il est normal que nous ayons davantage de djihadistes que les autres. Mais on dit rarement que les Britanniques ont quasiment autant de djihadistes que nous au sein de l’État islamique, alors que la communauté musulmane britannique est presque deux fois moins importante que celle présente en France. Autre point important : certains Britanniques ont des responsabilités au sein de l’État islamique, ce qui n’est pas le cas des Français. À ma connaissance, il n’y a qu’un seul Français, originaire du Sud-Ouest et qui a fait des études religieuses en Arabie saoudite, qui a un poste à responsabilité au sein des instances religieuses de l’EI. Même les otages, quand ils parlent des geôliers, expliquent bien que les Britanniques commandent, et que les Français sont des exécutants. Ils n’ont pas de sérieux bagages culturels, à la différence des Anglais ou des Belges.

La question des chiffres est également problématique : les autorités françaises évoquent le chiffre de 1 000 personnes concernées par le phénomène, qui ont essayé de partir, pour environ 400 combattants sur place. Puis on voit surgir d’autres chiffres dans des livres ou dans la presse, comme le chiffre de 2 000 djihadistes français avancé par Fabrice Balanche (géographe) immédiatement repris par Samuel Laurent (auteur très contesté de plusieurs ouvrages sur le djihad). Ces estimations-là ne reposent sur aucun travail sérieux : 2 000 djihadistes français au sein de l’EI en Syrie, cela voudrait dire qu’il y a plus de djihadistes français que marocains. C’est absurde.

Je pense cependant que le chiffre de quelques dizaines de mineurs présents en Syrie est sous-estimé. Pas tellement pour ceux de 16, 17 ans qui combattent mais pour les enfants qui sont élevés dans les écoles de l’État islamique, tout simplement parce que des familles entières sont parties là-bas, des dizaines par exemple en prenant la seule ville de Toulouse, et des enfants y sont nés.

«Le discours de Dounia Bouzar est dangereux»

Comment jugez-vous le dispositif législatif et répressif mais aussi de prévention mis en place en France, dont ce document diffusé au sein de l’éducation nationale que Mediapart a publié la semaine passée ?

On a beaucoup parlé, et c’est notamment un des éléments qui ressort du livre de David Thomson (Les Jihadistes français, paru en 2014 aux éditions Les Arènes, voir notre entretien - ndlr), du fait que les Français partaient en Syrie « comme ils voulaient », si je puis dire. Mais est-ce véritablement un mal ? Je ne le pense pas.

Il y a deux profils de djihadistes : celui dont on parle tout le temps, le jeune qui s’est radicalisé sous le coup de l’émotion, sur Facebook. Celui-là, je comprends qu’on l’empêche de partir. Mais parlons franchement : il y a des personnes qui sont djihadistes depuis dix ans, qui sont convaincues : quel est l’intérêt de les empêcher d’aller en Syrie ? Laisser partir les éléments les plus radicalisés, et bloquer les familles et les jeunes, cela me paraît une politique sensée.

Regardez ce qui se fait au Maroc. Je discutais récemment avec un responsable d’une association de défense des détenus islamistes, qui soulignait le fait que les arrestations dans le milieu djihadiste touchaient surtout des personnes qui collectaient de l’argent, mettaient en place des réseaux ou faisaient de la propagande, mais très rarement des djihadistes à la veille de leur départ. Les autorités espèrent simplement qu’ils vont mourir en Syrie. Par contre, ceux qui rentrent sont systématiquement arrêtés et placés en détention dans des conditions très dures.

De même, je ne pense pas que les services de renseignements français soient stupides et considèrent qu’il y ait un intérêt à garder des éléments radicalisés en France. D’ailleurs, il n’y a pas eu pour l’heure d’attentat en France commis par l’EI. Cela va peut-être arriver, mais pour l’heure, ce n’est pas le cas. Au contraire, au Canada, les autorités ont confisqué des passeports à des personnes déjà radicalisées, et ont dû faire face à des attentats.

J’ai l’impression que la France a adopté une politique à mi-chemin entre celle des pays arabes et celle des pays sans expérience de la lutte antiterroriste, et que les services français cernent le profil du candidat au djihad avant de décider de le laisser partir ou non.

Je suis cependant méfiant sur la loi antiterroriste qui a été votée : cela peut certes fournir des arguments juridiques pour arrêter quelqu’un qui prépare un acte individuel. Mais je vois un danger de dérive, en ce sens que les autorités pourraient réprimer de manière trop large, et empêcher un jeune d’aller rendre visite à sa grand-mère au Maroc simplement parce qu’il est allé un soir se défouler sur un forum ou sur son compte Facebook.

Par rapport à la circulaire de l'éducation nationale, j’aimerais souligner une chose : je pense que le discours de quelqu’un comme Dounia Bouzar (qui dirige le Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l’islam - ndlr) est dangereux pour les libertés publiques, tout comme celui d’un certain nombre de personnes qui veulent définir l’« islamiquement correct ». La laïcité, ce n’est pas fixer des normes religieuses.

De plus, quelqu’un comme Dounia Bouzar n’a aucune compétence ni formation en islamologie. Quand elle affirme qu’il est islamophobe de dire que l’Islam interdit la musique, cela veut dire que la moitié des imams sont islamophobes. On mélange tout ici. En France, j’ai l’impression qu’il y a un discours politique assez bas de gamme pour définir ce qu’est le radicalisme, et dans le même temps, au niveau des services, des gens de terrain qui savent un peu plus ce qu’ils font.

Pour revenir sur la situation actuelle de l’État islamique, que représente pour l’EI la bataille de Kobané, dont on parle tant, en territoire kurde, à la frontière turque ?

L’EI n'a pas été battu par les combattants kurdes mais par les bombardements américains qui les empêchent de prendre la ville. Les djihadistes ne luttent pas à armes égales avec l’armée américaine, la défaite et les conséquences pour l’image de l’EI sont donc atténuées. Par contre, j’ai la sensation que Kobané constitue un piège tendu par les Américains, qui avaient laissé entendre qu’ils ne défendraient pas la ville. Les djihadistes s’y sont donc installés, et aujourd’hui, il n’y a presque plus de civils dans la ville. Quand les combattants de l’EI prennent un bâtiment aux Kurdes, ils sont obligés de laisser une dizaine de combattants pour le tenir, et l’armée américaine bombarde...

Il y a aujourd’hui trois options pour les djihadistes : l’une, se retirer pour éviter de continuer à perdre des hommes, mais ce sera alors une défaite sur le plan médiatique ;  la deuxième, c’est temporiser en attendant que Kobané ne soit plus au centre de l’actualité pour que la pression de l’aviation américaine diminue ; la troisième, c’est se maintenir à tout prix, et aborder un nouveau tournant dans la propagande. Car comment se fait-il que depuis des mois que l’armée américaine bombarde, ils n’aient pas réussi à repousser totalement les djihadistes hors de la ville ? L’EI peut jouer sur cela.

Pourquoi l’État islamique s’entête-t-il à vouloir prendre Kobané, alors qu’il y a déjà perdu beaucoup de combattants ?

C’est une question de prestige, pour dire qu’ils ne reculent jamais, qu’ils ne se retirent jamais du front. Par contre, il ne faut pas interpréter les récentes vidéos de décapitation comme une manière de contrebalancer leur stagnation sur le front à Kobané. À chaque fois qu’il y a des bombardements de la part des forces occidentales, ils « punissent » l’Occident en exécutant un otage occidental. C’est une pratique quasiment systématique chez eux, Kobané n’a rien changé à cela. Récemment, l’EI a subi des pertes en Irak, et les Américains ont commencé à parler d’envoyer des troupes au sol. C’est de mon point de vue la raison de l’exécution de l’ancien GI, Peter Kassig, qui était leur otage.

Comment analysez-vous le rapport de force sur le terrain, alors que la progression de l’État islamique apparaît stoppée ces derniers jours, avec notamment le recul enregistré à Baïji en Irak ?

Il faut être prudent : si vous m’aviez posé la question il y a dix jours, les combattants djihadistes se renforçaient dans la province irakienne d’Anbar. Il y a actuellement plusieurs fronts importants en Syrie : celui de Kobané, celui de Der-ez-Zor, à Alep bien sûr, mais aussi dans les déserts de Homs et Hama, où l’EI avance, puis recule. L’EI n’a pas encore été freiné de manière décisive, et a même progressé à Ramadi, qui est quand même le siège du gouvernorat d’Anbar.  
Je pense néanmoins que l’expansion de l’État islamique est désormais achevée, et qu’ils essaient de tenir et de consolider leurs positions. On est désormais sur des fronts plus stables.

En Syrie, quels sont leurs adversaires principaux ?

Essentiellement, les Kurdes et le régime syrien. L’EI a vaincu les rebelles partout où ils les ont combattus. Et puis, politiquement, il est dangereux pour les rebelles d’attaquer l’État islamique. C’est prendre le risque de passer pour un suppôt de l’Occident. Certains milieux rebelles très anti-EI continuent néanmoins à les combattre, ce sont de petits réseaux. Récemment, un chef syrien de l’EI de la région de Der-ez-Zor a pris une balle dans la tête suite à une action d’un réseau rebelle, mais il a survécu. Cela dit, personne en Syrie ne soutient les frappes américaines : comment soutenir des frappes contre des silos de blé ou des raffineries ?

«L’expansion de l’Etat islamique est désormais achevée»

Dans la nuit du 9 au 10 novembre, une groupe d’envergure, Ansar Bait Al-Maqdis, comportant plusieurs milliers d’hommes, a fait allégeance à l’EI islamique, dans une zone clé : le Sinaï égyptien. Quelles sont les conséquences de ce ralliement ?

Dans l’imaginaire djihadiste, le front du Sinaï est considéré comme un des fronts les plus prestigieux et les plus durs, parce qu’il s’agit de lutter à la fois contre l’armée égyptienne, soit la plus puissante armée arabe, et contre Israël. L’Égypte, c’est aussi le cœur du monde arabe. Ansar Bait Al-Maqdis est, avec Boko Haram, le groupe djihadiste le plus important parmi ceux qui n’étaient pas affiliés à Al-Qaïda. C’est donc dans la logique des choses qu’il fasse allégeance à l’État islamique. Si, après sa formation en 2012, ABM diffusait dans ses vidéos des discours du chef d’Al-Qaïda, ces discours ont peu à peu été remplacés par ceux d’Adnani, le porte-parole de l’EI. Cette année, pour l’Aïd El-Fitr, qui marque la fin de ramadan, l’un des chefs de ABM a diffusé une prière de soutien à l’EI.

Désormais, on peut considérer que l’État islamique dispose de sept branches, en Syrie, Irak, Arabie saoudite, au Yémen, en Libye, en Égypte et en Algérie. L’allégeance d’ABM est donc bien un tournant dans la lutte entre Al-Qaïda et l’État islamique.

Un bémol toutefois : dans un communiqué diffusé vendredi dernier, l’un des chefs d’Al-Qaïda dans la péninsule Arabique (Aqpa) s’est pour la première fois positionné de manière frontale comme l’EI, en estimant que l’EI avait semé le trouble au Levant et proclamé le califat sans consultation. Au Yémen, Aqpa était pourtant une cible de choix pour l’EI, et constituait la branche la plus proche. Et il n’est pas dit que l’on n’assiste pas prochainement à une importante crise du milieu djihadiste au Yémen, comme on l’a vu en Syrie.

Affirmer qu’Al-Qaïda appartient désormais au passé constitue donc selon vous une simple vue de l’esprit...

Tous les commandements des branches d’Al-Qaïda lui sont restés fidèles, même si la base du courant djihadiste est pro-État islamique, avec des différences notables. En Somalie, il ne s’est rien passé, mais en Algérie, Aqmi a fait scission, et une dissidence pro-EI s’est formée.

Quelles sont les divergences de fond entre Al-Qaïda et l’EI ?

Il y en a trois. Une divergence doctrinale d’abord : l’EI reproche notamment à Al-Qaïda d’être trop complaisant avec les chiites. La stratégie d’Ayman Az-Zawahiri est de frapper l’ennemi lointain, et non l’ennemi proche. Il ne souhaite absolument pas une guerre contre le chiisme, mais contre l’Occident. Il n’excommunie d’ailleurs pas les chiites de base, mais seulement les chefs. Cela s’explique aussi par le fait que Zawahiri a des liens avec les talibans, qui eux-mêmes ont des liens diplomatiques avec l’Iran. D’un point de vue idéologique, Al-Qaïda est donc plus inclusif, plus tolérant aussi envers les musulmans plus modérés.

Ensuite, il y a une différence de génération. D’un côté, la génération Ben Laden, pour laquelle la légitimité vient du djihad en Afghanistan contre les Soviétiques. L’EI, c’est la génération Zarqaoui, pour lesquels la référence, c’est le djihad contre les Américains en Irak. À 50 ans, on ne peut pas être un cadre d’Al-Qaida si l’on n’a pas fait le djihad en Afghanistan. Tandis que du côté de l’EI, rien ne s’oppose à ce que des anciens du Baas (le parti de l’ancien président irakien Saddam Hussein) intègrent la direction, à partir du moment où ils ont fait partie dès le début du djihad contre les États-Unis. De plus, l’EI maîtrise mieux internet et les moyens de communication, et c’est pour cette raison qu’il a ringardisé Al-Qaïda.

Enfin, l'autre élément, c’est le projet politique. Al-Qaïda veut remettre à plus tard l’établissement de l’État islamique, alors que l’EI le met immédiatement en pratique. L’EI est d’ailleurs passé à une autre étape, en demandant aux organisations qui ont fait allégeance de devenir des « wilaya » (provinces) de l’État, et d’abandonner leur nom d’organisation.

Avec l’essor de l’EI, a refait surface la théorie du complot liant les forces djihadistes au régime saoudien. Qu’en pensez-vous ?

C’est d’une bêtise sans nom. L’Arabie saoudite entretient des liens avec les groupes rebelles modérés, mais absolument pas avec l’EI. C’est même l’Arabie saoudite qui finance les groupes qui ont le plus attaqué l’EI. Il suffit de voir le dernier message d'Al-Baghdadi (le chef de l’EI), qui insiste pour que des opérations soient menées en Arabie saoudite contre la dynastie au pouvoir des Saouds. Ce pouvoir-là incarne le mal absolu pour les djihadistes. Entre eux, c’est la guerre totale. En outre, l’Arabie saoudite fait partie de la coalition pour les bombardements en Syrie et en Irak. Ce sont les services saoudiens qui essaient de trouver les cibles à frapper. Dès la guerre en Irak, les services de Riyad avaient aidé les Américains à infiltrer les forums djihadistes.
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